Aller au contenu principal

Syndicalisme
Élevage : lettre ouverte à Emmanuel Macron

Les présidents de la Fédération nationale bovine (FNB), la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) ainsi que la présidente de la Fédération nationale ovine (FNO) ont publié le 19 octobre, une lettre ouverte au président de la République sur la « durabilité » du modèle d’élevage français. Sous le titre “Durabilité & souveraineté ou libre-échange ? La France doit faire un choix”, ils rappellent au chef de l’État ses engagements, en particulier sur les clauses miroirs en matière de protection de l’environnement et de respect du bien-être animal. Voici les termes de cette lettre.

Élevage en « feedlots » de bovins dans l’État américain du Nebraska aux États-Unis. “Durabilité & souveraineté ou libre-échange ? La France doit faire un choix”
© Réussir

Monsieur le Président de la République,

Vous avez, à plusieurs reprises, dans vos discours, envoyé des signaux clairs et porteurs d’espoir aux éleveurs français.
En matière de souveraineté, d’abord, lorsque vous déclariez en 2020, à propos des leçons à tirer de la pandémie, que « déléguer à d’autres notre alimentation serait une folie ». Plus récemment, à propos de la durabilité de notre modèle d’élevage : quand vous décidiez de faire de la bataille des “clauses miroir” dans la politique commerciale communautaire l’une des grandes priorités de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Ces signaux, les producteurs de lait, de viandes bovines et de viandes ovines que nous représentons les ont entendus. Et ils ont décidé de prendre toute leur part dans ces combats de la souveraineté et de la durabilité en maintenant leur modèle de production familial en vie, bien souvent en l’absence de toute rentabilité économique et face à des aléas climatiques de plus en plus violents.
Souveraineté et durabilité. Voilà donc le cap que la France avait fixé, sous votre impulsion, pour son élevage. Voilà la vision politique, pour notre secteur, que nous avions tous accepté de porter.

Malheureusement, en quelques décisions ou déclarations récentes, ce cap a été brutalement détourné. Cette vision collective a été largement brouillée.
Ces décisions ou déclarations sont les suivantes :
- le plein soutien de la France à la conclusion de l’accord commercial entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande, qui acte l’ouverture du marché européen à droits de douane nuls ou réduits à plusieurs dizaines de milliers de tonnes de produits laitiers, viandes bovines et ovines et ce, sans que ces concessions commerciales ne soient conditionnées au respect des normes d’élevage européennes en matière de traçabilité, de bien-être animal ou d’utilisation des produits phytosanitaires ;
- le soutien réaffirmé de la France au Ceta, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada qui n’a toujours pas été soumis à l’approbation du Sénat, ainsi qu’à l’accord modernisé UE-Mexique prochainement soumis à la ratification des États membres au Conseil de l’Union européenne. Ces deux accords ouvrent, pourtant, de formidables opportunités commerciales sur le long terme aux élevages bovins ultra-industrialisés de ces pays sans aucune condition liée au respect des normes de production européennes visant à protéger la santé, l’environnement et le bien-être des animaux ;
- le soutien aux négociations engagées entre l’Union européenne et l’Australie, au travers desquelles une nouvelle fois, des contingents importants d’importation de produits laitiers, de viandes bovines et de viandes ovines pourraient être “troqués”, sans réelle conditionnalité, contre d’hypothétiques ouvertures de marché dans d’autres secteurs de l’économie européenne.
Enfin, le silence de la France, à Bruxelles, face à la tentative actuelle de la Commission européenne de modifier les règles de ratification de l’accord conclu avec les pays du Mercosur en scindant l’accord conclu avec le Mercosur – comme celui avec le Mexique - en deux parties distinctes est, là encore, perçu comme un signal contradictoire particulièrement inquiétant. Ne soumettre le volet “commercial” de l’accord qu’à un simple vote à la majorité qualifiée des États membres, pour contourner le vote à l’unanimité au Conseil de l’Union européenne et échapper à la consultation des parlements nationaux serait particulièrement choquant au plan démocratique.

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Président de la République, cette question qui semblait pourtant avoir été définitivement tranchée se repose aujourd’hui : en matière d’élevage, la France fait-elle encore le choix de la souveraineté et de la durabilité ? Ou a-t-elle, sans en informer ses éleveurs ni les consommateurs, radicalement changé d’orientation pour suivre finalement la voie d’une mondialisation ultra-libéralisée ?
Il y a là deux orientations opposées pour notre secteur qui, en aucun cas, ne pourront cohabiter. Et au regard de la baisse de production spectaculaire que subit actuellement l’élevage de bovins et d’ovins français, il nous semble urgent que la France et l’Europe puissent désormais arrêter un choix, s’y tenir et l’assumer.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération. •

Michèle Boudin, Présidente de la FNO, Bruno Dufayet, Président de la FNB, Thierry Roquefeuil, Président de la FNPL

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Union agricole

Les plus lus

Jean Puech d'Alissac.
"JA 76 aura le plaisir d'accueillir les Terres de Jim en 2025"

JA 76 a remporté il y a quelques semaines l'organisation des Terres de Jim 2025. Jean Puech revient sur la candidature du…

Une chasse aux œufs à la ferme du Chêne

Samedi 30 mars aura lieu une chasse aux œufs organisée par JA 76 à la ferme du Chêne à Allouville-Bellefosse.

Les opérations de communication sont lancées.
Rendez-vous les 1er et 2 juin au Comice de Forges-les-Eaux

Le Comice agricole a choisi le thème de la pollinisation pour sa 150e édition.

Un atelier de sophrologie animé par Myriam Seck a permis aux jeunes d’être sensibilisés aux techniques de relaxation dynamiques.
Prendre soin de son mental

Journée de sensibilisation MSA Haute-Normandie à la santé mentale auprès des jeunes du lycée agricole d'Yvetot.

Hervé Morin a découvert que Terre de Lin c'est aussi la création variétale, la production de semences, le peignage...
Terre de Lin accueille le président Morin

Hervé Morin a découvert les nombreux domaines d'activité de la coopérative Terre de Lin et sa volonté de soutenir la filière…

Les applaudissements, audibles depuis l'extérieur, témoignaient d'un enthousiasme collectif.
Concours de la journée installation agricole en Seine-Maritime

Le 28 mars dernier, s'est déroulé le concours de la journée installation agricole en Seine-Maritime, organisé par les Jeunes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 300 €/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Union agricole
Consultez le journal L'Union agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal L'Union agricole