Écophyto 2030 : bilan d'étape
Le Comité d'orientation stratégique (COS)* s'est réuni le 13 mai. Les ministres présents, entourés des membres du comité, ont dressé un premier bilan des actions menées. Objectif d'Écophyto 2030 : réduire les risques phytopharmaceutiques tout en préservant la souveraineté agricole et alimentaire et la biodiversité.
La réunion qui s'est tenue à huis clos a réuni pas moins de quatre ministres (Agriculture, Transition écologique, Santé, Enseignement supérieur) en présence des membres du COS, instance dont la composition a été publiée au JO du 10 mai dernier. Cette réunion de travail a dressé le bilan d'un an d'actions " après un changement de méthode ", indique-t-on au ministère de l'Agriculture.
Devant la fronde du monde agricole qui voit se multiplier les atteintes à ses modes de production, le gouvernement a décidé en mai 2024 d'accélérer les recherches d'alternatives et de développer les approches multipartenariales entre les différents instituts de recherche. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de l'objectif "une seule santé" (One Health). Cette nouvelle méthode s'est également accompagnée de la mise en place de nouveaux indicateurs, ou plutôt de l'alignement des indicateurs français (autrefois très restrictifs et peu réalistes) sur les indicateurs européens. Ce qui avait fait pousser des cris d'orfraie aux associations de protection de l'environnement. En conséquence le nombre de doses d'unités (Nodu) avait été remplacé par l'indicateur de risque harmonisé 1 (HRI-1). Le HRI1 rend compte de l'évolution des ventes de substances actives pondérées par un indice de toxicité des molécules.
Des indicateurs complémentaires (risques sur la qualité de l'eau, la santé humaine...) ont aussi été mis en service et 14 plans d'action ont été développés dans le cadre du Parsada** pour une enveloppe globale de 143 millions d'euros.
En progression
"Selon les résultats donnés au COS, le HRI-1 qui affiche le nombre de 64 a diminué de 36 %, en 2022 (derniers chiffres connus) par rapport à la période de référence 2011-2013, période de référence en base 100. Les chiffres de l'année 2023 devraient être connus dans le courant de l'été ", assure-t-on au gouvernement. " La France progresse moins rapidement dans l'atteinte des objectifs que la moyenne européenne ", précise le ministère. Pour l'ensemble des pays européens, la baisse est en moyenne de 50 % entre 2011-2013 et 2022. Les chiffres du Nodu que l'on peut qualifier d'indicateur "d'intensité" de traitement et qui calcule un nombre équivalent d'hectares traités à la dose de maximale, sont aussi en recul. De 5 % en passant de 93,9 millions d'ha en 2022 à 89,2 millions d'ha en 2023. Pour rappel, le Nodu était supérieur à 100 Mha en 2017. Les herbicides (54 %) constituent la majeure partie des substances actives détectées, devant les fongicides (26 %) et les insecticides (16 %). Des indicateurs complémentaires sont en cours de développement, notamment pour suivre les usages et les risques à travers les quantités de substances actives (QSA) et pour surveiller l'impact sur l'eau et la biodiversité (lire encadré). Le gouvernement entend régionaliser les HRI-1 " pour répondre aux problématiques identifiées au plus proche du terrain ". Il met également en place un indicateur sur la pression bioagresseur/contexte climatique et des indicateurs sur l'utilisation du biocontrôle. Il a aussi chargé l'Inrae d'étudier une possible amélioration de méthode de calcul du HRI1.•
* Comité d'orientation stratégique et de suivi du plan d'actions national pour une utilisation durable des produits phytopharmaceutiques dite Stratégie Écophyto 2030.
** Plan pour l'anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives de protection des cultures.