Dix ans et "on sème" encore chez Littoral Normand
Dix ans après sa naissance, 2025 sera l'année de la création de l'offre partenaire de Littoral Normand qui a tenu son assemblée générale le 5 juin dernier. Nom de code "On sème". Un programme qui sera présenté aux adhérents dans les prochains jours a précisé son président Thierry Hulmer.
Dix ans après sa naissance, 2025 sera l'année de la création de l'offre partenaire de Littoral Normand qui a tenu son assemblée générale le 5 juin dernier. Nom de code "On sème". Un programme qui sera présenté aux adhérents dans les prochains jours a précisé son président Thierry Hulmer.
"Un programme pour récompenser chaque année l'engagement des adhérents, basé sur le principe d'une remise sur les prestations de Littoral Normand qui sera déduite des factures en cours d'année". La création de l'offre partenaire Littoral Normand, lancée à l'occasion de son assemblée générale qui s'est tenue le 5 juin dernier, est applicable en 2025 sur la base du réalisé 2024. Dix ans après sa naissance officielle, Littoral Normand reste sur de bons rails. Logique puisque l'aventure a démarré par un échange informel dans un train. "Tout rapprochement passe par des hommes, de la confiance et une vision", a partagé Thierry Hulmer. "Une aventure humaine. Il faut partir par le bas pour que chacun trouve sa place", a rebondi Vincent Lemonnier, président délégué (76). "Ce qui a fait Littoral Normand, c'est la génomique. Avec elle, on pensait qu'il n'y aurait plus besoin de contrôle laitier ou de contrôle de performance", s'est souvenu Frédéric David, président délégué (14). Une aventure humaine dans laquelle un autre homme a compté. Il fallait transformer un syndicat en association tout en levant les risques fiscaux évalués à l'époque à 2 M€. Et c'est grâce à Bernard Cazeneuve, ministre délégué au Budget en 2013 et 2014, que l'écueil sera contourné.
Un coup de main politique reconnu et apprécié à sa juste valeur mais tel n'est pas toujours le cas. Et Thierry Hulmer d'exprimer ses regrets vis-à-vis d'une certaine prise de distance sur le dossier de l'agrivoltaïsme. "La Normandie ne doit pas être une terre atypique par rapport aux autres régions françaises. Il faut donner aux agriculteurs normands les mêmes règles que les agriculteurs bretons, des Pays de La Loire ou des Hauts-de-France". Regrettant que Littoral Normand n'ait pas pu apporter sa contribution sur la doctrine régionale agrivoltaïsme, un site démonstrateur sera mis en place à Missy (14) chez Frédéric David. Objectif : "faire évoluer cette doctrine".
Autre sujet d'irritation, la visite quelques jours après la galette des rois d'huissiers et d'avocats au siège de Caen et à Laval pour une perquisition sur fond de suspicion de plagiat. "Les élus ne doivent pas perdre la main même dans les grandes coopératives", voit rouge Thierry Hulmer.
Au-delà de ces quelques vicissitudes, le président de Littoral Normand qualifie 2024 "d'une année clémente avec des rendements en maïs qui se sont tenus" mais déplore un allègement des contraintes qui ne vient pas. "Nous connaissons des difficultés à faire passer des dossiers de modernisation de nos élevages en CDPenaf à cause de blocages à Paris mais aussi en local. Nos projets doivent être validés en six mois et non pas six ans".
Rebondir face aux marchés mondiaux
Autre moment fort de ces travaux, l'intervention de Diane Mordacq, chargée de projets et des relations adhérents au Club Demeter. Un Club qui fédère 88 entreprises et structures professionnelles, 20 établissements d'enseignement supérieur, 5 ministères et 13 organismes européens. Trois scénarios, "pas pour faire peur mais pour prendre de la hauteur", étaient proposés : plus d'export, plus d'import et le Covid sur le troupeau. Mais avant d'ébaucher diverses hypothèses, la réalité de quelques chiffres. Avec l'augmentation de la population qui se fera sur le continent Africain, à l'horizon 2050, la planète va consommer 50 % de viande, 70 % de produits laitiers et 70 % de blé supplémentaires. Autre tendance : "à partir de 2080, la population de plus de 65 ans va dépasser celle des moins de 18 ans. Elle aura besoin de produits riches en protéines et facile à mâcher. Les produits laitiers répondent à ces attentes". Au-delà de ces nouvelles bouches à nourrir, c'est l'animal de compagnie qu'il faut prendre en considération. Il consomme déjà 10 % de ce que nous consommons et son chiffre d'affaires "consommation" a grimpé en France de 5 % en 2004.
Troisième élément à prendre en compte, la concurrence entre l'alimentaire et la bioéconomie. "La sécurité alimentaire ne dépend donc pas que de la capacité à produire". Sans doute y aura-t-il de l'arbitrage, choisi ou à marche forcée, à faire. Dans cette perspective, la filière laitière française peut-elle tirer son épingle du jeu ? Elle est un des leaders (13 % des exportations mondiales) grâce à ses fleurons que sont Lactalis (numéro 1 mondial), Danone (no 4), Savencia (no 13) ou bien encore Sodiaal (no 16). Le hic, c'est que la France exporte dans des pays où la population va baisser. Parallèlement, certains pays jusqu'alors non producteurs de lait s'y mettent. C'est le cas du Qatar avec Baladna, la plus grande ferme du monde avec 94 000 têtes. En plein milieu du désert, elle produit 1,2 milliard de litres par an qu'elle transforme en plus de 200 références laitières. Elle a signé un accord avec l'Algérie pour un projet à 250 000 vaches et est en pourparlers avec l'Égypte ou bien encore la Malaisie. On peut certes s'interroger sur la durabilité d'un tel système, notamment vis-à-vis de la ressource en eau, mais en attendant et s'il n'a pas vocation à pénétrer les linéaires hexagonaux, ce sont des parts de marché à l'export que la France va perdre.
Alors le mot de la fin pour Thierry Hulmer : "la France n'est pas au centre du monde, ce n'est qu'une partie de la banlieue. On a besoin encore plus d'Europe et de jeunes qui s'engagent dans nos organisations agricoles".•