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Désherbage du maïs : quand 2e passage rime avec binage

Le maïs est une culture sensible à la concurrence des adventices jusqu’au stade 10-12 feuilles (fermeture de l’inter-rang). Il existe différentes stratégies de désherbage tant en début de cycle qu’en rattrapage permettant de gagner en efficacité. Et si cette année vous testiez l’association du désherbage mécanique au désherbage chimique ?

Le binage, suivi d’un temps sec, déchausse les adventices entre les rangs et recouvre celles situées sur le rang.
© CRAN

Mécanique et chimique : une combinaison efficace

Avec des printemps plus secs, les plages climatiques pour réaliser du désherbage mécanique sont plus nombreuses. A contrario, l’efficacité des herbicides racinaires réclamant un sol humide peut devenir moins bonne. Sur une culture sarclée comme le maïs, la combinaison du binage après un premier herbicide en plein ou sur le rang s’avère souvent gagnante.
Trois essais conduits par les Chambres d’agriculture de Normandie entre 2021 et 2022 dans l’Eure et dans l’Orne ont montré qu’en présence forte de ray-grass, peu de programmes entièrement chimiques présentent un niveau de désherbage satisfaisant. Ces mêmes essais combinant herbicides associés au binage démontrent un gain d’efficacité de l’ordre de 20 à 25 %.

Une fenêtre météo sèche

La condition de réussite du binage est simple : il convient de pratiquer sur un sol ressuyé facilitant l’émiettage de la terre et de bénéficier de deux à trois jours de temps sec pour éviter la reprise des adventices. Malgré le temps pluvieux du printemps 2021, des créneaux pour désherber mécaniquement ont pu être trouvés dans les différents secteurs normands.
Sur parcelles à forte pression ray-grass, il est préférable d’envisager un premier binage suffisamment tôt, avant que l’adventice ne soit trop développée. En cas de présence de liserons, cette technique est déconseillée car elle peut favoriser la multiplication de l’adventice par repiquage. •
 

Éric Chanu, agriculteur dans l’Eure

Depuis plus de 15 ans, je pratique le désherbage sur rang et le binage en inter-rang

Pourquoi avez-vous choisi de développer ces pratiques sur votre exploitation ? Qu’est-ce qui vous a influencé vers un changement de pratique ?
« J’ai eu l’opportunité de rentrer dans une Cuma de desherbinage. J’ai trouvé que ça permettait de limiter l’apport de produits phytos et les coûts de désherbage. Aujourd’hui je ne traite qu’un tiers de la surface. La technique aujourd’hui utilisée me permet de désherber correctement. Je ne mets rien au semi et je ne fais qu’un desherbinage et le nombre de binages nécessaire pour que ce soit propre. Et pourtant, le ray-grass est résistant. On ne sait pas encore l’enlever dans les céréales. »
 
Vous êtes situé en secteur sensible au transfert des produits phytosanitaires dans l’eau. Est-ce pour vous un bon compromis entre efficacité de désherbage et protection de la ressource en eau ?
« Une partie de la faune est sur un captage. C’est un facteur qui m’a incité à poursuivre mon changement de pratiques, même si la démarche était enclenchée bien avant. »
 
Cette technique est-elle répandue dans les exploitations proches de chez vous ?
« Je suis le seul dans mon secteur à utiliser ces techniques. Mes collègues utilisent encore du S-métolachlore. Parfois certains viennent voir comment je fais mais c’est assez rare. C’est tellement simple de traiter que les collègues traitent. Là où je suis, il y a très peu de maïs de fait donc les collègues traitent leur maïs comme les légumes, essentiellement en S-métolachlore. On est sur un secteur où il y a beaucoup de cultures diverses (céréales, colza). J’utilise les mêmes techniques que sur le colza : je sème le colza à cinq ans et je bine ou je désherbine. Souvent le binage suffit. Les résultats sont un peu moins réguliers que sur le maïs parce que comme je le disais, le ray-grass est très résistant.
À aucun moment je n’ai modifié mon assolement, il n’y a pas de raison de le changer. Quand on est dominé par le ray-grass, on sort la charrue et on fait deux cultures de printemps. »
 
La crainte de ce type de désherbage pourrait être un coût plus élevé. Avec votre recul, qu’en est-il ?
« J’ai eu la chance d’avoir une subvention sur le matériel. En ce qui concerne le maïs, j’ai eu 60 % de subvention. Depuis le temps que je fais du maïs et que je ne mets qu’une dose de référence IFT de 0,6, le matériel est vite rentabilisé. Le coût du gasoil de la bineuse dépend du nombre de passages que l’on fait mais ce n’est vraiment pas bloquant. Cela m’arrive de traiter en fonction des conditions mais sur 20 ans, je n’ai traité que deux fois. »
 
Quels conseils donneriez-vous à un producteur de maïs qui souhaiterait se lancer dans ce type de désherbage ?
« La meilleure solution, c’est d’investir dans du matériel. Après, on apprend avec le temps. Il faut faire un binage très tôt, il faut intervenir sur du maïs à 4 feuilles. Sur graminée, un binage ne marche que si ce n’est pas trop implanté. On ne peut pas biner, sinon la bineuse ne rentre plus. Je passe la herse étrille juste après le semis, deux-trois jours avant que ça lève afin de limiter le ray-grass à hauteur de 80 %. Un conseil que je donne : acheter une bineuse avec guidage caméra, pour biner beaucoup plus vite et beaucoup plus profond. Avec ça et un passage de herse étrille, je pense que j’aurais pu ne pas désherber du tout. »
Il y a donc de nombreux avantages. Il est étonnant que vous ne soyez pas copié ?
« Je peux comprendre aussi, cela demande beaucoup plus de temps et de disponibilité, à peu près une heure par hectare de plus que les techniques conventionnelles, ce qui fait beaucoup. »
 
Quelles difficultés/aides avez-vous rencontrées pour vous équiper ?
« C’est très compliqué de faire un investissement autour du désherbage mécanique. Il y a l’investissement sur la bineuse, mais aussi un investissement tracteur. C’est devenu tellement technique le binage qu’il faut toujours que ce soit la même personne qui dirige le tracteur. Moi, je sème et je désherbe. Mais qu’on le veuille ou non, dans l’avenir, tout le monde aura une bineuse. Au vu de la pression sur les phytos, on sera tous équipés de matériels de désherbage mécanique. »
 
Ces équipements vous servent-ils sur d’autres cultures ?
« Ce désherbage mixte, je l’utilise aussi sur les céréales mais ce n’est pas suffisant. J’ai investi sur une bineuse de 25 cm puis une seconde de 12,5 cm, mais je n’en suis qu’aux essais. Pour l’instant, je n’ai fait que du rattrapage sur des parcelles qui étaient très mal désherbées. J’ai aussi testé sur du lin, j’ai eu 60 % d’efficacité. Ce n’est pas assez pour les graminées. »
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