Tribune
Demain, des rayons vides si la production alimentaire n’est pas préservée !
La très forte remontée des prix européens de marché du gaz et de l’électricité et la quasi-rupture des livraisons de gaz à l’Europe par la Russie induit un choc de compétitivité au sein des secteurs économiques utilisateurs d’énergie. Ce contexte inquiétant a poussé l’Area Normandie et la Chambre régionale d’agriculture de Normandie à réclamer des mesures d’urgence.
La très forte remontée des prix européens de marché du gaz et de l’électricité et la quasi-rupture des livraisons de gaz à l’Europe par la Russie induit un choc de compétitivité au sein des secteurs économiques utilisateurs d’énergie. Ce contexte inquiétant a poussé l’Area Normandie et la Chambre régionale d’agriculture de Normandie à réclamer des mesures d’urgence.
Nous sommes dans une situation d’urgence, qui nécessite des mesures d’urgence ! C’est pourquoi l’Area Normandie et les Chambres d’agriculture de Normandie tirent la sonnette d’alarme.
À court terme, la perspective d’un rationnement, voire d’une coupure d’approvisionnement est juste inenvisageable pour les acteurs de la filière agroalimentaire (agriculteurs, producteurs fermiers, pêcheurs, entreprises de transformation, fournisseurs d’emballages…) qui doivent pouvoir maintenir leur production afin d’assurer leur mission d’intérêt général : celle de nourrir la population ! L’utilisation de gaz et d’électricité sont en effet indispensables à la production agricole, aux process de fabrication agroalimentaire, à la sécurité des aliments et aux process de transformation et de conservation de matières premières vivantes et périssables.
À cela s’ajoute la flambée du coût de l’énergie. Les tarifs des contrats d’énergie s’envolent, avec un prix de l’énergie 20 fois plus élevé pour le gaz et 10 fois plus pour l’électricité qu’avant la crise énergétique. Toutes les entreprises, quelles que soient leur taille et leur typologie, sont sous pression à l’heure actuelle, avec des distorsions de concurrence inacceptables entre entreprises selon les contrats. Les enquêtes (nationales réalisées par l’Ania, et territoriales réalisées par l’Area Normandie) conduisent au même constat : les hausses de prix de l’énergie impactent très fortement les entreprises dont la part de l’énergie dans le chiffre d’affaires explose : avec, à court terme, des problèmes de trésorerie, à moyen terme, des projets d’investissement abandonnés et à plus long terme, une remise en question de la pérennité de l’activité, notamment dans les TPE/PME qui forment le cœur de notre tissu agroalimentaire régional.
Une problématique énergétique qui vient fragiliser encore davantage une filière agroalimentaire régionale (forte de 100 000 emplois) déjà prise en étau entre la nécessité d’une juste rémunération des agriculteurs et des pêcheurs et la guerre des prix que se mènent les distributeurs : un contexte qui ne permet pas à nos entreprises agroalimentaires de répercuter les hausses liées à l’inflation de leurs matières premières tant agricoles qu’industrielles. Sans parler de la logistique : l’espoir d’une solidarité de la part des transporteurs vis-à-vis du secteur agroalimentaire est anéantie par l’annonce de hausses prévues à plus de 10 % !
Si la sobriété est une nécessité partagée par tous, l’Area Normandie rappelle que les entreprises alimentaires ont bien conscience de leurs responsabilités et sont déjà engagées de longue date dans une logique globale de décarbonation et de réduction de leur consommation d’énergie, tant d’ailleurs pour des raisons économiques qu’environnementales, dans la trajectoire du plan Climat. En témoignent les nombreuses démarches individuelles des producteurs et des entreprises, ainsi que les projets collectifs menés à cet effet par les acteurs de l’écosystème régional. Mais force est de constater que ces efforts ne suffiront pas, au regard de l’envolée vertigineuse des prix !
Par conséquent, nos demandes (voir encadré ci-dessous) sont les conditions à réunir pour que nos entreprises ne stoppent pas leur production !
Nourrir la population, avec des produits français et de qualité : c’est tout l’enjeu de maintenir une filière alimentaire compétitive et résiliente, dans un contexte où le défi est celui de notre souveraineté alimentaire ! •
Le plafonnement du prix du gaz et de l’électricité, dans un cadre de fonctionnement équitable européen (il en va de la compétitivité de notre filière).
Des mesures d’urgence pour les entreprises actuellement impactées et notamment :
- un assouplissement renforcé des conditions d’éligibilité de l’aide aux entreprises “énergointensives” ;
- une réévaluation du taux de cette aide, qui ne rembourse qu’une fraction très réduite du surcoût énergétique (coût éligible) ;
- la prise en compte de toutes les énergies (chaleurs vapeur, butane/propane, GNR, hydrogène…) ;
- un alignement des critères français sur le cadre européen, pour éviter toute distorsion de concurrence ;
- une simplification administrative du dépôt permettant davantage de réactivité (pour le dépôt comme pour son instruction et pour le versement de l’aide) ;
- et enfin une prolongation de l’aide sur 2023.