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Cultures
Colza : pour une bonne gestion de son désherbage

Le désherbage de prélevée est souvent incontournable, notamment dans la gestion des graminées contre lesquelles la post-levée ne suffit pas toujours. Mais de nombreuses questions se posent. Comment mieux réussir cette intervention et quel est l’optimum technico-économique si l’on souhaite limiter l’investissement au semis ?

Les infestations de vulpins et de ray-grass progressent encore et deviennent une cible prioritaire dans les systèmes de culture. Les fortes infestations peuvent, en début de cycle, limiter la biomasse de la culture pourtant nécessaire au bon comportement de la plante face aux larves d’altises. En complément de tous les leviers agronomiques connus à l’échelle de la rotation et incontournables (rotation avec des cultures de printemps, faux-semis, labour occasionnel), il est impératif, en colza, de bien mesurer les enjeux techniques, économiques et environnementaux liés à la gestion des graminées.

Des efficacités sur graminées de moins en moins performantes

L’utilisation de la spécialité Mozzar/Belkar en post-levée a globalement réglé les problèmes de dicotylédones, en particulier les fortes infestations de géraniums et de gaillets. Ce choix permet aussi de désinvestir sur la prélevée, décision d’autant plus motivée par les risques de sécheresse qui peuvent engendrer un retournement de la culture.
Les conditions de sols secs ont orienté les producteurs vers la post-levée précoce avec des produits de prélevée tels que Novall ou Alabama appliqués au stade cotylédons à première feuille.
Dans les deux cas, la lutte contre les dicotylédones gagne en efficacité. Mais tout comme une prélevée en conditions sèches début août, la gestion des graminées fait défaut, malgré les applications de propyzamide qui se retrouve appliquée à l’entrée de l’hiver.
En effet, une prélevée défaillante c’est faire reposer plus encore l’action graminicide sur la propyzamide (Kerb Flo, etc.) avec de potentielles insatisfactions et des impacts sur la qualité de l’eau que l’on veut les plus limités possibles.
Si la post-levée précoce maintient un bon niveau d’efficacité contre le vulpin, à condition que l’herbicide soit à base de métazachlore et que l’application soit réalisée début septembre, il en est tout autrement contre le ray-grass. En effet, cette graminée lève très tôt, en même temps que le colza. L’action racinaire et anti-germinative de l’herbicide décroche alors sur des mauvaises herbes en cours de levée.
Les antigraminées foliaires sont principalement employées contre les repousses de céréales (en application précoce vers 2-4 feuilles du colza) ou de folle-avoine. L’utilisation sur ray-grass et vulpins est une solution, quand elle fonctionne encore. Elle doit être exceptionnelle (rattrapage d’une prélevée défaillante) afin d’éviter que la résistance s’installe. Dans ce cas et pour réduire ce risque, appliquez ensuite un herbicide à base de propyzamide (type Kerb, Ielo, etc.). Les herbicides à base de cléthodime (Centurion, Ogive Vxt, Foly R, etc.) sont un peu moins impactés par la résistance.

La prélevée en conditions sèches

Il faut rappeler que la napropamide (Colzamid, etc.) en présemis incorporé est de loin la solution la plus efficace contre les vulpins et les ray-grass.
Dans les herbicides de prélevée seuls, les chloroacétamides offrent une action contre les graminées : métazachlore, dimétachlore, dmta-P et péthoxamide. En prélevée et contre les vulpins, un produit à base de métazachlore est incontournable (Novall, Alabama, Rapsan Tdi, Sultan, etc.) (voir figure 1).

L’efficacité des programmes

Lorsque les conditions d’humidité du sol sont favorables à l’efficacité des herbicides racinaires (pluies durant l’été avant les applications, éventuellement pluies après l’application), les essais de Terres Inovia montrent que les infestations de vulpins et ray-grass sont réduites de 50 à 80 %. En revanche, lorsque les conditions sont sèches (avant, comme après l’application), les efficacités décrochent nettement et sont comprises entre 10 et 40 %. Alors comment faire pour optimiser l’efficacité de ces solutions ?
Pour lutter contre les vulpins, la prélevée à base de métazachlore peut être dépositionnée en post-levée précoce du colza (colza au stade cotylédons qui commence à marquer le rang) et en prélevée des vulpins, c’est-à-dire début septembre. Dans les essais conduits en 2021 et 2022, le décalage de l’application permet de gagner 20 à 30 points d’efficacité sur vulpins.
Pour lutter contre les ray-grass qui lèvent en même temps que le colza, la situation est plus délicate. Le dépositionnement de la prélevée vers une période plus humide est donc plus périlleux. Au mieux, même si les semis ont été réalisés début août en condition sèche, on attend le retour des pluies pour appliquer l’herbicide de prélevée (rapidement avant les germinations du colza et du ray-grass). L’herbicide est alors plus efficace et plus persistant.

Réglementation et qualité des eaux

Depuis avril 2021, les conditions d’usage du métazachlore limitent cette substance active à une application maximale de 750 g/ha tous les quatre ans ou une application maximale de 500 g/ha tous les trois ans. Le calcul se fait à partir des semis de colza en 2021.
La détection de substances actives comme par exemple métazachlore, dimétachlore, propyzamide ou de leurs métabolites dans les eaux est préjudiciable à toute la filière colza. Du prescripteur à l’utilisateur, chacun est responsable pour garantir la durabilité de ces solutions hautement stratégiques dans la lutte antigraminées notamment. Pour en bénéficier demain, il est indispensable de respecter des bonnes pratiques d’utilisation adaptées au contexte local (voir www.terresinovia.fr/-/les-strategies-herbicides-pour-le-colza).

Limiter l’investissement au semis

Face à des incertitudes sur l’implantation de la culture (levées tardives et attaques précoces d’altises adultes), on peut être tenté de faire l’impasse de prélevée pour n’investir dans les herbicides qu’une fois que l’on diagnostique la réussite de l’implantation (levée régulière avant le 5-10 septembre). Ceci est très facile contre les dicotylédones, avec Mozzar en post-levée notamment. Cependant, l’impasse n’est pas conseillée en moyenne ou forte pression des graminées. Il faut donc maintenir une application de prélevée mais il est possible d’optimiser son application. Comme citée précédemment, la post-levée précoce n’est envisageable que dans la lutte contre le vulpin.
Limiter l’investissement au semis, c’est choisir un herbicide de prélevée (ou Colzamid en présemis incorporé) très basique mais qui reste optimale dans la lutte contre les graminées. Les solutions à base de métazachlore (Sultan, Rapsan, Springbok) ou de dimétachlore (Terox, Colzor Uno) seront privilégiées sur ray-grass. Sur vulpins, il est préférable de rester sur des solutions à base de métazachlore. Le coût sera alors compris entre 30 et 45 euros/ha. La suite de l’investissement sera réalisé une fois l’implantation réussie, contre les repousses de céréales, les dicotylédones ou pour “terminer ” le contrôle des graminées avec la propyzamide (Kerb Flo, etc.).
Les différentes stratégies sont résumées dans le tableau ci-contre (voir figure 2).

Maintenir des bonnes conditions d’efficacité de la propyzamide

Cette année, de nombreuses insatisfactions sur l’efficacité de la propyzamide sont remontées. La première question posée est celle de la résistance. Mais dans les faits, aucune population de vulpins ou de raygrass résistants à la propyzamide n’a été découverte en grandes cultures. Les monitorings réalisés par les firmes vont également dans ce sens. Les défauts d’efficacité s’expliquent le plus souvent par des populations plus nombreuses et plus développées (chevelu racinaire dense, enracinement profond) au moment de l’application de la propyzamide en entrée d’hiver.
Pour optimiser l’efficacité de la substance active, l’application doit se faire en conditions de sol humide et fraîches (température du sol < 10 °C) sur les mois de novembre (préférentiellement) voire décembre au maximum, et sur des adventices peu développées. Il est préférable d’éviter les applications avant des précipitations importantes pour limiter l’impact sur la qualité de l’eau. Enfin, il faut savoir être patient car l’efficacité de la propyzamide est une course de fond. L’efficacité se juge trois mois après l’application. Dans un souci réglementaire, comme dans un souci de qualité des eaux, l’application unique est la règle de base.

 

Rappel de la réglementation

Dans son instruction technique du 27 mai 2021 intitulée “Vademecum du contrôleur”, la DGAL écrit l’instruction suivante : « La dose et le nombre maximal d’applications s’appliquent à toutes les spécialités commerciales dont la composition est strictement identique. Sauf cas particulier (), cet usage cumulé de phytopharmaceutiques contenant une même substance active conduit à un dépassement de la dose maximale d’application autorisée et n’est donc pas permis. »
Ce qui veut dire qu’il est interdit d’appliquer successivement deux produits à base de propyzamide même si ces produits ont un numéro d’autorisation de mise sur le marché différent (ex : Kerb Flo puis Barclay Propiz). •
 

 

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