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Christiane Lambert fait du dialogue avec les consommateurs un axe fort

Elue le 13 avril par le conseil d'administration, Christiane Lambert est la première femme à prendre la présidence du syndicat.

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« Pendant longtemps on (la FNSEA, NDLR) a regardé les autres syndicats faire des alliances en se disant  : eux, ils parlent à l'opinion, nous, on parle aux agriculteurs. Sauf que l'opinion est plus nombreuse que les agriculteurs et qu'elle influence beaucoup plus les décideurs politiques », estime Christiane Lambert.
© Actuagri

Il faut en finir avec « le dogme des prix bas », déclarait en  substance Christiane Lambert. Car c'est ce dogme, partagé par les politiques, qui coûte aux agriculteurs et leur fait perdre toute rentabilité. Mais pour cela il faut convaincre le consommateur que, lorsqu'il demande à l'agriculture de respecter l'environnement, le bien-être animal, il ne faut pas en même temps choisir les plus bas prix ou se tourner vers les produits alimentaires importés. C'est là toute la démarche décrite par la nouvelle présidente de la FNSEA qui fait de ce dialogue avec le consommateur un des axes forts de son mandat. 
Travail collégial
La nouvelle équipe de la FNSEA, et notamment Henri Brichart qui a en charge ce dossier, a aussi estimé qu'il fallait accepter de décider d'une réforme de la Pac  plus tard que prévu (2020) si c'était nécessaire pour réaliser « une bonne réforme ». D'autant qu'il y a des inconnues comme l'impact du Brexit sur le budget. En tout cas, expliquait Henri Brichart, « il faut un bon projet pour la Pac et de ce projet doit découler un bon budget ». La nouvelle présidente, de fait, annonce clairement qu'elle veut travailler en équipe. Une équipe qui n'est pas fondamentalement changée par rapport à la précédente. Elle a pris tout son temps pour la présenter le 13 avril, s'amusant à intituler G7 les sept principaux membres de sa « garde rapprochée ».  La présidente de la FNSEA a aussi insisté sur le fait qu'elle travaillera en s'appuyant sur les organisations qui font partie du réseau FNSEA (Afdi, Trame, Solaal, Vivea, Ifocap, centres de gestion) ainsi que sur les 31 associations spécialisées. Sans oublier les commissions de la FNSEA et la commission syndicale. Plus largement, la nouvelle équipe n'exclut pas de prendre des positions communes avec les deux autres syndicats agricoles représentatifs, comme ce fut le cas sur l'élevage et la viande au dernier salon de l'agriculture. Dialogue avec le consommateur, travail collégial... tout en se mettant sur les voies de son prédécesseur Xavier Beulin (redonner des perspectives économiques aux agriculteurs, travailler sur la réduction des charges, créer de la valeur et la ramener à l'agriculteur, s'appuyer sur des filières solides...), Christiane Lambert s'efforce aussi de marquer le début de son mandat par une sensibilité personnelle.

Zoom sur...

Le bureau de la FNSEA
Voici la composition du bureau de la FNSEA : présidente :  Christiane Lambert (49) ; secrétaire général  :  Jérôme Despey (34) ; - premier vice-président : Henri Brichart (02)  ; deuxième vice-président : Henri Biès-Péré (64) ; secrétaires généraux adjoints :  Daniel Prieur (25),  Eric Thirouin (28),  Patrick Bénézit (15) ;  trésorier :  Philippe Pinta (02)  ; vice-présidents :  Thierry Coué (56),  Etienne Gangneron (18),  Joël Limouzin (85),  Luc Smessaert (60),  Jérôme Volle (07) ; membres  :  Dominique Fayel (12),  Hervé Lapie (51),  Arnaud Rousseau (77), Jérémy Decerle (71), Jacqueline Cottier (49),  Guy Jacob (27),  Robert Verger (69),  Eric Lainé (51),  Arnold Puech d'Alissac (76), Daniel Peyraube (40),  Marie-Thérèse Bonneau (85), Bruno Loillier (51),  Pascal Cormery (37).

Le profil professionnel des administrateurs de la FNSEA
Quelques chiffres concernant les administrateurs du syndicat :   16 % de femmes,  84 % d'hommes ;  74 ha en moyenne par actif exploitant ; 90,6 % sont engagés  en forme sociétaire ; 78 % des administrateurs emploient un ou plusieurs salariés ; 72 % des administrateurs sont membres de Cuma ;
47 % des administrateurs accueillent le public sur  leur exploitation ; 25 % font de la vente directe. Répartition par productions :  25 % en grandes cultures ;
32 % en polyculture-élevage ; 18 % en cultures spécialisées ; 25 % en élevage ; 7 % sont spécialisés en bio,  53 % sont engagés dans  des démarches qualité, 
31 % produisent sous signe de qualité,  17 % produisent de l'énergie, 74 % sont engagés dans  des actions en faveur de l'environnement. 

« J'ai souffert très jeune de cette image négative de l'agriculture »

Christiane Lambert l'admet sans détour : elle est  une grande émotive.  « Ça se manifeste sous forme de boule au ventre et  des frissons... Des émotions qui vous prennent le corps tout entier », confie-t-elle. « On m'a dit qu'il fallait  que je me forge une carapace, mais moi je n'en veux pas ». Cette émotivité, Christiane Lambert en fait finalement une force. Et ce sont  ses expériences passées,  ses ressentis et les souvenirs concrets qu'elle a gardés depuis l'enfance qui semblent aujourd'hui encore expliquer son action de syndicaliste. Alors qu'elle avait 10 ans  à peine, Christiane Lambert se souvient des « quolibets  de la part des copains d'école et des critiques des voisins » lorsqu'ils ont appris que  ses parents souhaitaient monter un projet  de porcherie. Des réactions qui affectent l'enfant  qu'elle est alors ; elle qui  a « choisi à 8 ans d'être  agricultrice » et qui n'a par  la suite « jamais dévié ». Quelques années plus tard, lorsque Christiane Lambert annonce à ses professeurs qu'elle veut devenir agricultrice, ceux-ci ont souvent tenté de la dissuader. 
« J'avais de bons résultats  à l'école, du coup on me disait  : tu ne devrais pas faire agricultrice, tu devrais faire autre chose », comme si  ce métier était réservé  « aux derniers de la classe ». « Moi j'ai souffert très jeune  de cette image négative  de l'agriculture », avoue Christiane Lambert.  Et quand, à 19 ans, elle  se rend chez le banquier pour emprunter de quoi acheter  24 hectares de terres pour s'installer dans le Cantal,  à côté de l'exploitation  de ses parents, il lui répond qu'« une jeune fille qui  s'installe à 19 ans n'est pas  un élément sûr, stable et  sécurisant ».  Autant d'expériences  qui donneront à Christiane Lambert une furieuse envie de montrer que l'agriculture est « un métier noble, technique et qui mérite  plus de reconnaissance ». 

Mettre un terme au : « une émotion, une législation »
Au-delà du besoin viscéral qu'elle a de défendre  ce métier qui la passionne, Christiane Lambert  s'aperçoit, au fur et à mesure de sa vie de syndicaliste,  que redorer l'image de  l'agriculture est aussi  un levier stratégique  aux niveaux politique  et économique. « Nos leaders politiques, imprégnés  d'une communication  négative contre l'agriculture, prennent des décisions et durcissent la réglementation », constate Christiane Lambert.  Ces nouvelles règles sont porteuses de « surcoûts ou de manque à gagner et assez souvent de distorsions  de concurrence avec les autres pays ». Les réglementations en matière de produits phyto (néonicotinoïdes), bien-être animal (caméras dans les abattoirs), en sont l'exemple. Communiquer sur l'image  de l'agriculture, ça n'est pas seulement «se faire  reconnaître et se faire  plaisir. C'est un enjeu politique », estime Christiane Lambert qui remarque  qu'à l'heure actuelle,  les élus suivent le modèle  du « une émotion,  une législation ». La FNSEA a mis peut-être trop de temps à s'apercevoir de cet enjeu, estime  sa nouvelle présidente. « Pendant longtemps on  (la FNSEA, NDLR) a regardé les autres syndicats faire  des alliances en se disant : eux, ils parlent à l'opinion, nous, on parle aux agriculteurs. Sauf que l'opinion est plus nombreuse que les agriculteurs et qu'elle influence beaucoup plus les décideurs politiques ».

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