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Arnaud Rousseau, un candidat qui doit rassembler

Unique candidat à la présidence de la FNSEA, Arnaud Rousseau doit avant tout convaincre en réunissant un bureau équilibré, notamment vis-à-vis du monde de l’élevage. Attendu au tournant, le Seine-et-Marnais, à la tête d’Avril et de la Fop (oléoprotéagineux), semble avoir reçu le message.

© FNSEA

Dans les sphères parisiennes ou les filières végétales, tout le monde connaît l’unique candidat à la présidence de la FNSEA qui a tenu son congrès électif ces trois derniers jours à Angers. Ce n’est pas forcément le cas dans le Cantal, terre de montagne et d’élevage : « Chez nous, tout le monde ne le connaît pas, lâche le président de la FDSEA Joël Piganiol. Nos adhérents nous demandent parfois qui il est. » D’où l’intérêt de la tournée qui a récemment vu M. Rousseau sillonner la France, du Finistère aux Alpes-de-Haute-Provence, de la Somme au Rhône, en passant par la Bourgogne-Franche-Comté, le Loiret ou les Deux-Sèvres.
Arnaud Rousseau, donc, est céréalier à une quarantaine de kilomètres à l’est de Paris, à Trocy-en-Multien (Seine-et-Marne). Il y cultive du colza, des protéagineux, du blé, de la betterave et du maïs. 
Âgé de 49 ans, le cultivateur est aussi à la tête de la Fop – l’association spécialisée des producteurs d’oléoprotéagineux de la FNSEA – et du groupe Avril, le leader français des huiles végétales. Deux mandats qu’il endosse en 2017, l’année où Christiane Lambert devient présidente de la FNSEA après le décès brutal de Xavier Beulin. Entre les deux hommes, la ressemblance des profils est frappante… quoique. Études supérieures commerciales, expérience à l’étranger, ancien militaire de réserve : peu de responsables agricoles peuvent se targuer d’un parcours aussi éclectique que celui d’Arnaud Rousseau. De son côté, Xavier Beulin avait dû reprendre la ferme familiale à 17 ans, arrêtant les études à la suite de la disparition de son père.

Expérience internationale

Dans l’ouverture d’Arnaud Rousseau à l’international, son cursus à l’European Business School de Paris est fondateur. C’est durant ses études qu’il passe « six mois à Munich dans une société allemande de semences », avant de rejoindre Londres « comme stagiaire chez le caviste Nicolas », apprend-on dans un portrait paru dans Les Échos. Après des expériences « dans plusieurs structures parisiennes, y compris l’Union nationale des coopératives agricoles » (devenue depuis InVivo), il retourne en 2002 à la ferme de Trocy, dans la famille depuis six générations. Il ne lui faudra que quelques années avant de s’engager professionnellement et syndicalement : en 2005, il devient administrateur d’Avril et de la Fop. Neuf ans plus tard, il devient aussi maire de sa commune de Trocy-en-Multien (235 habitants) – encore une tradition dans la famille.
Est-ce son passé militaire ? À en croire Joël Limouzin, membre du bureau de la FNSEA, Arnaud Rousseau est « bosseur » et « rigoureux ». « Il sera exigeant, comme l’a été Christiane (Lambert, NDLR) envers elle-même, les salariés et ses collègues », ajoute l’éleveur vendéen. « Mais il saura aussi déléguer. » Quant au président de la FRSEA Bourgogne-Franche-Comté, Christophe Chambon, qui a reçu le candidat « à sa demande » le 16 février, il voit en M. Rousseau un « très bon orateur, visionnaire ». « Ça n’apparaît peut-être pas comme ça, mais Arnaud a aussi le sens de la convivialité », glisse Joël Limouzin.
Au-delà de la personnalité d’Arnaud Rousseau, le réseau de la FNSEA attend surtout de découvrir l’équipe avec qui il compte diriger la “grande maison”. Avec une interrogation lancinante depuis l’annonce de sa candidature : quelle sera la place de l’élevage ? Pour Christophe Chambon, « ce qui rassurera ou inquiétera le monde de l’élevage, c’est la composition de son bureau et l’équilibre au sein de l’équipe ». L’élu régional se dit « attentif à deux critères : le maintien des filières sur l’ensemble des territoires, ce qui passe par une équipe renouvelée qui respecte l’équilibre entre productions et territoires ».

Répondre aux inquiétudes

Se sachant attendu au tournant, Arnaud Rousseau a déjà promis, dans un courrier envoyé au réseau fin 2022, de rassembler une équipe « forte de sa diversité, représentative de toutes nos agricultures ». Le candidat semble encore jouir du bénéfice du doute. Après avoir reçu M. Rousseau début février, le président de la FDSEA du Finistère Jean-Alain Divanac’h se dit « rassuré », séduit par sa « vision entrepreneuriale » et son « approche de filière ». Sous la présidence du Trocéen, pourtant, le groupe Avril a indiqué vouloir se désengager de ses activités animales. Une annonce concrétisée quelques mois après par la cession des œufs Mâtines et de l’abattoir breton Abera. Pour Jean-Alain Divanac’h, « on comprend que ce n’est pas le métier de base d’Avril et qu’ils ne situent pas à une échelle suffisante », face aux géants de la viande comme la Cooperl ou Bigard. Malgré ce changement de stratégie, Avril garde « un lien très fort avec l’élevage » aux yeux de Joël Limouzin. Le groupe est toujours numéro un de la nutrition animale avec Sanders, dans lequel il continue d’investir. « Il peut y avoir des inquiétudes, mais je pense qu’Arnaud a bien mesuré tout l’enjeu de garder ce lien fort », tempère le Vendéen.
Une semaine avant le congrès d’Angers, Arnaud Rousseau restait le seul candidat déclaré. En théorie, une candidature dissidente est toujours possible jusqu’à l’élection du nouveau bureau le 13 avril – même si elle semble peu probable. Comme Xavier Beulin en son temps, M. Rousseau ne semble pas vouloir abandonner sa casquette de président d’Avril. En 2010, une situation similaire avait débouché sur un rare duel pour la présidence de la FNSEA, avec Dominique Barrau. Perdant, l’Aveyronnais était pourtant resté secrétaire général. À la FNSEA, la stabilité de l’organisation passe avant les querelles de personnes. •
 

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