Accueil plus que réservé aux propositions de la Commission
Les ministres de l'Agriculture des Vingt-Sept réunis à Bruxelles les 22 et 23 septembre n'ont pas caché leur inquiétude et leur désapprobation face aux propositions de la Commission concernant la Pac post-2027.
Le moins que l'on puisse dire est que le document de l'exécutif bruxellois a été accueilli fraîchement par la plupart des délégations. La majorité des États membres s'est retrouvée pour dénoncer un budget insuffisant - en baisse de 20 %, - la disparition du second pilier, la dilution des dispositions de la Pac dans différents règlements, ou encore le risque de renationalisation. C'est notamment le cas de la France qui a exprimé une vive " incompréhension " par la voix de sa ministre de l'Agriculture démissionnaire, Annie Genevard. Elle a ciblé l'insuffisance des montants alloués à la Pac dans le prochain cadre financier comme la part dédiée à la France, la disparition de la Pac comme une politique commune à part entière dotée un budget séparé et son inclusion dans des plans de partenariats nationaux et régionaux (PPNR). Elle a considéré également que l'introduction d'un taux de cofinancement obligatoire de 30 % pour différentes interventions aboutirait à une renationalisation de la Pac et la création de distorsions de concurrence entre les États. D'ailleurs, tout ce projet bruxellois apparaît en total décalage avec les déclarations de la Commission européenne, faites il y a quelques semaines, sur l'importance stratégique du secteur agricole pour la souveraineté alimentaire, a-t-elle fait remarquer.
Unanimité
L'Italie estime pour sa part que ces propositions " mettent à la poubelle 60 ans de Pac ". Pêle-mêle, elle dénonce la diminution des investissements dans le secteur agroalimentaire que provoquerait cette nouvelle approche, l'éparpillement des décisions dans plusieurs règlements qui excluraient les ministres de l'Agriculture, la perte de souveraineté alimentaire... La Lituanie, pour sa part qualifie la proposition de " catastrophe ", le Portugal dénonce, lui, une politique " sans vision commune qui ouvre la voie vers la renationalisation " et une fragmentation des soutiens. La Pologne ne veut pas d'une Pac séparée. La Belgique regrette la réduction du budget et l'éclatement des dispositions de la Pac qui serait sous la responsabilité de plusieurs ministres. L'Allemagne n'est pas très tendre également considérant que la Pac doit rester indépendante avec le développement rural qui doit lui être associé.
Un commissaire convaincu
À l'issue du débat le commissaire à l'Agriculture, Christophe Hansen, a tenté de rassurer les ministres soulignant que les outils qui soutiennent les agriculteurs seront maintenus et existeront toujours, même s'ils ne s'appellent plus 1er ou 2e pilier. Il a aussi précisé que 300 milliards d'euros dans les plans de partenariats nationaux et régionaux (où se trouvent les dépenses de la Pac) seraient sécurisés dans la prochaine programmation financière 2028-2034 et que dans les 500 milliards d'euros restant des fonds pourront être trouvés pour des programmes de développement rural (Leader) et la distribution de lait et de fruits dans les écoles. Et pour ce qui est de l'allocation globale dédiée à l'agriculture, il estime qu'il s'agit d'un minimum, la Commission ayant sécurisé 80 % de ces sommes. Ce qui n'est pas le cas des autres secteurs, a-t-il précisé. Malgré ces assurances, il n'est pas sûr que le Commissaire ait convaincu ses interlocuteurs.•