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Avis
Prix du lait : le compte n’y est vraiment pas

Alors que la hausse des prix du lait a tardé à s’enclencher, la mécanique se grippe et les principaux opérateurs
de la filière ont le pied sur le frein.

Ludovic Blin, président de la section laitière de la FRSEA de Normandie
© FRSEA

Quelle est la tendance du prix du lait ?
« Depuis le début de l’année, nous avons connu une hausse des prix. Elle a eu un certain retard par rapport à la hausse des charges engagées depuis l’an dernier. Nous dépassons désormais les 400 euros/tonne mais nous restons très loin derrière nos collègues européens. Cela veut dire que pendant que d’autres refont leur trésorerie et se donnent les moyens d’investir, les producteurs français peinent à joindre les deux bouts. Résultat, certains seront mieux armés que nous quand la tendance s’inversera. »

Ce chiffre est tout de même historique.
« Oui, il est historique mais il est lié à une hausse de nos charges tout aussi historique. Et, je le répète, au regard de cette hausse de nos charges, nos prix de vente sont insuffisants, même si c’est difficile à comprendre vu de l’extérieur. »

Que se passe-t-il avec Sodiaal ?
« La santé de cette entreprise inquiète. Mais son attitude aussi. En effet, ce n’est pas en bradant ses produits qu’elle va se refaire une santé. Qu’elle remette en cause l’indicateur beurre-poudre pour prendre en compte la hausse du coût de l’énergie, nous n’y sommes pas hostiles, mais qu’elle applique son propre indicateur, ce n’est pas normal. Cet indicateur est interprofessionnel, il doit être validé par l’interprofession. Au final, le prix payé aux adhérents de Sodiaal dévisse et cela rejaillit sur les autres producteurs. »

Oui, car Lactalis ne fait pas mieux ?
« Lactalis a toujours considéré Sodiaal comme son concurrent n° 1. Nous ne sommes donc pas surpris que Lactalis décroche à son tour et n’applique plus la formule de prix négociée avec les organisations de producteurs. »

Les deux géants de la filière se font la guerre et ce sont les producteurs qui paient ?
« C’est un peu cela, oui, et c’est tragique. D’autant qu’on entend aucune réaction des pouvoirs publics. La loi Egalim se trouve foulée au pied par les premiers acheteurs qui sont censés l’appliquer et le ministère reste silencieux. On a besoin d’un arbitre dans la filière et les pouvoirs publics doivent jouer ce rôle. »

Dans cette situation, c’est la distribution qui se frotte les mains ?
« Elle est aussi coupable que les autres en refusant de prendre en compte la hausse des coûts de transformation que les entreprises subissent réellement. Refuser de prendre ces hausses en compte, c’est nier la réalité et fragiliser les fournisseurs français, y compris les producteurs que l’on prétend préserver. Les distributeurs veulent reprendre la guerre des promotions sous couvert de pouvoir d’achat de leurs clients, le tout payé par leurs fournisseurs. On voit bien comment, à l’occasion de la loi sur le pouvoir d’achat, les distributeurs essaient de mettre à mal les lois Egalim. »

Pourquoi les remettraient-elles en cause ?
« Parce-que ces lois privent les enseignes de leur mode d’action principal : la négociation, voire l’intimidation de leurs fournisseurs. Tout le reste, la protection du revenu de l’agriculteur, le plan de filière… ce sont de bons mots, c’est de la communication pour se donner bonne conscience et apparaître sous son meilleur jour devant les consommateurs. Mais la réalité, c’est que les enseignes veulent mener la guerre des prix et que le gouvernement n’est plus aussi sûr de vouloir y mettre un terme. Les parlementaires vont devoir tenir la barre pour ne pas remettre en cause aujourd’hui ce qui était indispensable il y a seulement cinq ans. C’est l’approvisionnement de nos concitoyens en produits alimentaires français qui est en cause. »

 

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