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Porter collectivement des pistes pour améliorer la situation du bio

La Chambre d'agriculture a organisé une journée spéciale le 12 avril au lycée agricole d'Yvetot pour donner des perspectives aux producteurs bio.

Donner de la lisibilité aux producteurs bio était l'objectif de la journée.
Donner de la lisibilité aux producteurs bio était l'objectif de la journée.
© V. Marmuse/Réussir SA

Donner de la lisibilité aux producteurs bio était l'objectif de la journée du 12 avril organisée par Chambre d'agriculture Normandie au lycée agricole d'Yvetot. La même journée a été organisée le 9 avril à Vire.

" Selon l'Agence Bio, en 2023, 21 % des Français n'ont jamais consommé un seul produit bio ", présente Sophie Chauvin, chargée de mission agriculture bio à Chambre d'agriculture Normandie.

" On a demandé aux agriculteurs une montée en gamme avec des labellisations mais le consommateur s'en détourne aujourd'hui au profit de produits d'entrée de gamme. On ne peut pas ne pas s'occuper des agriculteurs que l'on a amenés à la conversion. Ils ont été encouragés collectivement à se tourner vers l'agriculture biologique et il nous faut aujourd'hui trouver des solutions, réfléchir à des accompagnements à court terme, parfois prendre des mesures radicales ", a introduit Sébastien Windsor, président de la CAN.

Mesures de déclassement

Certains collecteurs ont lancé des appels à produire moins. C'est par exemple le cas de Sodiaal qui a stoppé ses contrats d'achat de lait. Certains ont retardé la date d'enlèvement des animaux, allongé les vides sanitaires, augmenté les aides d'abattage, ont développé des programmes à l'export... Mais ce ne sont pas des solutions pérennes. On constate aujourd'hui un arrêt de certains ateliers bio voire une déconversion totale. Ces phénomènes s'observent de plus en plus en grandes cultures et en bovins lait.

Mais Antoine Delahaye, producteur laitier et administrateur chez Biolait alerte sur l'intérêt économique et agronomique du système de polyculture-élevage dans un contexte de changement climatique.

" Nous avons baissé la production d'aliments bio destinés aux animaux de 23 % depuis 2 ans. Les filières porc et poulet sont les plus touchées, avec des baisses respectives de 50 % depuis deux ans. La protéine animale est chère et les consommateurs mangent moins de produits carnés. Cela va donc être difficile. Un poulet à 10-12 euros le kilo n'est pas possible à valoriser en restauration collective ", explique Jean-Loup Sterin, directeur commercial chez Novial.

En ce qui concerne les grandes cultures, il y a eu des déclassements de collecte de l'ordre 20 % chez NatUp qui vient de créer une section bio.

Développer l'export

" Chez Sevepi, nous collectons habituellement 80 % de blé panifiable. Aujourd'hui seulement 25 % des blés partent en panification française. Le reste ne peut pas y aller non pas pour des problèmes de qualité mais parce qu'il n'y a pas de marché. Nous nous sommes donc réorientés vers des marchés fourragers français mais nous n'avons pas réussi à écouler la totalité sur ces débouchés. Donc on s'est tourné vers l'exportation. Nous travaillons principalement avec les Pays-Bas et l'Allemagne où nous exportons 20-25 % de nos céréales. Mais ce n'est pas extraordinaire car le coût de transport est élevé et est à la charge du vendeur. Même avec cela nous n'arrivons pas à sortir la totalité des grains. Il y a donc une part de déclassement nécessaire pour collecter la récolte qui vient. Tout le monde va être obligé de déclasser une partie de ses céréales. Le blé est le marché le plus compliqué aujourd'hui. Du côté des protéagineux, la demande est plus soutenue et le marché plus équilibré ", explique Gaëtan Synaeve, responsable filières chez Sevepi.

" Le marché des protéagineux est tiré par le cadre réglementaire imposé à la restauration collective. Il y a des signaux en faveur de l'augmentation de la consommation de protéines végétales et une forte dynamique en matière d'innovation de produit. Le marché va se développer, mais il faudra se structurer sur le long terme avec de la contractualisation sur plusieurs années pour ne pas déséquilibrer le marché ", explique Peggy Bouchez, de la Chambre d'agriculture et représentante de l'association Leggo (légumineuses à grains du grand ouest).

Une stabilisation depuis début 2024

Depuis le dernier trimestre 2023, on aurait atteint le seuil bas du niveau de consommation. Cela semble en train de se stabiliser. Il y a des premiers signes de reprise de consommation dans les magasins spécialisés bio, les GMS classiques arrêtent de déréférencer les produits bio, et le marché de la RHD n'est pas encore monté en puissance. " Il y a des parts de marché à gagner en restauration hors domicile car l'objectif d'Egalim est de 20 % contre 6 % aujourd'hui ", ajoute Sophie Chauvin.

Être plus pro-actifs sur la régulation des volumes

" Il y a des signes positifs : des acteurs français essaient d'aller chercher des marchés européens pour désengorger un peu le marché, le chiffre d'affaires remonte dans les magasins spécialisés, en grande distribution, les linéaires de référencements se stabilisent. Mais ce sont des signes de stabilisation plutôt que de croissance. Pour accélérer, je pense qu'il nous faudrait être plus responsables sur la régulation des marchés : il a encore été converti 3 500 hectares en 2023 en France ! On doit être plus pro-actifs sur la régulation des volumes et se dire qu'il faut peut-être arrêter de façon temporaire les aides à la conversion pour assainir le marché. Dans la situation actuelle, est-il raisonnable de continuer à convertir des hectares alors que l'on sature en termes de marché ? Il faut se donner des outils de régulation des marchés mais aussi continuer à mettre l'argent que l'on met dans la conversion vers le maintien et l'accompagnement des agriculteurs ", conclut Sébastien Windsor qui rappelle l'importance du collectif.

Enfin le président termine sur quelques sujets qui, selon lui, ont besoin d'être travaillés : le paiement sur services environnementaux, l'affichage de l'origine du produit sur l'étiquetage, le critère d'origine sur les appels d'offres, la possibilité pour le gestionnaire de cantine de traiter de gré à gré avec les producteurs pour faire de l'origine locale.•

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