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La Normandie à la reconquête de l'élevage bovin

C'est sur l'exploitation de Romain Madeleine, éleveur installé au Molay-Littry (Calvados) que la Région Normandie a lancé son plan "Reconquête de l'élevage" co-construit avec Interbev Normandie. Objectif : enrayer la décapitalisation et relancer l'élevage laitier comme allaitant pour garantir la souveraineté alimentaire.

Romain Madeleine, éleveur de Limousines au Molay-Littry va être le premier éleveur à bénéficier de ce plan de reconquête de l'élevage en Normandie, proposé par la Région Normandie, co-construit avec l'interprofession Interbev Normandie. Ce plan résulte d'un "constat alarmant", souligne Clotilde Eudier, vice-présidente de la Région Normandie en charge de l'agriculture, de la pêche et de la forêt, le nombre de bovins ayant diminué de 9 % en Normandie entre 2017 et 2022 (source Interbev Normandie). C'est un recul de 4 453 vaches allaitantes sur cette même période, avec une perte record de 5 000 vaches allaitantes entre 2021 et 2022. À l'horizon 2035, les projections sont alarmantes car la tendance est durable et une baisse de 30 % pourrait être observée. Alors, la Région Normandie a construit un plan de reconquête de l'élevage. "Ce plan se veut simple, facile d'utilisation, sans superposition", précise Clotilde Eudier.

Un coup de pouce pour l'éleveur

Concrètement, le plan se veut être une solution pour aider les éleveurs à recapitaliser leur cheptel allaitant. La Région accompagnera les éleveurs avec une aide forfaitaire à la vache ou génisse à hauteur de 200 euros/an, avec un engagement minimum d'augmenter le troupeau de 20 animaux. C'est ce qu'a prévu Romain Madeleine, installé depuis le 1er janvier 2023, en double actif. "C'est une opportunité. Les premières femelles que j'ai pu acheter n'ont pas bénéficié de ce plan. Aujourd'hui, j'ai envisagé de faire rentrer 19 génisses amouillantes", précise-t-il. C'est donc pratiquement une enveloppe de 4 000 euros qui sera perçue par l'éleveur. Ce qui représente 8 à 10 % du coût d'achat des animaux. "C'est un coup de pouce important pour moi", ajoute-t-il.

Au total, l'aide régionale porterait sur 5 000 vaches supplémentaires par an et un budget régional d'un million d'euros.

Valoriser les veaux mâles

La Région souhaite aussi favoriser l'engraissement des veaux mâles issus du cheptel laitier. Si les femelles servent pour la plupart à renouveler les troupeaux laitiers, les mâles pourraient être mieux valorisés par croisement viande. L'Interprofession s'engage à financer 50 euros par veau sevré, âgé de moins de 2 mois et pesant minimum 50 kg. L'ambition serait d'aider 10 000 veaux issus de croisement en troupeaux laitiers sur trois ans. L'aide s'étalerait de 2 000 à 6 000 euros en fonction du nombre d'animaux. Ce plan semble essentiel pour "préserver les paysages, les prairies, mais aussi assurer la souveraineté alimentaire", précise le président de la Région Normandie, Hervé Morin. "Il n'est pas concevable de croire qu'en 2035, la France devrait faire appel à 33 % d'importations contre 10 % actuellement", ajoute-t-il.

Devenir des agri-conquérants

Avec ce plan, Clotilde Eudier veut faire de chaque agriculteur un agri-conquérant, parce que la Normandie a besoin de ses éleveurs, de ses paysages, de son bocage, de ses prairies. "Ce plan est un moyen de défendre le modèle de polyculture-élevage et ses bienfaits, ce modèle encore très présent en Normandie", conclut Nicolas Dumesnil, président d'Interbev Normandie, qui se félicite de voir la Normandie comme la première région à soutenir l'élevage.•

 

Il a dit

" Ce plan est un premier pas positif. Il va dans le bon sens car il acte de la réelle décapitalisation du cheptel en Normandie et tente de l'enrayer par un petit coup de pouce avec des aides régionales. La Région s'engage auprès des professionnels, et ce n'est pas négligeable, à faire un point d'étape de la situation tous les ans. Mais nul doute que pour inverser la tendance et faire venir des jeunes, le plus important est que la filière se prenne en main en proposant des contrats dignes de ce nom pour avoir des perspectives sur plusieurs années en fonction des coûts de production interprofessionnels. Ce qui donnera aussi des perspectives aux banques qui disent en manquer pour soutenir les installations. Malgré les chiffres de la décapitalisation aujourd'hui, j'ai l'espoir que demain nos éleveurs en bovins viande puissent avoir un revenu décent. "

Patrice Faucon, vice-président de la Fédération nationale bovine

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