Méthanisation : GRTgaz inaugure son premier rebours normand dans l’Orne
GRTgaz a inauguré mardi 3 mai à Argentan (61) un rebours. C’est la première installation du genre en Normandie, qui va permettre la valorisation de la méthanisation agricole dans le département. Le coup d’envoi d’une longue série ?
GRTgaz a inauguré mardi 3 mai à Argentan (61) un rebours. C’est la première installation du genre en Normandie, qui va permettre la valorisation de la méthanisation agricole dans le département. Le coup d’envoi d’une longue série ?
C’est inédit en Normandie : GRTgaz a convié les élus locaux, ses équipes et ses partenaires à venir découvrir le premier rebours régional, mardi 3 mai à Argentan. Cette installation technique, dont le poste se situe aux portes de la ville sur un ancien terrain d’Argentan Intercom, a pour objectif d’accueillir environ 115 GWh par an de biométhane issus de la méthanisation agricole locale. Une première qui, si elle fonctionne avec brio, pourrait ouvrir la voie à la construction de nouveaux méthaniseurs à la ferme et de rebours supplémentaires sur le territoire.
Qu’est-ce qu’un rebours ?
À la différence des installations classiques où le principe consiste à envoyer le gaz naturel du réseau de transport national vers un réseau de distribution locale, le rebours permet de faire le contraire. Le biométhane produit en local est acheminé vers le national, s’il n’y a pas de besoin à l’instant T sur sa zone. Cette solution inédite en Normandie est une réponse aux contraintes du réseau actuel : en effet, selon la période de l’année – souvent en été –, la consommation de gaz diminue. Le biométhane – aussi appelé bio GNV – ne peut donc plus être absorbé par le réseau et les méthaniseurs sont à l’arrêt. Le rebours, grâce à un compresseur, permet de recueillir « le gaz renouvelable local excédentaire », explique GRTgaz, pour le remonter vers le réseau national et ainsi approvisionner d’autres territoires voisins ou le stocker pour plus tard. « C’est un débouché sans limite », affirme Frédéric Moulin, délégué territorial Val de Seine chez GRTgaz. Le projet a nécessité l’investissement de 2,7 millions d’euros pour GRTgaz.
Valoriser « le potentiel local »
Lors de l’inauguration du poste – le 6e en France –, Frédéric Moulin a tenu à rassurer sur la « performance du réseau » et voit l’installation de rebours comme « un outil pour valoriser le potentiel local ». Ce dernier bénéficiera en premier lieu au territoire ornais, entre Falaise et Sées. En fonctionnement depuis quelques jours seulement, il sera bientôt en mesure d’alimenter 8 000 foyers en gaz. La nouvelle ravit Frédéric Léveillé, maire de la ville et président d’Argentan Intercom. « C’est une réponse à l’urgence climatique », souligne-t-il, avant d’ajouter : « à Argentan, nous pratiquons le mix énergétique. Nous consommons 44 % de gaz vert. Nous devons encourager la diversification des énergies […] la méthanisation n’est pas qu’un complément de revenus ». Un propos partagé par Nicolas Tison, élu de la Chambre d’agriculture de l’Orne, lui-même éleveur dans le Perche : « au sein des Chambres, la méthanisation est une de nos priorités. C’est un levier pour diversifier nos revenus et améliorer notre résilience. » Jérôme Nury, député de la 3e circonscription de l’Orne, complète : « ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on a besoin des agriculteurs pour être des fabricants d’énergies. Dans un contexte agricole avec des prix très fluctuants, que ce soit sur la viande, le lait, les céréales, la méthanisation permet une stabilité des recettes intéressante […] Il faut que les agriculteurs restent les maîtres de la méthanisation. » Frédéric Moulin ajoute que, sans ce rebours, « sept projets de méthanisation n’auraient pas pu voir le jour ! ».
D’autres installations à venir
En Normandie, 22 sites de production de biométhane sont d’ores et déjà à l’ouvrage, dont neuf dans l’Orne. Et Brigitte Choquet, conseillère régionale, de compléter : « 153 méthaniseurs fonctionnent sur notre territoire ». Si le projet est concluant, trois nouveaux rebours pourraient ainsi voir le jour dans l’Orne. C’est le cas notamment dans le Perche où Hervé Morin (président de Région) a fait le déplacement en février dernier pour soutenir un projet d’infrastructures gazières et biométhane. « C’est l’énergie du futur », achève Frédéric Moulin. GRTgaz a pour objectif que le gaz renouvelable représente deux tiers de la consommation des Français à l’horizon 2024. •