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Faisons la bacouette, noum de zo !*

Replongeons dans le passé… Jusqu’au XIXe siècle, le français n’était pas la langue principalement parlée par la population. Il était plutôt utilisé en littérature. Les Français utilisaient, essentiellement, des langues régionales. Ici, nos ancêtres parlaient le “normaund“ (normand en normand. !).

Remontons au temps de la Gaule, les colonisateurs romains parlaient, alors, le latin. Au fil des siècles, différents parlés régionaux ont vu le jour. Les langues d’oïl dans la moitié nord de la France, le sud de la Belgique et dans les îles anglo-normandes et les langues d’oc dans la moitié sud.

Le normand est une langue romane issue à 80 % du latin. Au gré de l’histoire, elle s’est appropriée quelques termes d’autres civilisations. Des envahisseurs scandinaves, par exemple. Aux IVe et Ve siècles, nos cousins germains apportent, en effet, le vocabulaire lié à la mer. Et saviez-vous que le “normaund” a été, jusqu’au milieu du XIVe siècle la langue officielle de la cour d’Angleterre et qu’il l’est encore sur les îles anglo-normandes ? En effet, Guillaume le Conquérant, duc de Normandie puis roi d’Angleterre instaure le normand en qualité de langue du pouvoir. Elle devient, même, la langue la plus utilisée dans la littérature anglaise aux XIe et XIIe siècle.

Avec le temps, l’anglais a, d’ailleurs, pris une partie de son vocabulaire à notre patois local. Château se dit “câtel” en normand, “castel” en ancien normand et “castel” (avec l’accent, bien-sûr !) en anglais. Une chaise se dit “caire” en normand et chair en anglais. Vous noterez de légères, mais vraiment légères, consonances avec le ch’ti !

Une langue en danger…

En parlant de patois local, le normand en compte plusieurs sinon cela aurait été trop facile ! Il existe le dialecte cauchois (pays de Caux), le nord-cauchois, le roumois, le cotentinais (Cotentin), le rouennais, le brayon (pays de Bray : Seine-Maritime et Oise), l’augeron (pays d’Auge), le jersiais, le guernesiais et le gaspésien au Québec.

Petit point d’histoire, les Normands ont embarqué leur patois lorsqu’ils sont partis découvrir le continent américain. Pour en revenir aux ressemblances avec nos cousins du Nord, arrêtons-nous sur le mot “vache”, “vaque” en normand, “vake” en cauchois et “vake” en picard…

Le normand est classé par l’Unesco dans les langues sérieusement en danger. « Selon la Délégation générale à la langue française et aux langues de France rattachée au ministère de la Culture, la pluralité linguistique historique de notre territoire présente une richesse et un réel potentiel, encore méconnu et peu exploité, tant au niveau culturel qu’au niveau éducatif, social et économique. Le caractère patrimonial des langues régionales est inscrit dans la Constitution depuis 2008 et le normand fait partie de la liste des langues de France, qui regroupe toutes les langues envers lesquelles l’État se reconnaît une responsabilité », révèle la Région.

Notre patois ne serait plus maîtrisé que par 30 000 personnes du Pays de Caux aux îles anglo-normandes. La région Normandie a, donc, décidé de mettre en place, en janvier 2019, une stratégie pour la sauvegarde et la valorisation des “Parlers normands”. De nombreux projets étaient, alors, proposés dont la réalisation d’une enquête sociolinguistique sur la pratique du normand, un recensement de tous les ouvrages sur le “Parler normand”, la création d’un atlas linguistique sonore, ou encore la création d’une académie de la langue normande.

… un patrimoine et une histoire à sauver

À l’occasion d’un colloque sur le “Parler normand“=”, en janvier 2019, le président de Région, Hervé Morin, avait, alors, déclaré « J’aimerais que le normand soit réintroduit dans les écoles primaires, qu’il y ait une option normand dans les collèges, les lycées et je le proposerai au rectorat ».

La Région a également proposé d’accompagner l’installation de panneaux signalétiques en normand à l’entrée et à la sortie des communes. En 2017, la municipalité de Brestot, dans le nord du département de l’Eure, avait installé six panneaux avec l’indication Brétot à l’entrée du village. En décembre dernier, c’es tÉpaignes qui a installé son panneau en normand : Épagne. Dans le sud de l’Eure, les villages de Breteuil, Chéronvilliers ou encore Le Lesme aimeraient suivre ces pas normands. Encore faut-il que le nom normand de la commune soit connu. Pour ce faire, des linguistes travaillent sur ces projets. Bientôt, devrait fleurir à l’entrée de nos villages normands de nouveaux panneaux en “normaund”.

Allez boujou ! À tantôt !

*Discutons, nom de Dieu !

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