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Certifier les bonnes pratiques de la culture du lin pour garantir son avenir

Pour séduire davantage ses clients, le lin textile doit aller plus loin dans sa garantie de traçabilité et de pratiques éco-responsables. Lors de son assemblée générale le 14 juin à Flixecourt (Somme), l’AGPL a expliqué pourquoi elle voulait intégrer les liniculteurs au label European Flax.

« Nous voulons nous emparer du sujet nous-mêmes pour pouvoir le maîtriser », a assuré Bertrand Gomart (à g.), président de l’AGPL, lors de son assemblée générale.
© A. P.

Une certification de plus signifie-t-elle des contraintes supplémentaires pour les agriculteurs- liniculteurs ? « Nous devons répondre aux attentes de nos clients si nous voulons pérenniser la filière. Nous voulons nous emparer du sujet nous-mêmes pour pouvoir le maîtriser, avant que quelqu’un d’autre ne le fasse pour nous, et nous impose des pratiques intenables », a annoncé Bertrand Gomart, président de l’Association générale des producteurs de lin (AGPL), lors de son assemblée générale qui se tenait le 14 juin au château de Flixecourt (80).
Depuis qu’il a été créé, le label European Flax, « passeport de la fibre lin premium cultivée en Europe de l’Ouest », a connu un succès exponentiel. « C’est devenu un outil de communication et de marketing essentiel. Il a connu une croissance de labellisation de 765 % en trois ans », a assuré Marie-Emmanuelle Belzung, déléguée générale de l’Alliance du lin et du chanvre européens. Ce label garantit plusieurs critères : l’origine de la fibre et la traçabilité des matières tout au long de la chaîne de valeur, ainsi qu’une production respectueuse de l’environnement (peu d’irrigations, pas d’OGM, faible usage d’intrants…).
Mais aujourd’hui, la filière doit aller plus loin pour convaincre. « Les marques de textile embrassent de plus en plus les questions de l’impact environnemental des matières. Au-delà de la simple communication, il y a une vraie pression de la part des clients finaux et de la réglementation à venir. Le lin à tous les moyens d’y répondre, mais nous devons prouver et démontrer », a acquiescé Olivier Guillaume, président de la filature Safilin.
Un groupe de travail a donc été créé pour intégrer pleinement les exploitations à ce label Europen Flax, composé des acteurs de la filière : l’AGPL, l’Alliance du lin et du chanvre européens, Arvalis…
Tous vont travailler à l’élaboration d’un cahier des charges « qui sera évolutif », pour une probable mise en œuvre en 2024. « Nous planchons sur l’écriture d’un itinéraire technique moyen, qui met en avant les bonnes pratiques, avec un système de bonus/malus », a pointé Jacques Fauvel, vice-président de l’AGPL, référent de ce groupe de travail. L’utilisation d’OAD pour des interventions efficientes, par exemple, pourrait être valorisée. Les contrôles, eux, se voudront « adaptés ». La certification sera portée par les teillages, via des audits chez un échantillon de liniculteurs.

Du sens

Une telle démarche de qualité est-elle réellement indispensable, alors que le lin connaît des prix records, à 4,90 euros/kg en moyenne en 2022, et jusqu’à 5,84 euros prix spot ? « Face à ces prix, il y a une tension sur l’offre. Les rendements et la qualité ne sont pas toujours aux rendez-vous ces dernières années, à cause des aléas climatiques. Le risque est que les clients se détournent de la matière », a souligné Bertrand Gomard. Les liniculteurs doivent avoir en tête que le lin n’est encore qu’un grain de poussière dans l’industrie de la mode. Il ne représente que 0,5 % des fibres textiles mondiales.
L’intérêt pour la matière est pourtant réel. En témoignent les résultats d’une enquête qu’a commandée l’Alliance du lin et du chanvre européens.  « Le lin nous aide à réduire l’empreinte environnementale de nos collections », a précisé Alexandre Capelli, directeur environnement chez LVMH. Autre exemple, Le Slip Français, marque de vêtements fabriqués en France « de qualité » utilise 2 % de lin dans sa collection, et souhaite augmenter cette part. « C’est la matière la plus durable possible. Une filière locale fait en plus complètement sens pour nous », a confié Guillaume Gibault, son fondateur. Une certification au champ ne pourra que faire croître l’intérêt pour le lin. •
 

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