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Pénurie de paille : les alternatives pour les litières.

Les rendements en paille sont très hétérogènes cette année, descendant parfois jusqu'à 1 t MS/ha, quelle que soit la céréale concernée.

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Miscanthus.
© Gabriel Omnes

Afin d'anticiper et de compenser cette perte pour certains éleveurs, cette note présente des pistes de réflexion et alternatives qui peuvent être envisagées. Il existe toutefois peu de références concernant les différentes matières premières en bovin laitier. Mais il existe de nombreux témoignages d'éleveurs qui ont modifié leur pratique.

 

Raisonner l'économie

Si le stock est limité, une première piste est de vérifier s'il est suffisant pour les besoins du troupeau, sinon des possibilités d'économies de paille sont à étudier :- la première dépend de la météo : prolonger le plus possible le pâturage des différents lots en acceptant un peu de piétinement sur quelques parcelles cet automne voire en début d'hiver. - une sortie précoce en fin d'hiver peut aussi être organisée (fertilisation, accès, abris) dès que le temps le permet en février pour des laitières par exemple. - à anticiper, le pâturage d'automne-hiver commence à s'ancrer dans les pratiques normandes. - économiser la paille présente : la note de propreté des animaux est le bon indicateur ; sortir les vaches en chaleur. Le broyage permet aussi de limiter les quantités. Attention surtout à la propreté des animaux qui partent à l'abattage. - ébouser les aires paillées. - en logette paillée, regarder les autres matériaux utilisables selon la conception de la logette. Cela peut se traduire par plus de temps passé à l'entretien des litières ou une attention renforcée lors de la traite.Lorsque les économies de paille ne suffiront pas à couvrir les besoins, vous pouvez regarder ensuite les réductions possibles voire les alternatives pour les autres troupeaux. En dehors du bois plaquettes, peu de recherches ont été réalisées sur les autres matériaux, même si des témoignages existent. Les pistes proposées sont aussi très dépendantes des ressources locales et des disponibilités.

 

Autres matériaux utilisables en litière

Le miscanthus est un produit très sec (85 % de MS), absorbant, générant peu de poussières et résistant bien au piétinement. Les cannes de maïs sont drainantes, à laisser sécher au champ avant broyage. Le fumier de cheval est à priori très pailleux. Les sciures ont un bon pouvoir absorbant ou encore dolomie ou sable qui sont pratiques et affectés aux logettes.Il existe d'autres supports  tels que les joncs dans les marais, fougères, menues pailles si encore disponibles, pailles d'autres cultures (éviter le colza), digestat séché ...Quelle que soit l'alternative que vous voulez mettre en place, les précautions d'usages restent les mêmes : vérifier le niveau d'humidité, stocker la matière première au sec, limiter la présence de bouses sur la litière et assurer la ventilation du bâtiment. Enfin,  il faudra anticiper les capacités de compostage et d'épandage de chaque matériau.

 

Plaquettes de bois déchiqueté

Méthode déjà pratiquée dans les régions bocagères pour valoriser les haies, les plaquettes de bois déchiqueté s'utilisent pour la litière des bovins en aire paillée. Pour cette utilisation, il est recommandé que les copeaux de bois mesurent de 20 à 30  mm. En équivalence, 1 tonne de paille  représente 3,5m3 de plaquettes sèches.

Comment les utiliser ? Elles peuvent être utilisées en pure comme unique litière, ou bien avec un paillage progressif. Dans les deux cas, la pratique courante est d'installer en premier une couche de 8-10 cm sur la partie couchage et 30 cm si présence de marche ou autour des abreuvoirs. L'épandage peut se faire au godet, à l'épandeur à l'axe vertical, à la pailleuse à simple tapis ou au bol mélangeur, voire en laissant étaler par les animaux (petits tas). Après 2 à 4 semaines, en fonction des conditions sanitaires et de l'état de propreté des animaux, de la paille peut être ajoutée par-dessous, à raison d'un tiers des quantités « normales », ou bien d'autres couches de plaquettes, à raison de 7 cm d'épaisseur.La particularité est que la litière noircit vite et c'est normal. Il faut donc suivre l'état de propreté des animaux pour décider d'un nouvel apport, quelle que soit la couleur de la litière.Les fumiers issus de ces litières s'épandent correctement mais il est préférable de les composter au préalable, car les plaquettes peuvent se dégrader difficilement, en fonction des essences d'arbres qui les constituent.

Où s'approvisionner ? En Normandie, la filière bois énergie est pilotée par la Fédération des Cuma de Basse-Normandie. Les 4 structures locales d'approvisionnement en bois déchiqueté présentes en Normandie sont Haiecobois dans la Manche, Bois Haienergie 14 dans le Calvados, SCIC Bois Bocage Energie dans l'Orne et EDEN dans la Seine-Maritime et l'Eure.Sinon, vous pouvez vous tourner vers un agriculteur voisin qui déchiquète du bois ou bien auprès d'une entreprise privée d'élagage/broyage s'ils ont du stock.

 

L'échange paille/fumier

Même si l'idéal est de créer une relation sur le long terme avec un céréalier, faire un échange paille / fumier est un moyen d'acquérir de la paille. Il faut pour cela que les deux parties se mettent d'accord sur qui fait quoi (pressage et transport paille, transport et épandage déjections), sur la qualité des produits échangés (disposer d'analyses d'effluents). A moyen long terme, une évolution de votre organisation (assolement, fourrages, bâtiment, main d'oeuvre) peut être étudiée dans  l'optique de limiter l'utilisation de paille. Parlez-en à votre conseiller local.

Sources : Journées techniques ouest Cuma 2014 : récupération des menues pailles et https://deux-sevres.chambre-agriculture.fr/actualites/detail-de-lactual…

Alternatives à la paille pour les litières : Souvent un gain de temps pour le paillage.

Cette année, la pénurie de paille est peut-être l’occasion de tester des alternatives pour les litières. Thomas et Germain Trouvay de la Scea ferme du Hamel au Cœur près de Lillebonne utilisent le miscanthus pour le paillage pour une partie du troupeau, principalement au niveau des logettes des vaches laitières et de l’aire paillée de l’infirmerie.« Nous avions des soucis de ruissellement sur certaines parcelles. Nous avons décidé de planter 5 hectares de miscanthus, après l’avoir testé comme paillage pour les animaux. J’avoue qu’au début j’étais sceptique mais je ne regrette pas du tout. Le miscanthus a de grandes qualités », explique Germain Trouvay.Les jeunes éleveurs l’apprécient en effet pour son très gros pouvoir absorbant, beaucoup plus important que celui de la paille : « C’est un produit très intéressant qui laisse perplexe visuellement car le paillot paraît sale. Mais cela ne colle pas et les vaches sont très propres. D’un point de vue sanitaire, on peut accumuler le miscanthus sur le paillot sans effet de chauffe. Cela peut être laissé en place durant un mois sans aucun problème. Dans les logettes, on recharge avec une petite poignée quand il n’y a plus de litière au niveau de la mamelle. Sur l’aire paillée, on recharge une fois par mois à l’aide de la pailleuse. Le fait de ne pas avoir à pailler trop souvent nous rend service dans les périodes de pointe de travail, au printemps par exemple, quand on a besoin du matériel ».

 

Moins de travail quotidien avec les anas de lin

Chez Aline et Sébastien Catoir, à Conteville, les élèves sont sur anas de lin. « Il y a deux ans, nous avons manqué de paille. Cela nous a incité à chercher une alternative pour la litière de nos animaux. Nous avons essayé le miscanthus qui a un pouvoir très absorbant mais d’un point de vue économique et pour des questions de disponibilité, nous nous sommes tournés plutôt vers les anas de lin, vendus par la coopérative linière voisine. L’utilisation des anas de lin a été concluante, les animaux sont propres et il y a moins de travail au quotidien : « le bâtiment de 56 places a été rempli de 15 tonnes d’anas en avril. Durant décembre, janvier et février, nous avons ajouté 3,5 tonnes après avoir curé le plus sale. Nous malaxons avec un rotavator pour mélanger le sec et l’humide, une fois par semaine en hiver, une fois par mois en été. Les animaux sont aujourd’hui toujours sur la même litière de base. Elle sera renouvelée à la fin août, nous attendons la disponibilité en anas auprès de la coopérative ». Aline Catoir précise qu’il est cependant nécessaire d’avoir un bâtiment bien ventilé et adapté au passage de l’outil de malaxage : « Les anas de lin se dégradent moins vite que la paille. Les brins sont très courts et on peut malaxer plus facilement. Ainsi, on réinjecte de l’air ce qui permet de bien assécher la litière. De plus, c’est très confortable pour les animaux et nous n’avons aucun problème sanitaire. L’achat des 25 tonnes d’anas pour une période de quinze mois nous a coûté 1 000 euros. C’est très compétitif par rapport à ce que cela nous aurait coûté d’acheter de la paille. Pour le moment, il n’y avait pas de pénurie d’anas et nous avons un prix stable. Mais à l’avenir, nous songeons à établir un contrat avec la coopérative linière pour nous protéger des variations de prix liées au marché ».

Catherine Hennebert

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