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Les femmes doivent encore construire leur légitimité

Les stéréotypes de genre sur le travail des cheffes d’exploitations laitières ont la vie dure. À la faveur d’une présentation de mémoire en rapport avec cette problématique, les adhérentes du GFDAR ont pu échanger sur un vécu commun à la MFR de Tôtes.

Des agricultrices du GFDAR et des élèves de la MFR de Tôtes ont passé un après-midi à échanger sur la place de la femme dans les exploitations laitières.
© Catherine Hennebert

Jeanne Dilard a été invi­tée par les Groupements féminins de développement agricole et rural (GFDAR) le 6 décembre à la Maison familiale rurale (MFR) de Tôtes, pour présenter son mémoire de recherche de Master 1 dans le cadre de ses études à Sciences Po intitulé “La perspective des stéréotypes de genre dans la production laitière”. Pour réaliser son mémoire, Jeanne Dilard a rencontré des cheffes d’exploitations laitières, des étudiantes, des enseignantes et un enseignant.
« Le milieu agricole est associé depuis longtemps à un milieu plutôt masculin. Dans mes cours de bac pro, on parle encore aujourd’hui de transmission père-fils. Même si ce sont les femmes qui ont fait tourner les exploitations durant la guerre, ce sont seulement dans les années 80 que le statut de co-exploitante est créé et donne à la conjointe des droits dans la gestion de l’exploitation », explique la jeune femme qui prépare en parallèle un bac pro agricole en polyculture élevage dans l’intention de s’installer sur l’exploitation familiale.
« Sur la féminisation de l’enseignement agricole, il y a aujourd’hui autant de jeunes filles que de jeunes hommes qui choisissent la filière agricole mais il y a quand même de nombreux obstacles pour les jeunes filles dans leur recherche de stage ou dans les tâches qui leur sont confiées sur l’exploitation ». Cette remarque a été confirmée par les étudiantes en terminale conduite et gestion de l’entreprise agricole (CGEA) de la MFR de Tôtes, présentes dans la salle.
Dans son mémoire, la jeune femme parle de la notion de légitimité sociale, très importante à ses yeux. « Si on parle de légitimité sociale sur l’exploitation, on voit que les femmes peinent à être reconnues. Celles que j’ai interrogées se sentent tout à fait légitimes d’exploiter mais ne le ressentent pas toujours aux yeux de la société ». Alors comment faire pour construire sa légitimité sociale ? Le mémoire met en avant quelques stratégies mises en place par les femmes enquêtées.

Obtenir de la légitimité dans des groupes de femmes

Faire partie de groupes non mixtes tels que le GFDAR ou les Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) permettent aux femmes de partager un vécu commun. « Certaines femmes interrogées font partie d’un GFDAR. Elles parlent de bouffées d’air, de tremplin. Faire partie d’un groupe leur a permis d’obtenir reconnaissance et savoir-faire grâce à des formations proposées. Ces groupes permettent également un temps d’évasion ».

Acquérir de la légitimité

« Si le secteur laitier est souvent un secteur conjugal, la plupart du temps, ce sont les femmes qui prennent à leur charge l’atelier lait et s’en font les expertes. Les femmes obtiennent une légitimité pour s’occuper des animaux mais elles sont beaucoup moins visibles sur l’exploitation. La partie élevage est invisible si on reste à l’extérieur de l’exploitation, contrairement aux travaux de plaine plus souvent assurés par monsieur ».

Tendre vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des relations humaines

Faire évoluer l’exploitation vers une agriculture plus en accord avec les attentes environnementales et sociétales semble être une tendance plus féminine selon l’enquête. « En cassant les codes de la course aux rendements, les femmes repensent l’agriculture et l’élevage avec des démarches alternatives. Les femmes expriment elles-mêmes être plus sensibles à différentes questions ayant trait au “care” (soin en anglais, NDLR), c’est-à-dire au fait de prendre soin, de porter attention. Cela passe par le fait de prendre soin des animaux mais aussi le fait d’être attentives aux relations humaines. Beaucoup de femmes ont besoin du “care” pour le bon fonctionnement de la ferme, avant même le besoin de s’affirmer elles-mêmes. Cela passe par leur relation avec le conjoint, les associés, les salariés. Elles jouent le rôle de tampon lors de conflits ». Cette présentation a suscité beaucoup de remarques et d’échanges dans une assemblée qui était majoritairement féminine. Le GFDAR va poursuivre la réflexion et espère de prochaines rencontres où la parole sera donnée aux hommes qui ont sans doute beaucoup de choses à dire sur le sujet. •
 

 

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