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Le thermovoltaïque pour sécher le foin en grange

Les trois associés du Gaec de la Petite Prée ont investi dans une centrale thermovoltaïque pour sécher en grange leurs 440 tonnes de foin à l’année. Explications.

« Il y a une vingtaine d’années, nous avons fait le choix de donner une alimentation en sec aux vaches laitières l’hiver », explique Jean-Luc Villain, l’un des trois associés du Gaec de la Petite Prée à Archon (02). Soucieux de la qualité du foin, les trois agriculteurs, installés en bio, font monter un séchoir en grange, un système qui récupère la chaleur sous les toitures afin de sécher le foin. Avec le changement climatique et les hivers plus courts et plus doux, les foins peuvent être récoltés quasiment un mois plus tôt qu’autrefois. « Les tôles en fibrociment demandent de la chaleur et le manque de soleil en mars-avril ne permet pas de sécher correctement ». Aussi il y a cinq ans, ils se penchent sur la question et s’orientent dans un premier temps vers un système autrichien de déshumidificateur. « Il fallait compter 250 000 à 300 000 euros d’investissements, c’était beaucoup trop », avoue Jean-Luc Villain. Finalement, les associés rencontrent un agriculteur dans la Somme qui utilisait un système de séchage en silo avec des plaques thermovoltaïques. Ils contactent alors le fabricant, Base Innovation, situé à Toulouse, pour faire un audit sur le bâtiment du Gaec.

Un système simple

Les trois hommes sont conquis par ce système. « Nous avons fait installer 600 m2 de tôles thermovoltaïques sur le toit. Ces panneaux produisent de l’électricité vendue à EDF et grâce à un système ingénieux, récupèrent la chaleur. L’air est aspiré sous le faîtage du bâtiment puis passe sous la centrale thermovoltaïque où il se réchauffe pour ensuite être insufflé par deux gros ventilateurs sous les caillebotis, là où les tas de foins peuvent atteindre 7 à 8 mètres de haut. Le séchage est plus ou moins rapide », détaille Jean-Luc Villain. « Nous avons choisi un système de gestion automatique des flux d’air en fonction de l’hygrométrie de l’air. Avec cette installation, nous pouvons maintenant sécher du foin à partir du 15 avril ». Ce système permet de gagner 15 °C supplémentaire de température et 15 points d’hygrométrie en moins à l’air injecté sous les tas de foin, d’où un séchage plus rapide. Le système de régulation améliore l’efficacité du séchage en agissant sur la vitesse des ventilateurs en fonction du taux d’humidité de l’air chauffé. Il faut juste mettre en route les ventilateurs sur l’écran tactile de l’armoire de régulation qui permet de visualiser l’état du système, de modifier les paramètres, d’afficher les éventuels défauts, d’envoyer les données relevées par les capteurs par mail, etc. « Une application mobile et PC nous permet de consulter ces données à distance ».

Le séchage en grange permet de rentrer du foin beaucoup plus rapidement. « On le rentre à 60 % de matière sèche et il suffit d’avoir une période de trois jours à la suite de beau temps pour faire du foin, jusqu’à 60 hectares par semaine. C’est très simple », souligne l’associé qui se félicite de la fabrication française des tôles.

Pour financer ce projet de 230 000 euros, les associés ont bénéficié d’un financement intéressant dans le cadre d’un Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE) calculé sur toute la partie chaleur. « Le retour sur investissement est intéressant entre la vente de l’électricité sous contrat avec EDF et la qualité obtenue pour les fourrages ».

Une qualité renforcée

Car oui, Jean-Luc Villain et ses associés misent sur toujours plus de qualité. Celle des foins et par déclinaison, celle de l’état des animaux et donc de la production laitière. « Le séchage en grange permet d’avoir une production de lait d’excellente qualité facilement transformable par les industriels ou la production de fromages ». Le foin est composé de fauche de prairies permanentes, de luzerne qui garde tout son vert, de trèfle violet. « Pour nourrir les vaches qui consomment entre 18 à 19 kg de foin par jour, nous faisons les mélanges nous-mêmes avec une griffe à foin sur un pont roulant au sommet du hangar. C’est un peu comme une grue avec un mât qui peut peser la quantité de foin ».

Anticiper et s’adapter

Propre, simple, sans odeur, ce système convient parfaitement aux associés qui annoncent des coûts alimentaires en dessous de 80 euros/1 000 litres alors que la moyenne calculée par le Contrôle laitier tourne autour de 134 euros. « Nous sommes en bio, donc pas d’intrants, pas de produits phytosanitaires. La fertilisation des pâtures est assurée par ce que produisent les animaux. Nos achats se résument à du sel pour les vaches et quelques bactéries et champignons pour les fumiers et lisiers. C’est tout. C’est un système très sécurisant ».

On l’aura compris, pour Jean-Luc Villain et ses associés, le séchage en grange avec une centrale thermovoltaïque est un très bon investissement pour l’exploitation. « Je crois qu’il faut essayer de trouver des choses très simples, avoir du bon sens, anticiper les évolutions et s’adapter. Je pense qu’aujourd’hui, notre système est en avance par rapport aux attentes environnementales tout en nous garantissant une autonomie ». Pour aller plus loin, les trois associés ont mis en place depuis quelques années, le pâturage tournant dynamique, « un système technique mais qui pourrait même aller jusqu’à nous faire faire des économies de bâtiments dans certains cas », conclut-il. •

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