La néosporose, une maladie parasitaire aux conséquences fatales sur la gestation
La néosporose est une maladie entraînant des avortements. Elle fait l’objet d’un dépistage systématique dans le lait de tank pour les éleveurs bovins et laitiers adhérents au GDMA. Ce dépistage est aussi très souvent demandé lors de la vente d’un bovin destiné
à la reproduction (kit intro).

La néosporose est due à Neospora caninum, parasite de la famille des coccidies très résistant dans l’environnement (plusieurs mois). Il se transmet par les chiens ou les renards ou de mère en fille.
Deux modes de transmission existent :
- la contamination horizontale : par un chien ou un renard. L’animal mange une délivrance contaminée ou lèche des eaux fœtales. Pendant un mois, il excrète alors dans ses selles le parasite. S’il fait ses besoins dans la nourriture destinée aux bovins, une vache peut être contaminée. L’utilisation d’un bol mélangeur pour nourrir un grand lot de bovins rapidement est très efficace pour distribuer largement le parasite : une seule selle peut ainsi contaminer un grand nombre d’animaux ;
- la contamination verticale : une vache gestante peut transmettre le parasite à son fœtus fille.
La notion d’immunité est primordiale dans cette maladie. Une vache gestante n’avorte pas systématiquement et ne transmet pas systématiquement le parasite. Ainsi, une vache qui a ingéré le parasite va, soit avorter (40 % des cas), soit mettre bas un veau à terme qui sera contaminé dans 80 % des cas. Si cette femelle (contaminée in utero) met à son tour bas, on estime qu’elle transmettra le parasite dans 90 % des cas à sa fille et ainsi de suite.
En revanche, sa mère contaminée ne transmettra pas forcément le parasite à ses futures filles ; il semblerait que si elle est en bonne santé, elle le transmette moins (mais le risque n’est pas nul).
D’où une multitude de schémas cliniques ! Il n’est pas rare d’avoir un gros épisode abortif et de découvrir une dizaine de génisses d’un lot contaminées in utero deux ans avant par le chiot fraîchement arrivé qui jouait partout… Ces génisses contaminées de manière verticale peuvent ne montrer aucun symptôme, jusqu’à ce qu’un stress entraîne une baisse d’immunité et la découverte de la maladie. Dans d’autres cas, la néosporose évoluera à bas bruit avec quelques avortements ou retours en chaleur par an et sera découverte lors d’un dépistage du troupeau sur un grand nombre d’animaux.
Moyens de prévention : attacher le chien de ferme !
Le taux d’anticorps dans le lait de tank est un indicateur du niveau d’infestation des animaux par ce parasite. Une valeur au-dessus du seuil ne signifie pas qu’il faut dépister tout un troupeau, mais vise à alerter l’éleveur de la circulation parasitaire et à être vigilant lors d’avortements. En cas de vente d’un bovin de plus de six mois, il est conseillé de faire une sérologie néosporose (incluse dans le kit intro). De même, en cas de problèmes de reproduction, il faut y penser et faire la demande à votre vétérinaire.
S’il est avéré que la néosporose impacte votre élevage, il est ensuite important de regarder quelle vache est positive. Un plan de dépistage sérologique (par prise de sang) est conseillé. Il va permettre également de déterminer si la contamination a lieu de mère en fille ou via un vecteur ; et les mesures qui en découlent. Souvent les deux modes de contamination cohabitent : un chien a contaminé un grand lot de vaches qui l’ont ensuite transmis à leurs filles. Il est alors vivement conseillé d’écarter le chien de la ferme (même s’il n’est plus contaminant, il peut le (re)devenir !), et impérativement du box de vêlage. Il faut enfouir les délivrances (dans le fumier par exemple). En fonction du nombre de femelles contaminées, il faudra établir un plan de réforme progressive, basé notamment sur des croisements avec des taureaux allaitants pour ne pas garder la maladie chez soi. •