Aller au contenu principal

« Je ne demande pas aux éleveurs de croire mais d'observer ! », René Becker, spécialiste de la biodynamie.

file-alt-63470
© D. R.

Sur quelles bases scientifiques peut-on expliquer l'influence de la lune en élevage ?

Il existe malheureusement encore peu de recherches académiques sur ce sujet mais ce n'est pas parce que l'Inrae n'a pas fait de travaux là-dessus que ça n'existe pas ! Je citerai les travaux d'Ernst Zürcher, un chercheur forestier suisse qui a publié des recherches sur l'incidence des cycles lunaires sur la qualité du bois, le séchage et d'autres phénomènes. Ces recherches corroborent de nombreuses pratiques ancestrales toujours en vigueur dans différentes régions du monde.

 

Que sait-on aujourd'hui de l'influence des cycles lunaires sur les animaux d'élevage ?

La plupart des connaissances ou pratiques sont héritées du passé dans ce domaine. Michel Gros par exemple publie un calendrier chaque année avec des dates favorables pour les soins aux animaux. Un éleveur et chercheur allemand, M. Ackermann, avait commencé à publier un calendrier destiné aux éleveurs, à partir de ses observations et de nombreuses pratiques encore en vigueur dans son pays. Maria Thun et son fils ont également travaillé sur ces questions... À l'université de Marbourg, en Allemagne, plusieurs thèses de doctorat ont été écrites sur le sujet mais cette approche demeure encore peu acceptée dans le monde scientifique.

 

Concrètement, qu'observe-t-on ?

Il semble qu'il y ait une influence du cycle synodique de la lune sur les hormones végétales et animales ainsi que sur l'activité des parasites. La plus connue, c'est un surcroît d'activité parasitaire à l'approche de la pleine lune et la nouvelle lune. C'est pourquoi on recommande de procéder au déparasitage plutôt en lune gibbeuse, avant la pleine lune. On constate aussi que si l'on taille les onglons d'un animal à une certaine date, ils repoussent plus vite. Il y a aussi la question du fameux lâcher des animaux. Il faut noter soigneusement les dates pour vérifier d'une année sur l'autre.  Sur les prairies, on observe que la teneur des fourrages en matière azotée et en énergie varie dans la journée : certains jours vont davantage accentuer ces phénomènes et on peut en tirer profit pour les récoltes, si le temps le permet bien sûr. Quant à l'influence sur les mises-bas, on voit bien une concentration des vêlages à la pleine lune. Bien évidemment, toutes les vaches ne vont pas vêler à la pleine lune car encore une fois, tous les animaux sont différents et ces influences sont très subtiles, s'exerçant plus ou moins d'un individu à l'autre. Je pourrais aussi prendre l'exemple des attaques importantes de mildiou, champignons et parasites sur les végétaux en 2019, une année avec un printemps humide mais aussi avec deux cycles qui ont convergé - pleine lune et proximité de la lune par rapport à la Terre.

 

Avez-vous le sentiment que les éleveurs sont de plus en plus perméables à ces approches complémentaires, inspirées d'un savoir intuitif ancien ?

Je viens depuis plusieurs années dans les régions pour parler de ce sujet, comme récemment au Pays basque. L'intérêt est réel, souvent parce que les parents ont encore travaillé avec des calendriers lunaires mais parfois aussi par curiosité et intérêt pour le sujet. Dans ces formations, le public est mélangé avec des « anciens  » qui témoignent et des jeunes qui ont envie de découvrir. Un calendrier ne se substitue en rien aux bonnes pratiques agronomiques, à l'observation attentive des animaux. C'est un plus lorsqu'on cherche à travailler davantage avec tout l'environnement : le ciel en fait partie. Et ça n'a rien d'impossible...

 

Que reste-t-il justement de ce savoir collectif chez les éleveurs du XXIe siècle ?

Curieusement, on pourrait penser que ces approches plus sensibles appartiennent au passé mais il n'en est rien. « Chasser le naturel il revient au galop » devient pour notre sujet « arrêtez de croire à l'influence de la lune, elle revient dans nos pratiques ». On peut espérer que beaucoup de praticiens se mettent à observer, tester, expérimenter les dates du calendrier et nous finirons par découvrir ou redécouvrir ce qui est agissant ou non. Cela donnerait plus de crédit à cette discipline basée sur les rythmes astronomiques - et pas astrologiques !

 

Que diriez-vous à ceux qui ne jurent que par la science, les médicaments vétérinaires ?

Qu'il ne faut surtout pas opposer science, médicaments vétos et approches traditionnelles. Les calendriers vont évoluer avec le temps si les observations sont faites avec une approche scientifique justement mais une science du vivant. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur les phénomènes du vivant : inventons ensemble des protocoles expérimentaux qui prennent en compte des critères scientifiques adaptés à ce sujet. La médecine vétérinaire classique peut tout à fait s'ouvrir à des domaines encore peu connus. Tout ce qui vient des traditions n'est pas à rejeter simplement parce qu'on n'a pas encore d'explications scientifiques.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Union agricole

Les plus lus

Jean Puech d'Alissac.
"JA 76 aura le plaisir d'accueillir les Terres de Jim en 2025"

JA 76 a remporté il y a quelques semaines l'organisation des Terres de Jim 2025. Jean Puech revient sur la candidature du…

Une chasse aux œufs à la ferme du Chêne

Samedi 30 mars aura lieu une chasse aux œufs organisée par JA 76 à la ferme du Chêne à Allouville-Bellefosse.

Les opérations de communication sont lancées.
Rendez-vous les 1er et 2 juin au Comice de Forges-les-Eaux

Le Comice agricole a choisi le thème de la pollinisation pour sa 150e édition.

Opération de jugement des agneaux par Pascal Canterel et Pierre Gomont.
Un beau succès pour le Forum des races à viande

Le concours dit « de Rouen » a eu lieu le lundi 18 mars. De nombreux éleveurs bovins et cinq éleveurs ovins…

Clémence et son père Luc Poussier sont site pilote depuis juin 2022. Des échanges permanents entre ces éleveurs du Calvados et GEA Farm Technologies permettent d’améliorer la machine en continue.
Le Dairyfeed F4500 distribue des rations précises et régulières

De façon tout à fait autonome, le nouveau robot d’alimentation Dairyfeed F4500 charge, pèse, mélange et distribue l’aliment…

Un atelier de sophrologie animé par Myriam Seck a permis aux jeunes d’être sensibilisés aux techniques de relaxation dynamiques.
Prendre soin de son mental

Journée de sensibilisation MSA Haute-Normandie à la santé mentale auprès des jeunes du lycée agricole d'Yvetot.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 300 €/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Union agricole
Consultez le journal L'Union agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal L'Union agricole