DNC : une épizootie inédite
L'épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) cristallise l'attention du monde de l'élevage depuis la fin juin. L'âpreté des mesures nécessaires prises pour juguler l'avancée de la maladie renforce l'attention générale médiatique sur le sujet. Cet effet loupe dessert la cause sanitaire. Cette dernière exige rigueur et sang-froid.
L'épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) cristallise l'attention du monde de l'élevage depuis la fin juin. L'âpreté des mesures nécessaires prises pour juguler l'avancée de la maladie renforce l'attention générale médiatique sur le sujet. Cet effet loupe dessert la cause sanitaire. Cette dernière exige rigueur et sang-froid.
Pour rappel la dermatose nodulaire contagieuse est comme sa dénomination l'indique très contagieuse. Le virus est diffusé non seulement par les taons et les mouches piqueuses (rayon d'action 6 km) mais aussi par les fluides produits par les bovins atteints, lait, sperme, bave, larme... Le virus est très résistant dans l'environnement, en particulier au froid et à l'humidité.
La maladie pénalise les cheptels à la fois par la mortalité et la morbidité générées entraînant des pertes économiques pour l'élevage.
La maladie est endémique dans les pays du Maghreb depuis le début des années 2000. Une incursion en Grèce et dans les Balkans en 2015-2016 a été jugulée par l'application de la combinaison : abattage, limitation de mouvements et vaccination autour des foyers.
Une stratégie de lutte efficace
La stratégie de lutte mise en place par l'État, conformément aux exigences sanitaires européennes, s'appuie sur trois mesures drastiques :
bloquer la multiplication virale en éliminant les unités d'élevage dans lesquelles un bovin a été détecté porteur du virus. En effet la période d'incubation de la maladie étant d'un mois, l'absence de symptômes ne signifie pas qu'il n'y a pas de portage viral ;
éviter la dissémination de la maladie en limitant les mouvements dans un rayon de 50 km autour du foyer afin d'éviter de transporter des animaux asymptomatiques, porteurs du virus, dans des zones où la maladie n'est pas présente ;
vacciner en urgence tous les bovins de la zone réglementée (rayon de 50 km autour du foyer). Cette vaccination est effectuée par les vétérinaires à l'aide d'un vaccin vivant atténué sur un stock de secours européen.
La mise en œuvre de cette stratégie d'urgence depuis le 29 juin dernier, date de confirmation du premier foyer savoyard, porte ses fruits. À ce jour la vaccination mise en œuvre autour des foyers savoyards, du Rhône et de l'Ain n'a été suivie d'aucun nouveau foyer dans les zones concernées. Deux zonages de protection et surveillance restent en place en France, la zone des Pyrénées-Orientales et la zone Doubs-Jura.
La situation de ces deux zones n'est pas stabilisée. Un nouveau foyer a été confirmé le 9 décembre au soir dans l'Ariège et la situation du Doubs est observée avec attention. En effet, le foyer de ce département qui a fait les choux gras des médias était ancien et certainement concomitant du premier foyer du Jura.
Vigilance et respect des limitations de mouvements
À ce stade, il faut rappeler que l'éleveur est l'indispensable premier maillon de la vigilance sanitaire, c'est lui qui alerte le vétérinaire, quelles que soient la maladie et l'espèce concernée. Plus l'alerte sera rapide plus vite les mesures de protection de l'ensemble des élevages se mettront en place. Le respect des mesures de limitation de mouvements est primordial. Les cas hors de la zone savoyarde sont tous des cas qui ne devaient pas exister. Ils sont tous dus au non-respect des règles et pénalisent aujourd'hui tous les élevages bovins.
La vaccination généralisée n'est pas la solution
La vaccination d'urgence engagée depuis le 15 juillet dernier n'a pas vocation à être généralisée à la France entière. En effet, cette vaccination repose sur un vaccin vivant atténué, effectuée par les vétérinaires sur un stock de secours. Les conséquences d'une vaccination généralisée à tout le territoire seraient, d'une part, la perte du statut indemne pour l'élevage français avec blocage des exportations des bovins et de leurs produits sauf accords bilatéraux, et d'autre part, une perte de maîtrise de la situation sanitaire. La vaccination doit être réservée à la protection des zones autour des foyers.
Dans un contexte sanitaire compliqué, il semble cocasse que certains exigent une vaccination généralisée face à un virus contre lequel une stratégie efficace est déployée dont les seules failles sont liées à des comportements irresponsables, alors que la vaccination contre la FCO indispensable face à un danger aux portes des élevages n'a pas été mise en place partout et a plongé nombre d'élevages dans la difficulté. La raison évoquée, " mon voisin m'a dit que le vaccin provoque des signes analogues à la FCO ", alors que les vaccins sont inactivés.
A contrario le vaccin DNC est un vaccin vivant atténué qui peut provoquer des effets secondaires notables.
Le combat contre l'épizootie de DNC est d'une dureté absolue pour les éleveurs de bovins qui ont dû subir l'abattage de tout ou partie de leur cheptel. Ce sacrifice est indispensable à la protection de l'ensemble de l'élevage bovin français et de son économie.
La crise de la DNC est extrêmement douloureuse pour les éleveurs touchés. La stratégie décidée par la ministre de l'Agriculture doit réussir à l'exemple savoyard.
La vigilance de tous les éleveurs est nécessaire ainsi que le respect des règles de circulation des bovins. C'est une question de responsabilité de tous.•