DNC : la FNSEA en appelle à la vérité scientifique
La FNSEA et ses associations spécialisées se sont de nouveau prononcées pour l'abattage total des troupeaux en cas de confirmation de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Le syndicat majoritaire a taclé au passage l'irresponsabilité des individus qui ont manifesté en Ariège.
La FNSEA et ses associations spécialisées se sont de nouveau prononcées pour l'abattage total des troupeaux en cas de confirmation de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Le syndicat majoritaire a taclé au passage l'irresponsabilité des individus qui ont manifesté en Ariège.
C'est avec un calme et détermination ainsi qu'avec pédagogie que le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a rappelé lors d'une conférence de presse à Paris le 12 décembre, toute la détermination de son syndicat à préserver le cheptel bovin, les exportations de lait et de viande qui en découlent et le revenu des éleveurs. Pour ce faire, face à la DNC, il abonde dans le sens des scientifiques pour qui la seule solution est l'éradication et demande à ces derniers de s'exprimer dans les médias, dont certains maquillent la vérité. " Il faut remettre de l'ordre et de la rationalité " face à une " certaine désinformation ". Il a ainsi rappelé qu'au 12 décembre, la DNC est une maladie qui " développe des nodules douloureux " pour les bovins laitiers et bovins viande, ce qui pose aussi un problème de bien-être animal. Au point que les vétérinaires pratiquent des euthanasies de confort pour ne plus faire souffrir les animaux.
" Émotion légitime "
Revenant sur l'épisode de l'Ariège qui a vu s'affronter des agriculteurs mais aussi des black blocs aux forces de l'ordre, il a clairement pointé du doigt des " irresponsables ". Pour lui, faire irruption à 300 ou 400 dans une exploitation alors que les animaux sont contagieux, " ce n'est pas une bonne idée du tout en termes de prophylaxie et de biosécurité ", a-t-il affirmé. De même, a-t-il dénoncé des individus qui ont sciemment violé les règles les plus élémentaires de biosécurité en effectuant des mouvements clandestins d'animaux sur plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres et en transportant ainsi la maladie dans d'autres départements. " C'est irresponsable ", a-t-il répété. En effet, certains bovins sont asymptomatiques, c'est-à-dire qu'ils ne paraissent pas malades mais sont contaminés et donc, étant contagieux, peuvent transmettre la maladie. Si " personne n'éprouve de plaisir à assister à un abattage total ", Arnaud Rousseau a soutenu que " les éleveurs ne sont pas responsables de ce qu'il leur arrive " appelant autant à la responsabilité individuelle que collective et comprenant " l'émotion légitime que peut susciter le dépeuplement d'un élevage entier." " En Savoie, les 47 élevages touchés (pendant l'été, NDLR) ont fait le sacrifice de leurs troupeaux pour contenir la maladie ".
Invité à témoigner, François Chamot, éleveur en Savoie, a expliqué combien lui et ses collègues se sont sentis déroutés face à cette maladie nouvelle que les vétérinaires " ont mis du temps à identifier " et combien le " dépeuplement a été difficile à supporter ".
" Pertes colossales "
La crainte de la FNSEA qui a demandé l'extension de la zone vaccinale à toute la chaîne pyrénéenne, est que la maladie dérape et que le cheptel français soit mis sous cloche, avec toutes les conséquences en termes économiques et sociales qui en découleraient. " Si le pays devait être déclaré non indemne, toutes les frontières seraient fermées et les pertes économiques seraient colossales ", a estimé Quentin Le Guillous, secrétaire général des Jeunes agriculteurs.
D'ores et déjà, les conditions d'exportation sont particulièrement contraignantes a rappelé Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB). La France exporte 900 000 broutards chaque année en Italie et en Espagne. Elle a signé un protocole avec l'Italie au début du mois de décembre. "Ce n'est pas Open bar ", a-t-il commenté. En effet, l'accord prévoit que les bovins français issus des zones réglementées et qui sont exportés doivent avoir été vaccinés depuis au moins 28 jours, que 95 % des bovins de la zone doivent avoir été également vaccinés, que la maladie doit avoir été absente pendant au moins 21 jours autour du foyer détecté et pendant au moins 60 jours dans un rayon de 50 km. Les animaux exportés doivent aussi avoir été traités contre les insectes vectoriels (taons, stomoxes) et avoir subi un test PCR négatif... " Les éleveurs de l'Ain* ne pourront pas exporter leurs animaux avant le mois de février ", a expliqué Patrick Bénézit.
Le 12 décembre, 110 foyers de DNC avaient été détectés sur le sol français dans 75 élevages. Plus de 3 200 bêtes ont été abattues et la vaccination a déjà coûté 20 millions d'euros à l'État français.•