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Conseils pour vendre ses oeufs en circuits courts.

Pour démarrer une activité d'élevage de poules pondeuses avec commercialisation, il y a de nombreuses règles à respecter.

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L'atelier de pondeuses de Nadège et Florent Ridel est composé de trois bâtiments d'élevage construits entre 2013 et 2016, accueillant au total 3 000 poules, d'un parcours de 4 hectares et d'un centre de conditionnement agréé.
© Pixabay

Elever des poules pondeuses nécessite de respecter certaines règles à la lettre, aussi bien d'un point de vue sanitaire (élevage, production et conservation des oeufs) que commercial. Il est important d'étudier le temps de travail à y consacrer, les investissements nécessaires et la rentabilité de l'activité.

Les normes à suivre impérativement : déclarer la mise en place (ou la sortie) de votre troupeau avec le CERFA 13990 ; déclarer une activité d'exploitant de troupeaux, avec le CERFA 13989, si vous avez plus de 250 volailles ; suivre une formation sur la biosécurité et mettre en place les mesures de biosécurité sur le site d'exploitation. Pour plus d'informations, vous pouvez contacter le GDS de votre département et vous rendre sur le site de l'Itavi (www.itavi.asso.fr).

Autres obligations : respecter le bien-être animal ; tenir un registre d'élevage, avec suivi de la traçabilité.

Peu importe le nombre d'animaux, commercialiser ses oeufs nécessite d'appliquer la livraison au consommateur dans un délai n'excédant pas 21 jours après la date de ponte.

La date de durabilité minimale (DDM) est de 28 jours après la ponte et les oeufs doivent être stockés dans de bonnes conditions d'hygiène, dans un local propre et sec, avec une température de préférence constante (entre +5°C et +18°C).

Les oeufs sont transportés dans des contenants lavables, désinfectables et étanches, réservés à cet effet. Ils ne sont jamais lavés ou nettoyés, et les oeufs sales ou fêlés sont écartés.

 

Circuits courts et centre de conditionnement

Les déclarations et les normes de commercialisation se distinguent selon deux cas, en fonction des circuits de vente et du nombre d'animaux. La différence principale étant l'obligation ou non de classer les oeufs dans un centre de conditionnement.

Si vous avez moins de 250 poules pondeuses, vous avez la possibilité de commercialiser en direct uniquement, c'est-à-dire à la ferme, sur les marchés (avec une limite de 80 km hors du département), dans une AMAP ou dans un magasin de producteur auquel vous êtes adhérent (avec présence programmée sur le lieu de vente).

Dans ce cas, la vente d'oeufs se déclare avec le CERFA 15296 « Déclaration de vente d'oeufs directement par le producteur au consommateur final et exemption au classement des oeufs par catégorie de qualité et de poids », et la DDPP vous fournit un code producteur (destinés au marquage des oeufs).

Dans ce cas, les oeufs ne doivent pas être conditionnés avant la vente, ils doivent être présentés à la vente en vrac (panier, plaque d'alvéole...).

Il est aussi interdit de faire référence à une catégorie de qualité ou de poids. Les oeufs doivent être vendus en présence du producteur, toute personne de sa famille ou tout salarié travaillant sur le site de production.

Si les oeufs sont vendus en dehors de la ferme, ils doivent être marqués du code producteur (à l'encre alimentaire) et les informations suivantes doivent être précisées (affiche/panonceau à proximité immédiate des oeufs ou sur une étiquette donnée au consommateur lors de l'achat) : nom du producteur d'oeuf ou raison sociale, adresse du site de production, mode d'élevage, date ou période de ponte (JJ/MM).

Si les oeufs sont vendus sur le lieu de production, le marquage n'est pas obligatoire, mais il est nécessaire que le consommateur puisse quand même avoir connaissance de mode d'élevage et de la date ou période de ponte.

 

Vente à des intermédiaires ou elevage de plus de 250 poules

En revanche, si vous avez moins de 250 poules, mais que vous commercialisez à des intermédiaires ou si vous avez plus de 250 poules, un dépistage de Salmonella doit obligatoirement être réalisé toutes les 15 semaines.

Au niveau de la production, les oeufs doivent obligatoirement passer par un centre de conditionnement /centre d'emballage (CEO) qui dispose d'un agrément sanitaire européen. Dans ce centre, il y a plusieurs étapes obligatoires : mirage des oeufs, pour les classer selon leur qualité : oeufs de catégorie A (vendus en l'état au consommateur final) et B (peuvent être vendus à des industries, alimentaires ou non) ; calibrage des oeufs, pour les classer par catégorie de poids (S, M, L et XL) ; marquage des oeufs, un code oeuf unique vous sera attribué par l'EDE.

Il y a donc deux possibilités pour les producteurs concernés, soit envoyer vos oeufs à un CEO existant, soit mettre en place un CEO sur votre ferme.

Le local doit être aux normes alimentaires, et doit à minima disposer d'un sas d'entrée, d'une zone de mirage/calibrage/marquage des oeufs et d'une zone de stockage des oeufs où la température est constante.

Il faut réaliser une demande d'agrément sanitaire CE auprès de la DDPP pour ce local. Pour cela, un dossier doit être monté, qui comprend notamment une présentation de l'entreprise et de son fonctionnement, le plan de maîtrise sanitaire...

Une formation à l'hygiène en centre de conditionnement est obligatoire pour les personnes qui y travaillent.

 

Se former :

La chambre d’agriculture propose deux formations liées à l’élevage de poules pondeuses, à la production et à la commercialisation d’œufs de poule :

- maîtriser l’hygiène en centre de conditionnement d’œufs, le 1er octobre 2020, à Bois Guillaume (76) ;

- démarrer un élevage alternatif de poules pondeuses, les 11 et 12 février 2021, à Hérouville-St-Clair (14).

Nadège et Florent Ridel, éleveurs de poules pondeuses à Bourneville-Sainte-Croix (27)

Un centre de conditionnement pour répondre aux demandes des revendeurs

Quel est le circuit de distribution pour vos oeufs ?

En termes de commercialisation, nous avons commencé à faire les marchés mais avec seulement des oeufs à vendre, c'est compliqué. Nous avions de la demande venant de producteurs locaux qui souhaitaient compléter leur gamme de produits. Nous avons donc construit un centre de conditionnement pour y répondre. Aujourd'hui, nous vendons près d'un million d'oeufs à des revendeurs locaux, producteurs, magasins de producteurs, restaurateurs, boucheries. Parmi nos principaux clients, Les Eleveurs de la Charentonne et la Ferme de la Houssaye.

 

Pourquoi un centre de conditionnement ?

On nous avait découragé à l'époque de construire un centre de conditionnement mais nous ne regrettons pas d'être allé jusqu'au bout. Cela nous permet de vendre nos oeufs en répondant au mieux à la demande. Cela nous permet d'approcher une clientèle très diversifiée, allant du petit producteur à la grande surface, qui achète de 90 à 4000 oeufs par semaine. Nous n'avons pas eu de subventions car nous avons effectué beaucoup de travaux par nous-même et à l'époque les banques étaient assez frileuses pour financer ce genre de projet. Nous avons reçu des aides pour l'achat de la calibreuse. Bien sûr, un bâtiment de 1 500 places coûte plus cher à la poule qu'un poulailler de 10 000 volailles, mais nous voulons rester un petit élevage. Aujourd'hui nous avons quand même besoin de construire un centre de conditionnement plus grand pour répondre à la demande. Un poulailler de 1 300 poules va donc remplacer le premier construit qui en accueille 500.

 

Quelles sont les contraintes ?

Il faut l'agrément sanitaire. Pour cela nous avons travaillé avec Agrohall à Evreux. C'est indispensable de se faire aider car c'est très complexe. Cette année, nous remettons à jour notre agrément et nous avons pris les services de la chambre d'agriculture pour le réaliser.Les contraintes réglementaires n'ont pas évolué car nous élevons moins de 5000 poules. Nous sommes bien sûr contraints de respecter les exigences en ce qui concerne le bien-être animal : 9 poules au mètre carré dans le bâtiment, 4 poules au mètre carré sur le parcours. Dès le départ, nous avons construit des poulaillers qui respectait ces normes. En ce qui concerne les mesures de biosécurité, il y a beaucoup de précautions à prendre, en particulier contre la salmonellose. Nous avions pensé faire de la prestation extérieure pour d'autres producteurs d'oeufs mais c'est trop risqué pour des raisons sanitaires.

Propos recueillis par C. Hennebert

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