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Travail du sol
Bien choisir ses pratiques

Il n’y a pas de mauvaises pratiques en matière de travail du sol. Il y a seulement des choix à faire en fonction de ses objectifs. Réflexion avec Julien Hérault, expert en agroéquipement.

Il faut arrêter le combat labour/sans labour
« Il faut arrêter le combat labour/sans labour. Il n’y a pas de bons ou mauvais moyens de travailler le sol. Il y a seulement des choix à faire en fonction de ses objectifs », explique Julien Hérault, expert en agroéquipement.
© Catherine Hennebert

« Le travail du sol est une intervention pour laquelle l’agriculteur ne fait pas toujours de diagnostic avant d’intervenir ».Julien Hérault, est conseiller indépendant et expert en agroéquipement. Pour lui, en matière de travail du sol, « il faut arrêter la prescription de recettes toutes faites et s’adapter à l’année, à ses sols, à sa rotation et surtout à ses objectifs ».

Ne pas confondre les objectifs avec les moyens

Il insiste sur le fait que pour les agriculteurs, il y a souvent une grosse confusion entre les objectifs et les moyens. « Labourer n’est pas un objectif, le semis direct n’est pas un objectif, ce sont tous les deux des moyens pour essayer d’atteindre ses objectifs. Régler des soucis de désherbage, de compaction du sol, de minéralisation du sol… choisir la conservation du sol sont des objectifs ».
Le formateur a donc mis au point une grille d’aide à la décision. Cette grille se compose de cinq objectifs agronomiques :
• 1er objectif : ameublir le sol, fissurer, pour avoir un bon enracinement, privilégier une bonne exploration racinaire et une bonne infiltration de l’eau ;
• 2e objectif : contrôler l’enherbement, contrôler la concurrence des adventices ;
• 3e objectif : assurer une bonne minéralisation et un bon réchauffement du sol pour obtenir un lit de semences favorable à la germination et au développement de la plante grâce à l’accès aux minéraux ;
• 4e objectif : contrôler les ravageurs (mulots, limaces, nématodes...) et les résidus végétaux ;
• 5e objectif : conserver et régénérer son sol.
En face, il met les différents moyens pour y arriver : le labour, le TCS profond ou pseudo-labour, le TCS superficiel, le strip-till et le semis direct.
« Il n’y a pas de mauvais moyens, il y a un moyen choisi en fonction de ces objectifs. Il est également important de se poser la question : est-ce que je veux privilégier des moyens mécaniques ? Des moyens biologiques ? Des moyens chimiques ? Mais le labour a de belles années devant lui car la charrue est le seul outil au monde qui répond aux quatre premiers objectifs agronomiques en un seul passage. C’est le plus efficace pour répondre à ces attentes agronomiques à court terme. C’est en revanche la pire solution pour la conservation du sol car le labour déstructure le sol ».

Labour et vie du sol ne sont pas incompatibles

Mais l’expert précise que labour et vie du sol ne sont pas incompatibles quand il y a restitution importante de résidus végétaux. Interrogé par la revue Entraid, il précise que « le travail du sol favorise la minéralisation. Or l’enjeu du carbone stocké dans les sols concerne la matière organique. Le labour transforme une partie de la matière organique et la rend disponible. Il y aura donc un dégagement de CO2 et de CH4. On pourrait donc penser que plus on travaille un sol, plus on diminue le taux de matières organiques et moins on séquestre de carbone. Cependant des études de l’Inrae et d’Arvalis montrent que le taux de matière organique ne change pas avec le travail du sol. Il est plutôt observé une dilution de la matière organique dans les différents horizons ».
Le TCS profond s’approche du labour. Le choix se fera en fonction de l’importance des résidus, de la matière sèche à restituer et de la stratégie de désherbage.
Le semis direct est le moyen le plus efficace pour répondre à l’objectif de conservation des sols mais il ne répond mécaniquement à aucun des quatre premiers objectifs. Pour répondre à ces objectifs, l’agriculteur devra trouver d’autres solutions : des couverts végétaux très performants, une rotation efficace, un apport de matière organique exogène... Pour la minéralisation, il compensera par exemple avec des engrais localisés.

Arrêter les pratiques systématiques

« Il faut arrêter le combat car il n’y a pas de bons ou mauvais moyens de travailler le sol, il y a des choix à faire en fonction de ce que l’on veut atteindre. Il est indispensable de remettre du sens en faisant le choix de la méthode qui a les inconvénients qui accommodent le mieux l’agriculteur. Il n’y a pas de solutions miracles mais des compromis à faire ».
Julien Hérault pense d’ailleurs qu’il est absurde d’être en labour systématique autant qu’il est absurde d’être en semis direct systématique.
« En semis direct systématique, l’agriculteur se contraint au désherbage chimique. Par ailleurs, il a peut-être des problèmes de fissuration à régler en profondeur mais il n’intervient pas car il fait une fixation sur la conservation du sol. D’autre part, est-il nécessaire de labourer systématiquement tous les ans s’il n’y a pas de problème de fissuration constaté ? Il est intéressant de réfléchir à un labour adapté à sa situation : il n’est pas nécessaire de travailler à 30 cm si on a seulement un souci de désherbage. 15 cm suffisent. Et s’il y a des soucis de fissuration, il existe des outils qui permettent de ne pas perturber la surface ».

Attention à la multiplication des passages du sans labour

En agriculture biologique, le désherbage est le plus problématique mais le labour ne doit pas être pour autant systématique : si le problème ne concerne que des graminées, un TCS superficiel, déchaumage et binage, peut suffire. Évidemment, en présence de vivaces, un travail plus profond est nécessaire pour déraciner mécaniquement. « Le bio sans labour est possible mais attention à la multiplication des passages qui sont néfastes pour la conservation du sol ».
Face à des problèmes de désherbage qui obligent les adeptes du travail simplifié à de nombreux passages, la charrue déchaumeuse qui travaille à moins de 15 cm de profondeur peut être la solution car elle ne va pas perturber une structure qui est bonne en profondeur.
« Alors que le déchaumeur garde des résidus en surface, la charrue déchaumeuse effectue un retournement total. Entre un labour à 15 cm et un déchaumage à 15 cm, d’un point de vue conversation du sol, le bilan est proche ».
À côté de son travail de conseiller, Julien Hérault a une exploitation mixte dans les Deux-Sèvres. Il est en sans labour sur la partie bio et en semis direct sur la partie conventionnelle. « Sur ma partie conventionnelle, j’ai choisi de ne plus passer la charrue et de passer plus souvent avec des outils TCS profonds car mon objectif est la conservation de mon sol ».
En formation, il surprend souvent les agriculteurs venus chercher des réponses. « Je dis qu’il ne faut jamais viser zéro travail du sol. Car travail du sol ne veut pas dire seulement travail mécanique. Il y a le pool biologique qui fait un énorme travail : les couverts, les micro-organismes, la macrofaune… c’est ce que je vise sur mon exploitation mais certaines années, je suis mauvais et je suis obligé de reprendre un outil mécanique pour corriger. Il n’y a jamais de solutions toutes faites… ». •

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