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Plan de relance, un véritable levier pour la Normandie.

« Ne regardons pas passer les enveloppes », prévient Laurence Sellos, vice-présidente de la chambre régionale d’agriculture de Normandie et présidente de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Pour la profession agricole, le plan de relance est une opportunité qu’il faut saisir sans tarder.

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© Simon Huet

Est-ce que la profession agricole est satisfaite du montant de l’enveloppe dédiée à l’agriculture ? Comment ce secteur d’activité se porte-t-il après deux confinements ?

Nous estimons que nous avons été bien défendus par le ministre Julien de Normandie qui a obtenu 1,2 milliard d’euros pour l’agriculture, sur les 100 milliards du plan de relance national. 19 mesures ont été définies avec une enveloppe attribuée à chacune. Reconquérir notre souveraineté alimentaire, proposer une alimentation durable saine et locale pour tous les Français et accompagner les adaptations nécessaires au changement climatique sont les trois priorités. Le premier confinement a touché différents secteurs agricoles avec des pertes de chiffre d’affaires compliquées à estimer.

Cependant, par rapport aux commerces dits non essentiels, aux bars et restaurants, nous devons reconnaître que le secteur agricole n’est pas à proprement parler le plus sinistré. Aujourd’hui, nous sommes cependant inquiets pour les producteurs qui vendent des produits qui tournent autour des repas de fêtes. La fermeture des restaurants est toujours prégnante avec des baisses de chiffre d’affaires dans les secteurs de la pomme de terre industrie et celui de la viande. Les inquiétudes se portent à moyen terme sur la consommation des ménages hors et à domicile. Les GMS commencent à mettre la pression aux industries agroalimentaires lors des négociations commerciales, arguant une baisse généralisée du pouvoir d’achat.

Cela ne manquera pas de peser sur les prix payés aux producteurs.


Quand le contenu détaillé des 19 mesures sera-t-il connu ?

Les premières fiches action viennent de sortir, depuis le 2 décembre, et concernent pour le moment la structuration des filières : les gros projets de coopératives et les protéines végétales. La fiche action concernant le plan de modernisation des abattoirs va sortir le 15 décembre.

Concernant les mesures directement en faveur des agriculteurs, les premières fiches actions vont concerner les aides aux investissements en agroéquipements pour faire face au changement climatique et pour diminuer l’utilisation des intrants. Les appels à projet vont s’ouvrir le 4 janvier prochain. Les taux d’aides iront de 20 à 40 %. Il y aura une liste très précise des matériels concernés. Pour les autres mesures, les dispositifs suivront rapidement mais pour le moment nous n’avons pas de dates.


Quel va être le rôle des chambres d’agriculture ?

Dans le but de remplir leur mission d’information, les chambres d’agriculture vont communiquer très rapidement dès que la DRAAF sortira les fiches actions. Des moyens importants vont être mobilisés pour informer les agriculteurs. France Agrimer sera l’instructeur, les dossiers seront traités au fil de l’eau. Il n’y aura qu’un dossier par appel à projet. Quelques mesures sont adossées au Feader et passeront donc par la case instruction de la Région : le bien-être animal, la biosécurité, les plantations de haies. Les chambres pourront venir en appui administratif auprès des agriculteurs qui veulent monter un dossier, mais nous sommes battus pour un processus très simple et nous avons été entendus. Les dossiers seront à remplir  exclusivement sur internet. Bien sûr, il ne faudra pas hésiter à contacter et demander des informations à son conseiller chambre. Pour chaque mesure, un référent pourra répondre aux interrogations des conseillers.

A côté de l’appui administratif, les services des chambres auront également un rôle important d’accompagnement et de conseil plus ciblé sur les mesures. Citons par exemple le diagnostic du bilan carbone pour les jeunes agriculteurs, le diagnostic bien-être animal, le plan bâtiment… Nous allons devoir être hyper réactifs, il ne s’agit pas de regarder passer les enveloppes. C’est pour nous un vrai challenge pour permettre aux agriculteurs de s’engager dans des démarches d’amélioration.


Quelles conséquences sur le fonctionnement des chambres ?

Cette opportunité ne se représentera pas deux fois. C’est pourquoi nous faisons de ce plan de relance une priorité, qui nécessite une réaffectation des effectifs pour réussir ce challenge. Cela va nécessiter des arbitrages et bousculer un peu l’organisation durant plusieurs mois. Mais c’est un formidable levier ! Des opportunités pour la Normandie : le plan protéines végétales, le pacte biosécurité, le bien-être animal…

Il y a tellement d’attentes sociétales sur ces sujets. Et n’oublions pas les mesures en faveur d’un approvisionnement local des collectivités. Nous avons de grandes industries agroalimentaires en Normandie. Ce plan doit permettre de booster le développement des circuits de proximité.

Plan de relance, la chambre d’agriculture guichet principal.

La pandémie a révélé un besoin d’autonomie durable. Le plan de relance axe un pan majeur des investissements sur ce volet. Plan protéines végétales, soutien aux actions de recherche et développement, aide à la promotion des légumineuses. Plusieurs dispositifs à destination des collectivités sont également renforcés : soutien des circuits courts, valorisation des produits locaux dans les cantines, actions locales de formation à l’alimentation. Plus largement, le plan de relance vise la relocalisation des productions et de leurs débouchés aux côtés des collectivités (projets alimentaires territoriaux). Cette relocalisation passe également par un plan de modernisation des abattoirs et des bâtiments. Des aides à l’investissement sont prévues pour l’achat d’équipements modernisés et l’amélioration des bâtiments. Un focus autour des métiers et formations de l’agriculture sera promu. Une aide à l‘embauche de jeunes de moins de 26 ans pourra aller jusqu’à 4 000 euros (8 000 euros pour un apprenti).  Le plan de relance met l’accent sur le bio et la HVE. Les agriculteurs pourront alors accéder à plusieurs dispositifs d’aides, tels qu’un crédit d’impôt HVE exceptionnel pour une durée de 2 ans. Le crédit d’impôt bio est, lui, prolongé dans le cadre du projet de loi de finances 2021. En outre, la prime à la conversion des agroéquipements est disponible pour investir dans les matériels de désherbage mécanique, ainsi qu’en cas d’investissements collectifs (Cuma et GIEE). Une subvention sous forme d’un bon pour la réalisation d’un bilan carbone, en particulier pour les agriculteurs récemment installés, est aussi déployée. Enfin, des aides à la plantation de haies bocagères sont inscrites. D’autres sont prévues pour acquérir du matériel. Un soutien à l’investissement dans les équipements de protection face aux aléas climatiques est en œuvre. Les délais annoncés pour bénéficier des aides étant très courts, la réactivité est de mise.

Pour plus de renseignements, contactez le conseiller référent via : https://bit.ly/2Jdin5e, ou rendez-vous sur la page dédiée pour plus de détails sur les aides : https://bit.ly/33p8FDA.

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