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La mise en marché du blé, un défi pour la France

Avec des rendements en baisse et une production nationale de blé tendre à 29 millions de tonnes, un plan d’action pour la mise en marché s’avère nécessaire.

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© fg

«D’après nos données, nos calculs et sur la base des cours actuels, pour un blé tendre aux normes, le chiffre d’affaires atteindrait seulement 740 euros par ha. Cela est bien loin des 1 480 euros par ha qu’il faut en moyenne pour couvrir l’ensemble des charges d’une exploitation et prélever une rémunération de subsistance », a déclaré Michel Portier, directeur général d’Agritel, dans un communiqué du mardi 2 août. Le cabinet estime ainsi que malgré les aides compensatoires européennes, les céréaliers français auront un déficit minimum de 500 euros à l’hectare.

En plus d’une récolte de blé française 2016 catastrophique, les cours mondiaux sont au plus bas depuis 10 ans, ce qui plombe davantage la situation des producteurs de l’Hexagone. « La zone la plus sévèrement touchée s’étend du Nord-Picardie au Centre et de la Bourgogne-Franche- Comté en passant par l’Ile-de-France et la Champagne-Ardenne. L’Alsace et la Lorraine sont également particulièrement affectées », précise Agritel. En Haute-Normandie La baisse de production moyenne en blé tendre est estimée à -30 %, avec des différences selon les petites régions et selon les variétés.

La mauvaise récolte en blé est liée à des épis incomplets en nombre de grains, avec des fleurs qui ont avorté avec une proportion importante de grains fusariés. Cela conduit à une baisse de qualité donc des poids spécifiques qui diminuent, autour de 80, et un taux de protéines qui augmente. Les grains sont tachés, ce qui fait une qualité d’ensemble très moyenne.

Au niveau national

La production a été annoncée à 29 millions de tonnes par le ministère de l’Agriculture (voir encadré ci-dessous), contre les 38 millions habituels. La baisse estimée est donc d’environ 9 à 10 millions de tonnes. Parmi les grands producteurs, la France est le seul pays à avoir une récolte en diminution. La crainte des agriculteurs, c’est que cela risque d’handicaper certains marchés. Notamment celui de l’export sur les pays tiers, premier débouché pour les Haut-Normands avec le port de Rouen. Le défi qui attend la filière est d’arriver à satisfaire la demande des acheteurs réguliers (Moyen-Orient et Afrique principalement) avec une production amputée.

Ce sera néanmoins peut-être possible grâce aux 5,2 millions de tonnes de report de l’année 2015, qui devraient permettre de rassembler 20 millions exportables. Il faudra bien trier la récolte, les coopératives vont devoir optimiser le PS. Un sondage a été entrepris par Agritel entre le 27 juillet et le 8 août au sein des principaux organismes stockeurs (OS) représentant près des trois-quarts de l’assolement en blé tendre en France.

Sur les quatre critères retenus par les analystes (mycotoxines, taux de protéine, chute d’Hagberg et poids spécifique (PS)), ce dernier est le seul qui pose problème. « Il faut au minimum 76 kg pour 100 litres de blé. Au vu de la situation, c’est très difficile d’estimer mais on a peut-être 30% des blés seulement qui sont supérieurs ou égaux à 76kg ».

Les prix à attendre

La récolte du bassin de la Mer Noire est excellente en quantité et qualité. Le contexte du prix peut donc être sous pression car ce sont de sérieux concurrents sur les marchés des pays tiers. « Les pays de la Mer Noire et les Etats-Unis vont se positionner », assure Pierre Begoc, directeur international d’Agritel. Alors que les prévisions d’Agritel affichent un rendement moyen national à 5,48 t/ha (2016-2017) contre 7,39 t/ha sur la moyenne quinquennale, du jamais vu selon les professionnels depuis 30 ans, la production mondiale est estimée à +23,26 Mt comparée aux cinq dernières années. Elle devrait s’établir entre 725 et 730 millions de tonnes. Plus 15 Mt en Russie, +6,6 Mt en Chine, +4,7 Mt aux USA, +0,6 Mt au Canada, +2,5 Mt en Ukraine… Les cours mondiaux vont donc rester bas.

Sur le marché intérieur, on peut imaginer une petite pression haussière sur les prix. L’Italie, l’Espagne et le Portugal ont souffert de la sécheresse et leur récolte a donc chuté, la France devrait pouvoir les approvisionner. Il restera néanmoins 8 millions de tonnes de blé fourrager pour lesquels il faudra mettre en place un marché domestique.

Il n’y a pas que la France qui est touchée, mais aussi la Belgique, le nord de l’Allemagne et la Grande- Bretagne. Syndicats, coopératives, banques, mutuelles et chambres d’agriculture doivent se réunir le 1er septembre pour trouver des solutions pour passer ce cap. « Le besoin de trésorerie pour une exploitation moyenne sera de l’ordre de 1000 euros/ha », analyse Agritel, faisant la somme des 500-600 euros de pertes sur la récolte 2016 et le besoin d’investissement pour la saison prochaine à somme quasi équivalente. Un plan global de refinancement de l’agriculture pour toutes les productions est vivement attendu par la profession agricole.

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