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Être vétérinaire pendant le confinement.

Urbain ou rural, vétérinaire est un métier difficile. À quelques jours du déconfinement, Benoit Grosfils analyse une crise sanitaire qui laissera des traces.

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© Bernard Griffoul

Depuis la mi-mars, les vétérinaires sont studieux et appliqués,« car on leur a demandé de rester ouverts, de faire les urgences et de reporter tout ce qui peut l’être » déclare Benoit Grosfils le Président du conseil de l’ordre des vétérinaires de Normandie. Seulement, selon le praticien « cela a posé des problèmes au niveau de la gynécologie des juments en pleine saison, des vaches parce que ce n’est pas urgent alors que les inséminateurs continuent à en faire ou encore pour les vaccinations des chiens quand on dépasse les dates des rappels ». Malgré la poursuite de la prophylaxie, il s’interroge aussi sur « la certification des bovins qui partent à l’étranger. Cela parait bizarre ce mélange de l’urgence économique vis-à-vis du médical ».

 

Apprendre à travailler différemment

Malgré cela, l’ordre des vétérinaires a donné des préconisations pour les cabinets et la pratique en ferme :« recevoir les clients un à un pour conserver la distanciation sociale et assurer les gestes barrières. Nous avons aussi tous réclamé la téléconsultation encadrée pour une téléexpertise afin d’échanger avec les spécialistes et pour le suivi de dossier avec les clients. L’ordre national a déposé un projet au ministère de l’Agriculture. Le dossier est passé le 8 avril en Conseil des ministres et sera débattu au Conseil d’Etat fin avril pour une dérogation de six mois. Cela aurait été bien trois semaines plus tôt, mais cela permettra tout de même d’essayer pour le futur » explique Benoit Grosfils.

 

Vers un déconfinement progressif

À l’annonce du président de la République Emmanuel Macron, celui du Conseil de l’Ordre des vétérinaires de Normandie a bien retenu la date du 11 mai. Selon lui, les instances ordinales « aimeraient bien que ce soit un déconfinement progressif toujours dans le respect des gestes barrières et la distanciation sociale. Conserver pendant encore des semaines l’accueil individuel des clients afin que chacun puisse se prémunir et s’équiper. Ensuite, pour la pratique, autoriser tous les actes ».

 

Une expérience épuisante

Avec 25 ans d’expérience, le vétérinaire tire de cette période le sentiment « d’avoir prêché dans le désert. La majorité des professionnels ont bien réagi, mais il y a toujours des cas. Ceux qui s’en moquaient ! Nous avons été exemplaires dans la région même si le retour ne fut pas à la hauteur. Nous avons voulu prêter des respirateurs. A priori, il y en avait trop, ils n’ont pas été demandés. On a proposé de participer à la réserve sanitaire, on n’a même pas eu un demi-mail d’accusé de réception. Il y a une dizaine de jours, j’ai écrit au président de Région Hervé Morin pour lui demander des masques. Toutes les régions ont été dotées sauf nous. J’attends toujours la réponse (interview réalisé le lundi 27 avril). Il sera difficile d’envoyer les salariés au casse-pipe sans équipement de protection ! ».  Pour conclure, Benoit Grosfils affirme que la profession va souffrir. « Moins dans le rural que l’urbain et surtout l’équin. Je pense que la crise va achever les cabinets à la limite de la rentabilité. Les plus fragiles ne passeront pas l’année. Notamment, chez les vétérinaires ruraux. La crise va les pousser vers la sortie ».

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