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Ecophyto II+ : 331 projets financés en Normandie

À Saon (14), Arnaud Pignolet (EARL des Bidots) s’est engagé en 2021 et pour cinq ans dans le dispositif Paiement pour services environnementaux en agriculture (PSE). Une suite logique aux CTE (2000) et Maec (2016) visant à des pratiques plus respectueuses de l’environnement et plus particulièrement de l’eau. Le 27 octobre dernier, il a ouvert les portes de son exploitation aux différents acteurs. 

Cent-quarante-et-une dans la Manche, 36 dans l’Eure, 56 en Seine-Maritime, 50 dans l’Orne et 48 dans le Calvados dont l’EARL des Bidots dans le Bessin... 301 exploitations normandes se sont engagées dans Ecophyto II+ dont l’objectif est la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Un investissement global de 11,5 M€ en bineuse, houe rotative, herse étrille et tout le matériel inhérent à la chaîne verte. À la barre l’État avec la Draaf à l’échelon régional, l’Agence de l’eau Seine-Normandie pour sa contribution financière (plus de 4 M€), les Chambres d’agriculture pour leur contribution technique et un accompagnement de proximité en partenariat avec les syndicats d’eau locaux. Tous ces acteurs se sont retrouvés le 27 octobre dernier en plein cœur du territoire du syndicat d’eau potable du Molay-Littry (14) où pâturent les 150 vaches (principalement des Montbéliardes) de l’EARL des Bidots.

Plus de prairies

Dernier investissement en date sur l’exploitation, une faneuse de 9 mètres (aide de 35 % de l’Agence de l’eau). Un investissement individuel et pas en Cuma comme d’autres matériels « parce que tout le monde en a besoin en même temps », justifie Arnaud Pignolet. C’est qu’ici, le vert des prairies domine : 30 ha de permanente et 45 ha de naturelle avec pâturage du 15 avril au 15 octobre. Mais le vert du maïs n’a pas pour autant totalement disparu. « Avant la Maec, j’en semais 55 ha. Depuis, 28 ha sont repartis en prairie, mais on ne peut pas totalement se passer du maïs. » Dans ce coin de marais, le maïs n’est pas le petit vilain canard qu’il faut arroser et que l’on traitait jadis à l’atrazine. Laurent Boissel, président du Syndicat intercommunal d’alimentation en eau potable (Siaep), s’en souvient : « un enjeu depuis 20 ans. La situation évolue dans le bon sens ». Preuve que les techniques ont évolué. « Je fais du maïs derrière une prairie sans traitement », insiste Arnaud Pignolet. Pour cela, il joue sur les dates de semis et le désherbage mécanique. « Pour remplacer un herbicide, il faut toute une panoplie de matériels », rebondit-on du côté de la Chambre d’agriculture. Il faut aussi un peu compter sur le ciel. 
Sur cette zone d’alimentation des captages de la source Saint-Clair et des Gosselines, 31 agriculteurs se sont engagés (correspondant à plus de 60 % des surfaces). Le PSE a permis d’embarquer quelques volontaires supplémentaires. « Un dispositif moins normé et qui s’adapte à un contexte spécifique », font remarquer ses promoteurs. « Quand c’est simple, ça marche, avance pragmatique Jean-Yves Heurtin, président de la Chambre d’agriculture du Calvados. Il est important de donner de la souplesse pour proposer quelque chose qui nous ressemble », mais de regretter que « pour Ecophyto 2030, on n’est pas consulté »
Du côté de la Draaf, l’objectif affiché est de massifier les pratiques vertueuses. Cela passe aussi par la formation (sept exploitations d’établissement d’enseignement agricole dans les réseaux Dephy) et l’information à travers les 180 Bulletins de santé du végétal (BSV) qui fédère huit filières, 50 structures partenaires, 220 observateurs, 620 parcelles et 6 300 observations. Et par le bio ? Ce n’est qu’une partie de la réponse, mais il ne faut pas le faire à marche forcée. Sans opposer les styles, Arnaud Pignolet considère « qu’on peut faire aussi bien en conventionnel qu’en bio. Il suffit de bien travailler ou travailler différemment ». Depuis qu’il s’est installé en 1997, il n’a jamais utilisé de glyphosate, mais il ne se l’interdit pas. Et de conclure : « ma fierté réside dans mon engagement actif envers la préservation de notre ressource en eau. Je suis résolu à poursuivre l’innovation, à prendre part aux essais de culture et à continuer de partager mes pratiques comme cela a été le cas lors de nos journées portes ouvertes en 2023 ». • 

 

Le budget initial a été augmenté de manière significative atteignant ainsi 1,51 M€ de plus que le budget prévu grâce à une judicieuse mutualisation à l’échelle du bassin. Cela démontre l’efficacité de notre collaboration régionale et surtout la volonté des exploitants agricoles, et notamment des éleveurs, de réduire leur impact environnemental partout sur le territoire. »

Ludovic Genet, directeur territorial et maritime des bocages normands à l’Agence de l’eau Seine-Normandie 

Ecophyto 2030 : le gouvernement présente les grandes lignes et lance la consultation

Le gouvernement a soumis à consultation sa stratégie Ecophyto 2030 aux parties prenantes le 30 octobre. Ces dernières devront réagir par écrit d’ici le 30 novembre. Ecophyto 2030, qui prendra le relai d’Ecophyto II+ en avril prochain, réaffirme « l’ambition de diminuer de 50 % l’utilisation des produits phytosanitaires à l’horizon 2030, par rapport à la période 2015-2017 », a indiqué le ministère de l’Agriculture. Composé de cinq axes, le futur plan vise tout d’abord à « accélérer la recherche d’alternatives pour se préparer à la réduction du nombre de substances actives » au niveau européen. Pour cela, les huit groupes de travail constitués en mai devront présenter des plans d’action au comité interfilières mi-décembre, pour un déclenchement en plusieurs vagues dont la première début 2024. Les autres axes d’Ecophyto 2030 consistent à accélérer le déploiement des solutions agroécologiques ; mieux connaître les utilisations et les risques associés sur la santé et l’environnement ; renforcer la recherche et l’innovation; et territorialiser la stratégie. Côté budget, une enveloppe supplémentaire de crédits France 2030 « est en cours d’arbitrage ».

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