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Aller chercher de la technicité et être au quotidien avec les animaux

Jeune éleveur installé hors cadre familial depuis neuf ans sur une exploitation laitière du pays de Bray, Augustin Guéroult planche aujourd’hui sur l’amélioration génétique de son troupeau et la valorisation de son lait.

Augustin Guéroult s’est installé en système polyculture-élevage laitier en 2013. Il fait partie de ces quelques jeunes qui se lancent aujourd’hui dans l’élevage laitier sans antécédents familiaux. « Mon père était agriculteur mais n’avait pas d’élevage. La ferme familiale était en face du lycée agricole de Brémontier-Merval et dès l’âge de huit ans j’allais à la ferme du lycée, les aider à traire. Durant mes premières années d’études, je me suis intéressé à d’autres productions, mais en fin de parcours, mon objectif était de m’installer en production laitière et de développer une exploitation de type familial ».
Après ses études d’ingénieur à UniLaSalle Beauvais, le jeune homme a l’opportunité de s’installer sur une ferme laitière à Beauvoir-en-Lyons. En 2016, il s’agrandit avec la reprise d’une ferme laitière à Brémontier-Merval.
« En 2018, j’ai agrandi et aménagé le bâtiment existant sur le site de Brémontier-Merval. J’ai investi dans un raclage automatique, j’ai passé la salle de traite à 2 x 11 postes. J’ai modifié les accès à l’exploitation. En 2021, j’ai installé un distributeur automatique de concentré (DAC) afin de mieux optimiser la ration en fonction du niveau de production. Mon prochain investissement concernera l’installation de traite car aujourd’hui, le temps de traite, 3 heures et demie, est limitant. Je l’envisage dans une dizaine d’années ».

Complémentarité vertueuse entre élevage et culture

Aujourd’hui, l’éleveur gère un troupeau de 150 vaches à 8 500 litres de lait en moyenne, alimentées principalement par l’herbe des prairies et les cultures produites sur l’exploitation : maïs ensilage et maïs grain, luzerne en foin et ensilage, ensilage de trèfle violet, et un peu de céréales. Sur les 60 hectares de pâtures, 15 sont accessibles aux vaches. « Il y a une distribution à l’auge toute l’année. Les animaux sortent plus pour profiter de l’extérieur. Je préfère garder les effluents pour fertiliser mes cultures ».
Trois salariés et un ouvrier occasionnel travaillent sur l’exploitation. L’organisation du travail de chacun a été calée, entre la traite, les travaux de plaine, l’alimentation des animaux, la partie entretien et mécanique. Le jeune homme admet que de gérer de la main-d’œuvre n’est pas évident d’autant qu’il est seul associé sur l’exploitation. « Le coût de la main-d’œuvre oblige à avoir un système performant au niveau de l’organisation du travail. Le management reste complexe. Je vais d’ailleurs suivre une formation sur cet aspect prochainement, car pour qu’un système perdure, il faut que chacun y trouve son compte ».
« Jusqu’alors, l’objectif était de stabiliser le système au niveau sanitaire et d’augmenter l’efficacité du travail. Aujourd’hui, il est d’améliorer le niveau génétique du troupeau et d’aller chercher une meilleure valorisation du lait », explique Augustin qui fait partie des groupes lait du contrôle laitier et de la Chambre. Il est également au conseil d’administration de l’Oplase.

Vivre et rémunérer la main-d’œuvre

Augustin Guéroult reconnaît qu’à l’époque de son installation, il n’avait pas imaginé la nécessité de mobiliser autant de capitaux. « Ce qui me plaît dans la production laitière est cette complémentarité entre élevage et culture. Elle me semble très importante pour la diversité des assolements et la fertilisation des cultures de vente. Je suis attiré par la technicité de l’élevage laitier. Il est toujours possible d’aller chercher des améliorations. Par conséquent les investissements ne s’arrêtent jamais et il est donc difficile de souffler économiquement », admet le jeune homme qui espère toujours avoir de meilleures années de rémunération même s’il a de plus en plus de mal à y croire quand il voit le comportement de la grande distribution. « La prise de conscience du consommateur qu’un jour on pourrait manquer de lait nous permet d’avoir des prix de vente plus élevés mais les charges ont également beaucoup augmenté. Il faut pouvoir en vivre et pouvoir bien rémunérer les salariés. Les élevages demandent de plus en plus de technicité, il nous faut des compétences qui doivent être reconnues ».
« J’ai appris la technique grâce à mes stages et à un certificat de spécialisation en élevage laitier à Canappeville (Eure). La formation d’ingénieur m’apporte plutôt sur la partie gestion et organisation du travail. Elle me permet de prendre du recul sur mon métier, pour savoir si je vais dans la bonne direction. C’est important. On a toujours réussi à traverser les crises mais en matière de rémunération du lait, on nous donne tout juste ce qu’il faut pour vivre, pas plus pour améliorer nos conditions de vie ».
Pour le jeune homme, il s’agit d’un débat politique qui tourne autour de l’accessibilité à une alimentation à un coût raisonnable et à une juste rémunération du producteur. •
 

 

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