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« Nos deux priorités : adaptation et attractivité »

La Journée mondiale du lait se tient le 1er juin. Caroline Le Poultier, directrice générale du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), revient sur cet événement et répond aux questions d'actualité.

En quoi et comment le Cniel s’est-il investi ?

Caroline Le Poultier : Le Cniel s’investit depuis de nombreuses années dans cette journée initiée par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Nous nous y associons comme la quarantaine d’autres pays et la Fédération internationale du lait (FIL) qui y participent. C’est pour nous l’occasion d’accroître la visibilité des acteurs de l’interprofession laitières, sous toutes ses facettes, auprès du grand public. Nous souhaitons à travers cette journée montrer notre fierté, et la vocation nourricière de l’ensemble de la filière.

Quelles actions concrètes allez-vous mener ?

C. L. P. : Nous menons une campagne appelée “France Terre de Lait, nourrir aujourd’hui et demain”. Pour incarner cet engagement des producteurs, des transformateurs privés et des coopératives, et aussi des distributeurs, restaurateurs, fromagers, le Cniel a également créé avec le média business of bouffe deux podcasts où le dialogue entre acteurs est à l’honneur. Nous avons aussi réalisé une vidéo et une infographie sur l’attractivité du métier qui pour nous est un enjeu fondamental. N’oublions pas que ce sont, en France environ 300 000 professionnels qui sont engagés au quotidien pour produire du lait et fournir des produits laitiers bons, sains et accessibles à tous les Français.

L’initiative de Syndilait d’ouvrir les portes de ses usines est-elle une bonne idée ?

C. L. P. : Bien entendu. C’est ce syndicat qui, historiquement, a été le premier à se saisir de cette journée mondiale pour communiquer aussi bien en interne qu’en externe. Malgré quelques contraintes techniques, car tous les sites industriels ne disposent pas de couloirs de visite dédiés, le succès est au rendez-vous. Pour que la sensibilisation soit totale, certaines laiteries ont fait appel au Cniel pour mettre en place des outils pédagogiques, afin que les plus jeunes puissent voir le cycle du lait, notamment la traite.

Même si le marché reste important en France, la consommation de lait recule un peu plus tous les ans en volume ? Si l’on conjugue ces chiffres avec la baisse du cheptel laitier (300 000 vaches en 10 ans) et celui de la chute du nombre d’exploitations spécialisées en lait, quel est l’avenir de l’élevage laitier en France ?

C. L. P. : Le défaut d’attractivité de nos métiers pourrait constituer un handicap à plus ou moins long terme. Il est certain qu’aujourd’hui, la baisse de production prend le pas sur le recul de la consommation. Nous pourrions avoir du mal à enrayer cette spirale et le risque existe de perdre une partie de notre souveraineté et de notre vocation exportatrice. En 2022, le solde commercial pour le commerce extérieur des produits laitiers et à base de lait s’est élevé à 3,4 milliards d’euros. Nous savons que ces équilibres restent malgré tout fragiles.

Ne craignez-vous pas de devoir importer des produits ne respectant pas certaines normes françaises et européennes ?

C. L. P. : Ce risque n’est pas à négliger sur le long terme, en particulier sur les produits transformés qui incorporent des ingrédients comme la poudre de lait. Cependant, les volumes restent faibles et la filière laitière française reste dynamique pour délivrer au consommateur français et européen des produits sains et de qualité.

Quelles sont les actions que le Cniel peut mener, dans son périmètre, pour maintenir cette excellence française ?

C. L. P. : Nos deux priorités sont l’adaptation au changement climatique, avec un volet décarbonation et l’attractivité des métiers. Nous travaillons sur le premier champ d'action en étroite collaboration avec les lycées agricoles, les écoles de laiterie, nous avons également développé une importante campagne de communication multicanale, en particulier à la télévision et sur les réseaux sociaux, avec pour cible principale, la génération Z (nés après 1995) élevée aux films d’animation 3D et aux mangas : One Piece, Demon Slayer, MyHero Academia. C’est pourquoi le Cniel a eu l’idée de sensibiliser cette classe des 13-25 ans à travers un manga et un spot publicitaire qui s’inspire de la bande-dessinée japonaise*, avec un relais avec des influenceurs que ces jeunes suivent régulièrement sur Twitter, Instagram, Twitch...

Les retombées de cette campagne sont-elles bonnes ?

C. L. P. : Oui, elles le sont. Concernant le manga, l’éditeur estimait qu’à partir de 7 000 exemplaires vendus, c’était un best-seller. Il s’en est vendu 10 000 en plus des 5 000 distribués par le Cniel sur les différents salons dont celui de l’agriculture. La filière laitière a pu, grâce à ce support, s’installer dans l’univers des mangas. Ce premier manga aura une suite et le deuxième tome devrait sortir à la fin de l’année. Depuis le 14 mai, nous avons relancé une campagne de publicité pour environ un mois en mettant en avant le spot sur l’ambition environnementale de la filière qui avait reçu un bon accueil de la part du public lors de la première campagne lancée en février dernier.

Quelles sont vos actions en matière de promotion et d'information sur le lait et les produits laitiers ?

C. L. P. : Avec les financements communautaires, nous accompagnons l’Union européenne dans la campagne de valorisation du lait et des fruits et légumes à l’école. Ces actions se prolongent aussi à travers les fermes pédagogiques qui mettent en valeur les métiers de la production laitière. D’une manière générale, malgré les difficultés que la filière peut connaître, le Cniel répond présent pour valoriser la production laitière d’un bout à l’autre de la chaîne.

Nutri-Score vient de reclasser le lait autrefois aliment, en "boisson" ? Quelle est votre réaction ?

C. L. P.  : Il apparaît aux acteurs du secteur qu’une telle modification ne se justifie ni au regard des définitions des recommandations alimentaires, ni au regard du profil nutritionnel du lait et de la réalité de ses usages, et représente un risque sérieux de santé publique en incohérence avec les politiques publiques de santé. Déclasser le lait de consommation d’aliment à boisson est un non-sens nutritionnel et une incohérence sanitaire ! •

(*) D’autant plus que la France est le deuxième pays au monde qui consomme le plus de mangas après le Japon et devant les États-Unis.

 

 

 

 

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