Cultures
Le colza érucique : les mérites d’une filière maîtrisée et locale
Avec 45 % de teneur minimale en acide érucique, l’huile de ce colza est destinée au marché de l’oléochimie (détergent, solvant, lubrifiant, cosmétique, agrochimie, pharmacie ou encore peinture).
Avec 45 % de teneur minimale en acide érucique, l’huile de ce colza est destinée au marché de l’oléochimie (détergent, solvant, lubrifiant, cosmétique, agrochimie, pharmacie ou encore peinture).
A contrario du colza 00 (“double 0”), le colza érucique n’est pas destiné à l’alimentation humaine ou animale. C’est d’ailleurs pour cette raison que de grandes précautions sont prises pour ne pas mélanger les lots. Des mesures d’éloignement de parcelles entre le colza à destination alimentaire et le colza érucique sont mises en place. Pour en savoir plus sur la culture du colza érucique et son marché, la rédaction a interrogé (voir ci-dessous) Pierre Ouvry, directeur du pôle agri chez NatUp, qui fait le lien entre les agriculteurs et la coopérative, et Jean-Philippe Dagneau, en charge de la commercialisation des huiles chez Pollen, premier producteur européen d’huile de colza érucique pour les marchés de la chimie et des lubrifiants renouvelables, basé à Rouen. Ensemble, ils travaillent au développement de la filière colza érucique dont l’huile est riche en acide érucique, le C22 (22 atomes de carbone, NDLR), qui en fait sa particularité. Cette huile sera utilisée à des fins industrielles pour remplacer les ressources fossiles dans l’élaboration de détergent, solvant, lubrifiant, cosmétique, agrochimie, pharmacie ou encore peinture.
Sébastien Verhaeghe, gérant de la SCEA de la Butte du moulin, à Saint-André-sur-Cailly
J’ai commencé dès les premières années de lancement de la filière par NatUp
Propos recueillis par Blandine Huré
Pierre Ouvry, directeur du pôle agri chez NatUp, et Jean-Philippe Dagneau,
en charge de la commercialisation des huiles chez Pollen
J.-P. D. « NatUp et Pollen sont les leaders européens de la production de colza érucique. C’est un marché exceptionnel pour lequel la demande ne fait que progresser. C’est une filière historique pour la coopérative, développée localement et ancrée sur le territoire. La force de cette filière est d’aller jusqu’à l’extraction des huiles que nous faisons sur le territoire avant de la commercialiser quasi-exclusivement en Europe : on peut presque parler de filière courte. Il faut veiller à ne pas perdre notre position forte sur ce marché de niche. »
P. O. « Tout d’abord les agriculteurs craignent de devoir choisir entre le colza érucique et le colza 00, mais il est tout à fait possible de faire les deux. Il faut simplement veiller à ne pas mélanger les lots. Notamment lors du stockage de la production, qui peut se faire en ferme. Il faut également savoir que le colza érucique est une variété précoce, ce qui peut permettre aux agriculteurs d’échelonner leur travail en plaine. Certains agriculteurs s’interrogent également sur la rentabilité de la filière et ils ont raison : notre objectif est de leur assurer une rentabilité au travers d’une amélioration des variétés que nous leur proposons, mais aussi au travers d’une prime liée aux débouchés que nous avons et qui nous permettent de leur proposer, pour un engagement sur cinq ans, jusqu’à 100 euros de la tonne. Si certains sont tentés par des prix fermes quand le marché est haussier, la valorisation que nous leur assurons en Cap Duo a toujours été supérieure à celle d’un colza 00. Enfin concernant le taux érucique à respecter dans le colza produit, il est rare de voir des productions n’ayant pas atteint ce taux. »
I.-P. D « On pourrait trouver de l’acide érucique dans la moutarde mais ce n’est qu’un surplus de la production alimentaire, essentiellement basée en Inde ou au Pakistan, et pas à destination de l’Europe. La production est donc aléatoire et victime d’un vrai problème de qualité. »