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Guerre des images : un éleveur débat avec une militante de L214

Ouest-France a organisé un débat lundi, sur l'élevage et l'alimentation intitulé « Terre 2017 ». Antoine Thibault, éleveur dans l'Eure et Brigitte Gothière, porte parole de L214, y ont échangé leurs points de vue.

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Antoine Thibault, a été convié par le journal à débattre avec Brigitte Gothière, porte-parole de l'association anti-viande L214 et Jean-Louis Peyraud, chercheur à l'Inra.
© D.R.

Le quotidien Ouest-France a organisé, en marge du Space, à Rennes, une journée de tables rondes sur le thème de l'élevage et de l'alimentation lundi 11 septembre, « Terre 2017 ». Un éleveur eurois, Antoine Thibault, a été convié par le journal à débattre avec Brigitte Gothière, porte-parole de l'association anti-viande L214 et Jean-Louis Peyraud, chercheur à l'Inra. Cet éleveur est connu sur les réseaux sociaux sous le pseudo agriskippy, car il poste des vidéos sur Youtube montrant ses pratiques d'élevage dans sa ferme située dans le secteur de Breteuil. Il se décrit lui-même comme un « producteur laitier qui n'aime pas les clichés sur l'agriculture ».

Mal-être des éleveurs
Dans la salle, juste avant la table-ronde, des représentants de la FRSEA Bretagne se sont levés et sont intervenus pour « exprimer notre mal-être face aux attaques injustes de L214 », par la voix de Thierry Coué, le président. « Un éleveur est quelqu'un qui aime ses animaux. Aujourd'hui, ils sont blessés, parfois victimes de burn-out parce que remis en cause dans l'existence même de leur métier ».
L'intitulé de la table-ronde à laquelle a participé Antoine Thibault était « la guerre des images ». L214 s'est fait connaitre en tournant des vidéos dans les abattoirs pour dénoncer certaines pratiques, diffusant ensuite les images sur les réseaux sociaux. « Distribuer des tracts ne menait à rien alors on a misé sur les médias sociaux », admet Brigitte Gothière. L214 compte 28 000 adhérents qui se déclarent « abolitionnistes » de l'élevage en France. Agriskippy, lui, filme ses animaux et son quotidien dans sa ferme pour montrer que ses vaches sont bien traitées et heureuses. « Je suis éleveur, j'aime mes animaux, je les soigne, ils n'ont jamais faim. Je ne supporte pas de les voir souffrir », explique-t-il. « J'ai commencé à tourner des vidéos parce que la profession agricole était peu visible sur les réseaux sociaux ». Il admet qu'il a trois sortes de publics qui le suivent : « les professionnels qui me soutiennent, les vegan qui me traitent de criminel mais plus intéressant, le grand public qui pose des questions pour se faire leur propre opinion ».

Un élevage légitime ?
Lors du débat, Antoine Thibault n'a pas hésité après diffusion de ses vidéos, à demander à Brigitte Gothière si « un élevage comme le mien peut exister » aux yeux de L214. « Un élevage comme le vôtre peut rester à condition de ne pas envoyer vos animaux à l'abattoir », lui répond-t-elle. « C'est important, nous explique l'éleveur après-coup, car elle a exprimé à demi-mot une légitimité de mon élevage ».

L'histoire de Jasmine
Antoine Thibault lui raconte alors l'histoire de sa vache Jasmine, qu'il a voulu conserver jusqu'à ses treize ans, même si elle ne produisait plus. Elle avait de l'arthrose et ne pouvait plus se coucher et se lever correctement à la fin de sa vie et l'éleveur, assistant à son agonie, a fini par la conduire à l'abattoir. Les agriculteurs qui subissent les critiques des vegan, voire des insultes, sont victimes d'une méconnaissance totale de l'élevage par ces militants.

Des professionnels de la filière bovins viande questionnés lors d'une table ronde au sujet de l'émoi suscité par les vidéos anti-viande

Le sujet du bien-être animal était également celui de la table-ronde du congrès d'Elvea France le 7 septembre à Bagnoles-de-l'Orne-Normandie. Les professionnels de la filière bovins viande ont été témoins de débats constructifs et respectueux.  L'animateur, Pascal Berthelot, a demandé aux invités « Pourquoi les vidéos anti-viande provoquent autant d'émoi ? ».
Climat de suspicion
Pour Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine, « la société s'est urbanisée. Les gens ont de moins en moins de contact avec nos métiers et nos pratiques. »
Ghislain Zuccolo, directeur général de l'ONG Welfarm explique : « il y a eu plusieurs crises alimentaires, dont celle de la vache folle. Il existe un climat de suspicion. »
Pour Alix de Turckheim, vétérinaire et référente bien-être animal chez Charal, « la cible de L214 est le maillon d'abattage. Peu importe les conditions d'élevage, la mise à mort d'un animal impressionne. Il y a du bruit et du sang. Nos portes sont ouvertes, on invite des maillons de la filière à visiter les abattoirs. Mais nous faisons attention à qui y rentre à cause de l'idéologie
vegan. »
Méconnaissance des pratiques d'élevage
Comme pour le débat organisé par Ouest-France, c'est la méconnaissance des pratiques des éleveurs qui pose problème, alors qu'il y a eu des évolutions. « Les vaches de mon grand-père étaient entravées et avaient 2 mètres carrés. Aujourd'hui, dans les bâtiments l'hiver, la surface est multipliée par sept. Mais nous n'avons pas su en parler autrement que comme des grands bâtiments subventionnés. », estime Alain Ich, président d'Elvea du Tarn-et-Garonne.
Du côté des éthologues, spécialistes du comportement animal et de la relation homme/animal, Amélia Warin explique :
« La société ne se pose plus la question de pourquoi on parle de bien-être animal ni s'il existe. Aujourd'hui, on se demande comment on fait pour le respecter. »

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