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Questions à Clotilde Eudier, agricultrice et vice-présidente de la Région Normandie, en charge de l’agriculture.
Contrat de transition en Normandie : « Oser prendre les devants »

Clotilde Eudier, 3e vice-présidente de la Région Normandie, a répondu aux interrogations sur la mise en place de la Maec forfaitaire "transition des pratiques" et explique pourquoi les agriculteurs devraient s’en saisir.

© Thierry Guillemot

La Région a lancé une Maec forfaitaire “transition des pratiques”. À ce titre, pourquoi avoir mis l’accent sur la réduction des IFT ?

« Parce qu’il faut qu’on arrive à réduire nos IFT et ce, avant que le réglementaire ne nous contraigne. Alors autant anticiper ! Peut-être que si nous avions effectué ce travail en amont sur les néonicotinoïdes, nous ne serions pas en train de boire le bouillon ».

Et l’autonomie protéique ?

« L’autonomie protéique, c’est quelque chose que l’on porte depuis des années au sein de la Région Normandie.
Diminuer la dépendance aux importations alimentaires et animales va de pair avec notre grand programme sur les légumineuses et la réintroduction de lentilles, de soja et de protéines végétales sur nos exploitations. […] C’est important de mener des essais et des recherches variétales pour nous adapter face au changement climatique. Peut-être que la lentille ou le soja auront de l’avenir demain en Normandie. »

Mais aussi sur le carbone ?

« De la même manière qu’il faut réduire les IFT, il faut baisser les émissions de gaz à effet de serre. […]
En tant qu’élue locale, j’ai été contactée par des faiseurs de réseaux de chaleur qui sont très intéressés par la plantation de haies. C’est ce que je dis aux EPCI :
vous arriverez à faire replanter des haies aux agriculteurs si vous arrivez à leur vendre le modèle économique. »

Pourquoi ne pas avoir choisi de lancer une mesure surfacique ?

« On a voulu raisonner en termes d’exploitation et non de surface parce qu’il existe déjà bon nombre d’aides dans ce sens. Mais surtout, c’est un changement que l’on souhaite vraiment au sein de l’exploitation. Instaurer une transformation sur seulement 50 ha, plutôt que sur l’ensemble de la ferme, ça n’a pas de sens. Il faut que ce soit un projet sur le long terme ! »

Le contrat est sur cinq ans. C’est une durée idéale selon vous ?

« Ça permet de laisser le temps à l’agriculteur de pouvoir changer ses pratiques, de voir comment ça évolue. Il y aura peut-être un peu de pertes [du nombre d’agriculteurs engagés, NDLR] en cours de route, parce que certains vont se rendre compte qu’ils ne peuvent pas atteindre leurs objectifs. »

Un diagnostic est obligatoire tout au long de l’engagement.

« Le diagnostic de base est là pour évaluer les marges de manœuvre, en fonction de l’exploitation, des cultures. Il suffit parfois de changer des choses simples. Sur ma ferme, nous avons des pommes et des betteraves. On a commencé à ratisser, ce qui nous a permis de gagner des points en diminuant les IFT par exemple. Deux autres rencontres pendant et au bilan ont lieu. »

Comment avez-vous fixé le montant à 18 000 euros ?

« Un agriculteur qui me parle de s’engager dans la certification Haute valeur environnementale (HVE) ou dans une Maec transition aura probablement besoin de s’équiper. Voilà pourquoi on a tablé sur 18 000 euros sur cinq ans. Ce montant forfaitaire est établi sur la base des surcoûts qu’on a pu observer, à la fois avec le réseau des Cuma, mais aussi sur ce qu’on a pu retenir de notre expérimentation glyphosate. Les coûts supplémentaires engendrés par l’arrêt de l’herbicide sont de cet ordre-là. »

Quels types d’exploitations peuvent prétendre à déposer un dossier ?

« Les profils sont assez larges. Ça peut être autant des personnes déjà engagées sur des transitions, que des personnes qui partent de zéro. Nous ne sommes pas tous égaux dans la transition agroécologique. […]
Il y a certains agriculteurs qui ne partent pas de rien, qui ont déjà fait des diagnostics de carbone sur leur exploitation. Tous ces dossiers, on les prend, on garde l’existant. Autrement, on oriente l’agriculteur pour
qu’il soit conseillé sur ce qu’il y a à mettre en place sur l’exploitation et pour suivre l’évolution au bout de cinq ans. »

Quel message voulez-vous faire passer à travers cette aide ?

« Il faut que la Région puisse répondre aux besoins des agriculteurs, au bon moment, et que chacun s’empare du projet. L’idée n’est pas d’aller chercher 18 000 euros, mais bel et bien d’être convaincu de son programme, sinon l’exploitant n’y arrivera pas. […] On a voulu trois entrées pour ne pas bloquer le système. C’est important que les agriculteurs entendent que, plus qu’une somme qui leur est offerte, c’est une mentalité qui est mise en avant ! »

Quelle conclusion ?

« Le dispositif existe. Je trouve qu’il peut être intéressant pour les gens qui ont envie de changer. Prenons les devants plutôt que d’être au pied du mur ! » •

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