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Les arboriculteurs de Seine-Maritime frappés par le gel.

Les arboriculteurs sont ceux qui ont le plus souffert de l’épisode de gel de la semaine dernière. Pour l’instant, il est trop tôt pour faire un bilan. Retour sur ces nuits difficiles.

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Certains arboriculteurs ont utilisé des bougies et des feux de paille.
© D. R.

Ce n’est pas parce que la Terre se réchauffe qu’il n’y a plus d’épisodes de gel. Pour preuve, la semaine dernière, où les températures ont pu descendre jusqu’à moins 6°C en Haute-Normandie et moins 7°C dans l’Oise voisine. Météo France l’explique par une masse d’air froid venue du Nord. Il y a souvent du gel en avril, mais la surprise supplémentaire cette année, c’est le grand écart entre les 25°C la semaine précédente et le froid des nuits du 5 au 7 avril.

A Beauval-en-Caux, les exploitants père et fils des vergers de Beaunay n’ont pas brûlé de cierges pour espérer sauver leur récolte, mais ont utilisé de vraies bougies « anti-gel » en paraffine. « On a fait ce qu’on a pu, avec ces bougies achetées il y a deux ans, et en brûlant de la paille humide pour former un brouillard de fumée au-dessus des arbres », explique Boris Bouquet. Le thermomètre est descendu jusqu’à moins 5°C chez cet arboriculteur.

 

Des heures de travail pour les allumer

Malgré tous ces efforts, il y aura quand même des dégâts, car les agriculteurs ont priorisé certaines parcelles au détriment du reste du verger, soit 5 hectares sur 20 hectares au total. « Il faut attendre quelques jours pour confirmer l’étendue des dégâts, mais on a sauvé les meubles avec nos moyens. C’est la première fois qu’on utilisait ce type de protection », ajoute Boris Bouquet qui est installé depuis 6 ans. « En Normandie, nous n’avons pas l’habitude d’utiliser ces techniques, c’est plutôt pour la viticulture. La floraison chez nous est plus tardive, donc il y a moins de risque ».

Aux vergers de Beaunay, les deux exploitants et leurs salariés se sont relayés toute la nuit pour vérifier que tout restait bien allumé. « C’est chronophage, nous avons utilisé 850 bougies et 40 ballots de paille. » Avec cette protection, on peut espérer gagner 2 à 3 degrés. A raison de 8 à 10 euros la bougie, c’est un investissement de 8 000 euros pour cette exploitation. Maintenant, la grande interrogation pour ces agriculteurs, c’est de savoir si la pollinisation se fera correctement. C’est une étape indispensable pour obtenir un fruit de qualité. « Ils annoncent une nouvelle semaine assez froide, c’est un risque pour les fleurs et les insectes. »

 

Des pertes pas encore chiffrées

Tous les exploitants du département n’ont pas investi dans cette technique et sur certaines parcelles, d’autres arboriculteurs n’ont pas pu protéger leurs vergers. D’après les techniciens, certaines parcelles sont entièrement perdues. D’une façon plus générale, les pertes ne sont pas encore chiffrées et les professionnels expliquent qu’il faudra attendre plusieurs jours avant d’effectuer un tour de plaine.

Chez Yves Deboos, à Jumièges, le raisonnement est différent. Le gel fait partie du métier, c’est un peu une fatalité. « J’attends de voir ce qui va rester, mais il n’y a rien à faire. Je n’ai pas de système anti-gel. Si on fait bien son travail, sans gel il y a dix fois trop de fleurs dans un arbre en bonne santé et il faut en supprimer. Le gel permet une sélection ». L’agriculteur reconnait quand même que cet épisode était « plus violent que d’habitude ». Et que le gel risque de supprimer trop de fleurs. « Ce ne sera pas sans conséquence ».

Pour l’arboriculteur, les variétés des pommiers ont aussi un rôle à jouer. « Certaines vont mieux s’en sortir, elles n’étaient pas toutes au même stade », espère-t-il. Il y a aussi un effet localisation. Sur le secteur de la vallée de la Seine, les arbres sont plus précoces, vers Dieppe, il fait plus froid et le pays de Bray est plus en retard sur la floraison.

En savoir plus

Point sur la betterave.

En Seine-Maritime, les semis de betterave sont quasiment terminés. Il doit rester environ 10 % des surfaces, plutôt dans les terres, encore à semer. Le gel du 6 et 7 avril ( -4°c sur certaines zones) ne semble pas avoir été trop impactant dans notre département car la majorité des parcelles n’est pas encore levée.

Pour les quelques parcelles semées un peu plus tôt et qui sont au stade cotylédon, cela ne semble pas être la catastrophe. Les parcelles semées les 7 et 8 mars n’étaient pas trop avancées en raison des basses températures de mars. L’institut technique procède à des tours de plaine sur les zones betteravières de la Normandie pour estimer l’étendue des dégâts. Nous entendons parler de gros dégâts constatés sur les betteraves levées du sud de Paris.

En Seine-Maritime, les surfaces ensemencées ont augmenté de 10 % pour répondre à la montée en puissance en capacité d’écrasement journalier de la sucrerie de Fontaine-le-Dun pour la campagne 2021. Ces volumes ont été attribués aux planteurs coopérateurs et à une cinquantaine de nouveaux planteurs. Ces nouveaux volumes ont été ventilés avec des parts sociales. En Seine-Maritime, pour 2021, la surface en betterave est estimée entre 15 200-15 700 ha dont 14 000-14 500 ha à destination de la sucrerie de Cristal Union. Environ 700 ha partent sur Etrepagny (Saint Louis Sucre) et 500 ha à Attin (Tereos). En cas de ressemis dans la même parcelle, la législation actuelle interdit l’utilisation de semences de betteraves traitées néonicotinoïdes si les premières l’étaient.

C.H.

Des enveloppes exceptionnelles attendues.

Le Premier ministre Jean Castex a promis le 10 avril « des enveloppes exceptionnelles » pour aider les agriculteurs à faire face à l’épisode de gel, annonçant dans l’immédiat le déplafonnement du régime d’indemnisation des calamités agricoles. Le gouvernement compte également « utiliser tous les moyens dont nous disposons en pareille circonstance, notamment par rapport aux charges », et va « réunir les banquiers, les assureurs et l’ensemble des acteurs qui vont pouvoir être mobilisés » pour répondre à cette crise, a-t-il ajouté après la visite d’une exploitation en Ardèche.

Le Fonds des calamités agricoles est alimenté par une taxe de 5,5 % sur les assurances obligatoires. Cette cotisation est plafonnée à 60 millions d’euros par an et l’Etat complète avec des subventions à hauteur des besoins en cas de sinistres climatiques importants. « Il nous faudra aller au-delà en dégageant des enveloppes exceptionnelles motivées par cette situation exceptionnelle », a expliqué M. Castex lors de son déplacement, assurant que « le gouvernement, l’Etat assumera les responsabilités qui sont les siennes ».

Plusieurs centaines de milliers d’hectares de cultures ont été touchés par le brutal épisode de gel qui a suivi une forte hausse des températures, a déclaré le 9 avril en Touraine le ministre de l’Agriculture. Les dégâts sont toujours en cours d’évaluation, a-t-il précisé, évoquant dix régions sur treize touchées au cours de ce phénomène climatique « incroyablement inédit ».

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