Le monde agricole sous le choc après le décès de Xavier Beulin
Le décès brutal de Xavier Beulin le 19 février est un choc pour la FNSEA et le monde agricole auquels il a dédié sa vie. Travailleur acharné, il défendait la vision d'une agriculture diverse, compétitive et innovante, porteuse d'avenir pour les producteurs sur tout
le territoire.
Xavier Beulin aura vécu à cent à l'heure. Il menait une vie trépidante, travaillait beaucoup, dormait peu la nuit. Son décès brutal dimanche a été un choc pour le monde agricole.
Agé de 58 ans seulement, il a succombé à une crise cardiaque. Il venait de décider de briguer un nouveau mandat à la présidence de la FNSEA, à l'occasion du prochain congrès qui aura lieu à Brest fin mars. Il avait confié à ses proches avoir hésité, évoquant « la charge, qui est lourde ». Mais il avait finalement décidé de poursuivre sa mission.
D'innombrables réactions ont suivi l'annonce de sa disparition. Des réactions d'hommes politiques de tous bords et de toutes les organisations professionnelles agricoles. De l'avis de tous ceux qui l'ont côtoyé, c'est une perte importante. « C'était un grand président de la FNSEA », témoigne ainsi Guy Jacob, agriculteur eurois et président de la commission nationale des statuts et conflits. Il le voyait très régulièrement, au conseil d'administration de la FNSEA où il siège. « Il va me manquer, c'était quelqu'un d'ouvert, de très humain dans ses rapports avec les autres. »
Notre agriculture en danger
Guy Jacob a lu et relu son livre Notre agriculture en danger paru en février aux éditions Tallandier. « Il permet de l'appréhender différemment de ce que les médias ont pu montrer. Il n'a jamais mis personne en difficulté. Il y apparait chaleureux et très humain ». De son passage au Neubourg le 6 février dernier, le responsable professionnel retiendra cinq mots qu'il a prononcés et qu'il a retrouvés dans son livre. « Adaptation, innovation, investissement, ambition et fierté ».« Il nous poussait à toujours aller de l'avant, il a toujours essayé d'avoir des idées pour nous faire évoluer, en nous disant de regarder vers l'Allemagne, ou les Pays-Bas », complète Arnold Puech d'Alissac, président de la FRSEA Normandie, qui siège également à la FNSEA. « Xavier n'a jamais abandonné là où le combat semblait perdu d'avance. »
Fabrice Moulard, administrateur à la fédération française des producteurs d'oléagineux et protéagineux (FOP), était lundi dans les locaux parisiens du syndicat. « Le personnel était effondré. Xavier Beulin est souvent passé pour un « dur » et pourtant, ce n'était pas l'agrobusinessman que les médias décrivent, il avait de réelles qualités humaines. » Très impliqué dans la filière oléo-protéagineuse, Xavier Beulin était comme chez lui rue Monceau où siège la FOP dont il a été le président pendant dix ans. Fabrice Moulard retiendra ses talents d'orateur, entraînant parfois vers des directions surprenantes.
« On n'a jamais douté qu'il était génial. Je me souviens que lors de mon premier conseil d'administration, il a fait un discours sans aucune note, c'était bluffant. Il donnait envie de le suivre. On perd un patron », regrette-t-il.
C'était un visionnaire
Xavier Beulin, de l'avis de tous, est une perte importante pour les agriculteurs. « C'était un fervent défenseur de l'économie, de toutes les agricultures. Son leitmotiv était de développer des filières compétitives avec de la valeur ajoutée. C'était un visionnaire », décrit Stéphane Donckele, secrétaire général de la FNSEA 76. En 2015, il était venu en Seine-Maritime, sur invitation du syndicat départemental. «Son intervention en pleine période de crise nous avait redonné du peps et l'envie de se battre , se rappelle-t-il. On se doit de continuer son travail. Trop d'agriculteurs ont pris pour argent comptant la caricature qui était faite dans les médias, alors qu'il a toujours agi dans l'intérêt de tous.»
Les hommages sont unanimes sur sa capacité à porter une vision stratégique forte pour ce secteur agricole qu'il défendait sans relâche.
« Le modèle sur lequel nous avons vécu doit être adapté à une nouvelle donne économique, sociale et sociétale. Toute l'agriculture vit déjà cette mutation. Il faut en définir le cadre, c'est l'un de nos plus grands chantiers pour les prochaines années », a-t-il écrit dans son livre, qui apparaît désormais comme son testament.
Ses derniers combats
Regrettant la perte de compétitivité de l'agriculture française, Xavier Beulin a mené de nombreux combats. Parmi les derniers, la nécessité de construire le prix en prenant en compte les coûts de production, la création de la commission de révision des normes environnementales, le maintien des zones d'épandage des produits phyto, les baisses de charges sociales, les années blanches et le statut de l'agriculteur, un dernier dossier qui lui tenait à coeur et qui reste à créer.