Le fumier équin en méthanisation : où en est-on ?
Mieux valoriser les fumiers équins est un enjeu fort pour la filière équine, notamment en Normandie. C’est pour répondre à cette problématique, que l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation) a lancé le projet Val’fumier en 2019. Partenaire de ce projet, la chambre régionale d’agriculture de Normandie s’est penchée sur les débouchés du fumier en méthanisation.
Au même titre que les autres types de fumiers, notamment bovins, le fumier équin a un potentiel méthanogène non négligeable et peut s’avérer un intrant intéressant pour les unités de méthanisation agricoles ou territoriales. Néanmoins, son incorporation en méthanisation est assez peu développée.
En Normandie, à la fin de l’année 2020, sur les 122 unités de méthanisation en fonctionnement, sept unités seulement valorisaient du fumier équin. Cela représentait un tonnage annuel de 5500 tonnes environ. Sur ces sept unités identifiées, une seule installation de méthanisation était localisée dans une ferme équestre avec comme gisement principal le fumier de ses poneys et chevaux.
Les freins de ce débouché
Une enquête auprès des porteurs de projet de méthanisation a également montré que le fumier équin était peu envisagé dans les rations des futurs méthaniseurs. Une vingtaine de projets ont toutefois montré un intérêt pour cette matière. La faible valorisation des fumiers équins en méthanisation peut s’expliquer par différents facteurs. Tout d’abord, le gisement de fumier équin est rarement localisé dans les fermes et les exploitants agricoles n’ont pas toujours de lien avec les structures équestres voisines. Ensuite, le fumier équin se caractérise par une forte teneur en matière sèche et la présence de nombreuses fibres de paille.
Des pistes pour développer cette filière de valorisation
Or, les installations de méthanisation en voie sèche sont peu nombreuses. Pour la plupart des installations de méthanisation, qui fonctionnent en voie liquide dite « en infiniment mélangé », l’incorporation de fumier équin nécessite la présence d’un broyeur en amont. Enfin, l’un des principaux freins évoqué est la variabilité de qualité des fumiers (fraîcheur, teneur en paille…) et la présence d’indésirables (fers, brosses…) qui peuvent endommager le matériel.
Plusieurs pistes vont être travaillées pour augmenter les volumes de fumier équin valorisés en méthanisation : poursuivre la mise en relation entre porteurs de projets et structures équestres, fournir des outils pour déterminer l’intérêt d’incorporer tel ou tel gisement de fumier équin, accompagner des projets de prétraitement des fumiers équins, faire connaître les technologies innovantes permettant de valoriser des substrats à forte teneur en matière sèche…
En Normandie, le projet Equifumier, qui se déroule de novembre 2020 à novembre 2022, a pour objectif de poursuivre ces actions sur la valorisation des fumiers équins, notamment en méthanisation.