La Tapisserie de Bayeux dans un nouvel écrin.
Un nouveau musée accueillera le joyau du patrimoine normand en 2023, après une exposition en Angleterre.
Elle n'avait jamais quitté la France. Mais en janvier dernier, Emmanuel Macron a annoncé le prêt à l'Angleterre d'un joyau du patrimoine normand, la Tapisserie de Bayeux, en 2022. Ce témoin de l'histoire du Royaume-Uni voit défiler en Normandie près de 400 000 visiteurs par an, venus du monde entier, avec des pics de fréquentations lors des festivités des grands anniversaires liés au Débarquement.
Un nouveau musée devrait mettre en valeur la fresque en 2023, juste après le prêt. Il permettra d'améliorer les conditions de conservation et de présentation de l'oeuvre moyenâgeuse qui raconte l'histoire de la conquête d'Angleterre en 1066 par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie. Aux côtés de l'Etat, la Région Normandie, le Département du Calvados et la Ville de Bayeux se sont engagés à financer ce projet dont le montant total est estimé à 20 millions d'euros.
Exposée 340 jours par an
Ce document, unique au monde, est une broderie de laine sur une toile de lin réalisée au 11ème siècle. La visite du musée permet de la découvrir dans son intégralité, de l'approcher sans l'endommager et de comprendre son histoire et sa réalisation. Elle est exposée 340 jours par an sous des rampes lumineuses de faible intensité pour éviter la dégradation des couleurs. La température est maintenue à 18/20°C avec un taux d'humidité autour de 50 % pour éviter que les fibres du tissu ne se détériorent. Elle s'apprécie avec l'aide d'un audioguide pour bénéficier des anecdotes sur chaque recoin de l'oeuvre. On apprécie notamment la bordure inférieure de la scène 10 qui montre plusieurs tableaux de l'activité agricole : labour à l'aide d'une charrue à roue tirée par un âne, semailles, passage de la herse, tirée par un cheval de trait portant un collier d'épaule, et chasse aux oiseaux à l'aide d'une fronde. Un peu plus loin, avant la bataille d'Hastings, on observe la préparation d'un repas : fabrication du pain, cuisson de la soupe et des poulets à la broche. Ces poulets sont distribués aux soldats qui mangent sur leur bouclier.
La Tapisserie n'est pas seulement la narration d'une épopée militaire sur près de 70 mètres de long et 50 centimètres de haut, elle est également une oeuvre spirituelle qui évoque la punition d'un parjure. Sa vie est ponctuée d'épisodes mouvementés qui l'ont mise en péril ou ont failli l'endommager. Il a fallu attendre le 18ème siècle pour qu'elle suscite un intérêt autre que religieux. Ce « bien de l'Eglise » soulève la vindicte populaire au moment de la Révolution française. Elle a failli être coupée en morceaux et servir de vulgaire bâche pour recouvrir des chariots de l'armée. Plusieurs morceaux et fils de laine ont disparu à cette période. Le 2 mars 1945, après avoir été exposée au Louvre, elle a regagné définitivement Bayeux.