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La rentabilité de l’éthanol pose question

Une importante usine britannique de production d’éthanol à partir de blé risque de fermer ses portes à la fin du mois, faute de marges suffisantes. Ne peuvent subsister dans ce contexte que les usines qui produisent aussi du sucre, de l’amidon ou des produits à haute valeur ajoutée pour la nutrition humaine.

Depuis des mois, les industriels de l’éthanol alertent sur la baisse des cotations internationales de leur  produit, en raison des déséquilibres  entre l’offre et la demande dans l’UE et dans le monde. L’éthanol européen fob Rotterdam a chuté de 600 euros le mètre cube au premier trimestre 2017 à 464 euros en janvier-février 2018. Cette situation érode les marges des usines.
Celles qui sont uniquement dédiées au bioéthanol voient leurs marges grignotées à l’aval par la faiblesse des cours de l’éthanol, et en amont par la fermeté des cours du blé.
En France, plus de la moitié de l’éthanol est produite à base de betteraves, dans des sucreries-distilleries, qui peuvent régler leur curseur entre le sucre et l’alcool. Sur cet alcool produit (19,3 millions d’hectolitres - Mhl), 41 % sont destinés aux usages spécialisés et à valeur ajoutée : boissons, vinaigrerie, parfums, cosmétique, pharmacie, industrie chimique. Quant aux usines d’éthanol de blé, elles produisent aussi de l’éthanol de betteraves, comme Cristal Union, ou elles produisent des dérivés d’amidon, comme Tereos qui fabrique du gluten dans son usine de Lillebonne depuis le début des années 2010 ou comme Roquette qui fabrique de plus en plus de protéines végétales. Par ailleurs, la chute des cours mondiaux du sucre est une nouvelle donne, qui altère les marges, même chez les industriels diversifiés.
Prise en tenaille entre les faibles cours de l’éthanol et les cours fermes du blé, l’usine d’éthanol de blé de Vivergo Fuels, basée à Hull, dans le Yorkshire, la plus importante du Royaume-Uni, risque fort de cesser son activité le 30 septembre. Elle incrimine notamment le manque de motivation du gouvernement de Londres à soutenir l’E10, l’éthanol à 10 % dans l’essence. « Aujourd’hui, nous avons le regret d’annoncer que compte tenu d’un environnement de marché difficile en permanence et de délais dans la mise en oeuvre de l’E10 au fil du temps, Vivergo Fuels Ltd propose de cesser la production », déclare un communiqué de l’entreprise du 6 septembre. « Je suis consterné d’avoir à proposer la cessation de la production. Malheureusement, l’absence d’empressement du gouvernement à introduire l’E10 sape notre capacité à produire », précise Mark Chesworth, directeur général de Vivergo Fuels.

Un arrêt pur et simple

L’E10 a été introduit « avec succès aux États-Unis, Canada, Brésil, en Australie, Nouvelle-Zélande, et Europe (Belgique, Finlande, France et Allemagne) », cite Vivergo. L’entreprise, créée par le sucrier AB Sugar, le pétrolier BP et le chimiste américain Du Pont, affiche une production de 420 millions de litres de bioéthanol par an, lequel est fabriqué à partir de 1,1 million de tonnes de blé en provenance de près de 900 fermes alentour. Cette annonce de Vivergo Fuels est prise très au sérieux par les professionnels européens. Il pourrait s’agir, selon eux, non pas d’une interruption temporaire de la production mais d’un arrêt pur et simple.
En France, le syndicat national des producteurs d’alcool agricole, le SNPAA, qui regroupe les industriels de l’éthanol, estime qu’une solution pour débloquer les marges serait d’augmenter la consommation d’éthanol sur le marché français. En effet, c’est sur le marché français de l’éthanol-carburant et non à l’exportation que les entreprises réalisent leurs marges. Dans la situation actuelle de marché encombré, les fabricants d’alcool sont contraints d’exporter bon an mal an 3 Mhl d’éthanol-carburant par an, évalue le SNPAA. « Autant l’alcool pour les usages techniques est valorisé sur un marché de spécialités industrielles (boissons, pharmacie, cosmétique, chimie, etc.), autant l’éthanol-carburant est une commodité, une matière première », explique Sylvain Demoures, secrétaire général du syndicat.
Or, à l’inverse d’une tendance à l’allègement du marché intérieur de l’éthanol, l’importation d’HVO (Hydrotreated Vegetable Oil - Huiles végétales hydrotraitées), encombre le marché et contraint la filière à exporter sur un marché de matières premières, démonte Sylvain Demoures. Les HVO représentent déjà 1,2 % de l’essence en contenu énergétique, alors qu’elles étaient inexistantes dans les essences il y a cinq ans.
Pour le SNPAA, le verrou qui bloque l’évolution du marché, ce sont les importations d’HVO. Des dérivés d’huile de palme qui en outre ont un fort effet de changement d’affectation des sols (CAS), car leur production contribue à transformer les forêts tropicales en bassins de production pour palmiers à huile, ajoute-t-il. •

 

De plus en plus de stations de superéthanol-E85

Le prix à la pompe du superéthanol-E85 a de quoi séduire les automobilistes, avec l’augmentation du prix des autres carburants. Si auparavant, il était difficile de se fournir, aujourd’hui il est distribué dans plus de mille stations-services en France. Avec l’homologation des boîtiers E85 en décembre dernier, le superéthanol-E85 est revenu sur le devant de la scène. Trois nouvelles stations s’ouvrent chaque semaine. La consommation du Superéthanol-E85 est en croissance de 26 % sur 12 mois. Pour trouver les stations distribuant ce carburant dans toute la France, il existe une application "Mes stations E85" disponible gratuitement sur App Store et Play store. Pour utiliser le superéthanol-E85, il faut un véhicule Flexfuel d’origine, ou bien un véhicule essence muni d’un boîtier E85 homologué posé par un installateur agréé (liste des fabricants de boitier homologués ou en cours d’homologation sur infoe85.fr). Par comparaison, le litre de E85 est compris entre 0,47 et 0,67 euro en Haute-Normandie, contre 1,48 à 1,54 euro le litre de SP95-E10.
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