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La Coopération agricole à la reconquête des consommateurs

Au cours de son Assemblée générale du 15 décembre, La Coopération agricole a organisé une table ronde sur le thème « Alimentation et souveraineté : quel pacte pour demain ? ». De l’avis des participants, restaurer la confiance avec le consommateur ne sera pas chose aisée.

Le lien est aujourd’hui encore distendu entre l’agriculteur et le consommateur pour plusieurs raisons. La population devenue majoritairement urbaine s’est éloignée du vrai contact avec la nature. En plus, par manque ou faute d’éducation, elle méconnait le métier d’agriculteur. Tant et si bien que « les Français ne sont pas à une contradiction près, voulant tout et son contraire », explique Thomas Couepel, président de la coopérative de Gouessant (Côtes d’Armor). « Ils veulent l’œuf produit localement mais pas le poulailler à côté de chez eux ; une énergie verte mais pas de méthaniseur à proximité ». Or l’alimentation « composante majeure du Pacte social » selon les mots de David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences-Po Paris, est l’élément qui pourrait permettre cette réconciliation, face à des attentes éclatées et fragmentées « qui conduisent à des approches binaires à des paradoxes et à des injonctions contradictoires », poursuit quelques instants plus tard Dominique Chargé, président de La Coopération agricole.

Ruralité : un lieu productif

Encore faudrait-il que cette alimentation qui provient de l’activité agricole reprenne sa juste valeur. Elle ne représente plus, nolens volens, que 10 à 13 % du budget d’une famille. « Comme l’énergie, on a rendu l’agriculture invisible. On l’a invisibilisée dans le contrat social », analyse David Djaïz. A l’heure de la transition écologique, il invite les agriculteurs et les acteurs publics à « aller vers un pacte à triple valeur : économique, sociale et environnementale. C’est une urgence politique » explique-t-il, fustigeant au passage ceux qui dénigrent le monde agricole. Surgit ainsi, en filigrane, le problème des néoruraux qui idéalisent la campagne comme un lieu de repos, de villégiature. « Or la ruralité n’a jamais cessé d’être un lieu productif, de solidarité. N’oublions pas non plus que la France s’est industrialisée par les campagnes et pas par les villes ! », rappelle David Djaïz. « On nourrit le consommateur mais il veut régenter notre cadre de vie », s’agace de son côté Thomas Couepel. « Quand on vit à la campagne, il faut en accepter les nuisances », martèle-t-il. Le président de la coopérative bretonne pointe aussi les contradictions du consommateur qui veut, notamment plus de bien-être animal. « Dans notre coopérative, on a changé le cahier des charges, investit dans la transformation des bâtiments. Et finalement, on n’a aucun retour financier sur nos efforts, aucune valorisation. C’est décourageant », se désole-t-il.L’acceptabilité du métierLa géographe Anaïs Voy-Gillis, abonde dans son sens, expliquant que « le poids des normes devient handicapant, plus encore quand on veut être vertueux tout seuls », ce qui crée un « réel déficit de compétitivité » avec nos concurrents étrangers. Ce que confirme, Nicolas Paille, directeur de la Coopérative agricole de Noirmoutier, qui parle en plus de « délais d’adaptation plus court », de contraintes temporelles parfois « insoutenables » conduisant à un « sentiment d’injustice ». Ainsi, lui a-t-il fallu en moins de trois mois trouver une façon d’éviter le verdissement des pommes de terre, après la suppression des emballages plastiques sous la pression de "l’opinion". « Oui, le temps juridique et politique n’ont rien à voir avec le temps de l’agriculture. Il n’y a qu’une récolte et qu’une moisson par an », rappelle la sénatrice Sophie Primas (LR, Yvelines) plaidant pour « donner de l’air aux normes » et pour que les « lois s’adaptent au territoire ». Redonner de la valeur à l’alimentation et à l’agriculture suppose que le modèle soit durable, qu’il assure la souveraineté alimentaire. A condition que l’on « remette de la science et de la raison au cœur du discours sociétal », affirme Dominique Chargé qui va installer dans quelques temps un Comité des parties prenantes, en associant notamment les représentants des citoyens. Car il faut retrouver cette confiance qui assurera les « conditions de l’acceptabilité de notre métier », ajoute-t-il. « Le péché originel est que l’on a perdu la valeur de l’alimentation tant sur plan nutritionnel, environnemental, qu’économique », insiste le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, militant pour que l’éducation joue un rôle central et prônant pour un retour au pragmatisme.

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