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Destruction des prairies : possible sans glyphosate et sans labour ?

Si on veut se passer à la fois de labour et de glyphosate lors de la destruction de prairies, il est important d’adapter sa stratégie et notamment la période choisie. Quelques pistes pour réfléchir.

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Vue aérienne de l’essai Praygly à la ferme expérimentale
de La Blanche Maison.
© D. R.

Détruire sa prairie temporaire sans glyphosate et sans labour, dans le cadre d’une rotation ou de sa régénération, n’est pas chose aisée. Pourtant, des solutions sont expérimentées sur le sujet. Les précurseurs en la matière sont des agriculteurs pratiquant les techniques culturales simplifiées (TCS) et notamment des agriculteurs en agriculture biologique. La charrue, bien qu’elle soit sécurisante, n’est pas la seule alternative non-chimique possible. Décryptage.

 

Interventions mécaniques

Pour éviter le repiquage des espèces présentes dans la prairie et favoriser leur dégradation, les interventions mécaniques sont généralement concentrées en période estivale. La fenêtre météo visée est une dizaine de jours de temps sec et chaud. Plus le mat racinaire est dense et plus les espèces indésirables sont présentes, plus tôt il faudra intervenir, à partir de début juillet. L’intervention peut être réalisée avec des outils de travail du sol fréquemment présents sur les exploitations (rototiller, cover crop, herse rotative…) ou avec du matériel spécifique comme le Dynadrive. Deux à trois passages croisés sont souvent nécessaires. Avant de réimplanter un maïs, voire une prairie, il est important d’introduire une culture intermédiaire qui concurrence les relevées de prairie, de préférence une dérobée pour assurer une production de fourrage.

 

Le Dynadrive,un outil adapté

A l’été 2019 un essai de destruction de prairie a été mis en place chez Jérôme Vallée, éleveur en agriculture biologique dans le Bessin (Calvados). La prairie de 5 ans a été détruite en comparant un déchaumeur Lemken Smaragd, un chisel et un Dynadrive.

Ce dernier, composé de deux rotors a montré son efficacité en termes d’arrachement de prairie tout en apportant un sol plus homogène en surface, en deux passages. Mi-septembre, un couvert à base de trèfles annuels, avoine blanche et colza fourrager a été implanté.

Les observations à la récolte (fin avril/début mai) ont montré des rendements comparables entre les différentes modalités de destruction de la prairie (environ 5 t MS/ha), mais des valeurs alimentaires bien plus favorables à la zone travaillée avec le Dynadrive, en raison d’une plus faible présence des repousses de graminées prairiales.

Du point de vue économique, l’utilisation du Dynadrive a généré des charges de mécanisation plus faibles par rapport au chisel (environ 20€/ha), et un temps de travail équivalent.  « Le Dynadrive est un outil de conception simple, facile à utiliser, et permet de détruire efficacement la prairie, avec peu de repousses. Pour la suite, j’envisage de le combiner à un outil rotatif, type rotovator, pour mélanger la masse végétative en surface et faciliter le désherbage sur la culture suivante », explique Jérôme Vallée.

 

Des références pluriannuelles en cours d’acquisition

Dans le cadre du programme Reine Mathilde, un essai comparant deux systèmes de culture en agriculture biologique, avec et sans labour, est en place depuis le printemps 2019. La rotation démarrant toujours par une mise en culture (maïs ou blé selon la rotation) après prairie, il est possible d’observer les effets de la destruction sous plusieurs contextes climatiques. En 2019, pour des raisons logistiques, la prairie a été « cassée » en février. Le printemps exceptionnellement sec de l’année a été favorable à la destruction de la prairie et les cultures semées un mois et demi plus tard se sont bien implantées atteignant des rendements proches, voire supérieurs au système labour. Pour la campagne suivante la destruction a eu lieu fin août 2019 suivie d’un semis de colza fourrager début septembre. L’été sec a profité au dessèchement des résidus de la prairie mais a retardé la levée du colza, qui a été également pénalisé par la pluviométrie de l’automne.

Résultat : des repousses de prairie ont été observées dans les cultures suivantes. En 2020 la stratégie adoptée a impliqué la destruction de la prairie mi-mai suivie de l’implantation d’un couvert à base de  sarrasin et phacélie, fauché avant grenaison des chénopodes présents…il sera suivi d’une association céréale-protéagineux à ensiler en mai.

 

La rénovation sans glyphosate, pas si simple

Des essais menés en 2013 à la ferme expérimentale normande de La Blanche Maison avaient déjà montré l’intérêt d’un couvert de rupture pour favoriser l’installation d’une nouvelle prairie sans labour et sans glyphosate. La décision de rénover étant prise lorsque les espèces « indésirables » sont en majorité dans le couvert prairial, celles-ci ont de fortes chances de prendre le dessus sur la jeune prairie en l’absence de période de coupure.

Le projet PraiGly cherche notamment à répondre à cette question, avec un handicap de taille : la présence d’Agrostis stolonifère.Sept modalités sont testées sur site. Elles croisent itinéraires techniques de destruction et introduction de cultures destinées soit à couper l’enchainement prairie sur prairie, soit à abriter la jeune prairie dans le cadre d’un semis tardif. Chimique, labour, travail superficiel, semis direct, valorisation maximale ou intégration de culture dérobée. Le désherbage électrique est également testé : l’outil X-Power de Zasso est utilisé au cours de l’été après l’exploitation d’un 2nd cycle, et en amont d’un travail superficiel du sol.

Le projet associe d’autres sites au niveau national, travaillant notamment sur la destruction de prairies avant maïs et également sur le test d’outils de travail du sol. Il se terminera en 2022 mais des premiers résultats seront bientôt disponibles.

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