Bien alimenter ses brebis en fin de gestation.
Les éleveurs ovins se sont rendus le 26 novembre dans le Pays de Caux à Foucart pour visiter l’exploitation de Jean-Yves Louvet qui conduit 450 brebis de race Ile de France.
Un focus a été fait sur l’importance de l’alimentation des brebis en fin de gestation. Laurent Solas, conseiller ovin à la chambre d’agriculture a rappelé que cette période est cruciale. C’est l’un des premiers axes de travail pour baisser la mortalité des agneaux. « Une bonne alimentation de la brebis, c’est une bonne production laitière, c’est un poids de naissance satisfaisant pour la suite et une bonne vigueur de l’agneau. N’oublions pas qu’une variation de 1 kilo du poids de naissance c’est un écart de 1 kilo du poids de carcasse. Une alimentation adaptée à la brebis en fin de gestation est donc primordiale et doit se mettre en place un mois et demi avant la fin de la gestation, pas à la dernière minute ».
Pour arriver à un bon poids de naissance (entre 3,5 et 4 kilos pour les doubles et même les triples), à un mois et demi à trois semaines de l’agnelage, une brebis de 70 kilos a des besoins en UF de 0,9. Durant les trois dernières semaines, les besoins augmentent à 1,4UF. Au niveau des PDIN, les besoins à un mois et demi à trois semaines de l’agnelage s’élèvent à 100 g puis à 150 g durant les trois dernières semaines. L’agneau fait du muscle à ce moment-là.
Les besoins en calcium augmentent également car la brebis prépare sa lactation et les agneaux ont besoin de faire du squelette : les apports de calcium passent de 4,5 g à 8 g puis à 13,8 g à trois semaines de l’agnelage.
Importance de l’échographie
Laurent Solas rappelle quelques éléments clés : la pratique de durées courtes de lutte (entre 5 et 6 semaines) et la mise en place de diagnostic de gestation (échographie) à partir de 42-45 jours. « Une échographie coûte 1 euro par brebis et cela tranquillise l’éleveur. Il peut ainsi adapter la ration de fin de gestation entre simple et double. Cela permet également de remettre en lutte les brebis vides et ne pas les alimenter comme les gestantes ». L’échographie permet d’alloter les brebis selon leurs besoins et de bien répartir les qualités de fourrages. Trier les brebis vides et les brebis pleines, c’est une économie de 11 euros par brebis vide. Séparer les simples des multiples, c’est une économie de 2 euros par brebis simple.
Une bonne note d’état corporel
La note d’état corporel (NEC) permet d’apprécier le niveau de réserves corporelles de l’animal. En milieu de gestation une note de 3 est l’idéal. A partir de cette note, l’éleveur pourra trier ses animaux, mettre les maigres de côté et les relever avec une alimentation plus riche en énergie.
Le meilleur aliment pour les allaitantes reste l’herbe. L’enrubannage est à proscrire durant cette période car un problème de conservation peut être une source de listeria. Au bon foin qui peut provoquer des problèmes de prolapsus s’il n’est pas rationné, il est préférable de distribuer un foin moyen avec une ration bien équilibrée.L’herbe pâturée est très bien car plus équilibrée qu’une céréale. Quelque soit la saison, printemps ou automne, la valeur alimentaire est identique. L’herbe d’automne a une valeur alimentaire de 0.91 UF,117 g de PDIN et 92 g de PDIE.
L’herbe reste le meilleur aliment
L’herbe d’hiver a la valeur alimentaire d’un aliment complet. C’est un potentiel à exploiter pour les brebis vides ou en milieu de gestation avec une économie de 5 à 7 euros par animal pour un mois de pâturage par rapport à une conduite en bergerie. Les chargements doivent être limités (3 à 5 brebis par hectare). « Le pâturage hivernal n’a pas d’incidence sur la pousse du printemps. Il est seulement nécessaire de décaler de 8 à 10 jours la reprise de végétation ».
Pour répondre à la question de la valeur alimentaire des couverts végétaux, une étude récente a mis en avant des économies de fourrages et concentrés importantes pour l’éleveur, la suppression du broyage pour le céréalier et un apport de matière organique sur la parcelle. Bien sûr, le pâturage des CIPAN se fera en fonction du rendement lié à la pluviométrie estivale. « Avec des produits appétents et riches, il y a possibilité de reprise d’état corporel des brebis ».