Aller au contenu principal

Betteraves et dérogation NNI,où en sommes-nous ?

Particulièrement frappée par les attaques de jaunisses virales en 2020, la profession agricole a alerté le gouvernement sur l'urgence d'un retour de solutions rapides et efficaces pour sauver l'ensemble de la filière betterave-sucre.

file-alt-63437
Betteraves touchées par la jaunisse en 2020.
© CGB

Le gouvernement a ainsi déposé une loi permettant d'accorder une dérogation d'utilisation de néonicotinoïdes en enrobage de semences des betteraves sucrières, pour trois années successives et avec un certain nombre de conditions. Le parlement a voté cette loi, que le Conseil constitutionnel a validé ensuite. En parallèle, l'Anses - qui avait été interrogée pour évaluer les risques du retour des NNI en betteraves sur les pollinisateurs et proposer des mesures de protection pour ceux-ci - a remis sa copie au gouvernement le 23 décembre qui, dans la foulée, a publié son projet d'arrêté et lancé la consultation publique. Pour Reynald Fréger, président de la CGB 76, la loi « qui devrait nous permettre normalement de repartir en 2021 sur des bases techniques sereines pour se protéger des pucerons verts, est aussi assortie d'un ensemble d'engagements fort de la profession dans un plan de prévention des risques envers les pollinisateurs ».

Concrètement, ce plan prévoit entre autres une diminution de 25 % du dosage de NNI pour réduire la rémanence possible de résidus et de ne pas récolter de cultures mellifères l'année suivante après des betteraves traitées aux NNI... Et c'est là que les choses se compliquent. Car pour élaborer son projet d'arrêté et notamment son annexe 2 qui fixe les rotations possibles, le gouvernement a repris intégralement les recommandations de l'Anses basées sur le principe de précaution. Pour Reynald Fréger, « ces recommandations sont désastreuses et vont contraindre les planteurs à faire des choix cornéliens en matière de traitement des enrobages (NNI ou non ?), pour la diversité des assolements (concentration des surfaces en céréales), pour l'équilibre des filières (menacé par des baisses temporaires de surfaces au sein de chacune), et pour la contribution à l'alimentation des pollinisateurs (forte diminution des cultures mellifères en 2023, avec un impact sur leur bol alimentaire). A cela s'ajoute que le choix de ne pas utiliser de semence traitée pour ne pas bouleverser sa rotation se traduirait par l'utilisation d'insecticides foliaires avec les résultats que l'on connaît ».

Si la profession conteste les termes de l'arrêté, et l'a déjà fait auprès du ministre de l'Agriculture, elle est aussi confrontée à un dilemme : remettre en cause aujourd'hui le texte actuel de l'arrêté et risquer de ne pas avoir les semences pour ce printemps voire de tout perdre, ou obtenir demain du gouvernement des modifications rétroactives au vu de l'évolution des connaissances techniques et scientifiques, comme le permet le projet d'arrêté ?

C'est clairement cette deuxième option qui a été choisie, tant le retour de NNI est nécessaire et attendu pour assurer les rendements futurs et la pérennité de la filière. « Si l'opposition immédiate au projet semble une solution contreproductive, compte-tenu du timing déjà très serré pour enrober et traiter les semences avant les semis 2021, la CGB fera tout pour mettre en évidence que l'absence de cultures mellifères en N+2 est plus catastrophique pour les pollinisateurs que le risque potentiel de suivre une betterave traitée NNI. »

Pour favoriser cette modification de l'arrêté, la CGB appelle les planteurs et l'ensemble des filières végétales à participer massivement à la consultation publique avant le 25 janvier 2021 (minuit) pour dénoncer les contraintes imposées par l'annexe 2 sur leur exploitation et les effets pervers de ces mesures, y compris pour les pollinisateurs. Pour conclure, Reynald Fréger rappelle que « aujourd'hui, au vu des résultats de l'année 2020 et de l'évaluation du risque pour 2021, nous nous devons de conseiller aux planteurs de semer des betteraves protégées. »

Retour des NNI

L'arrêté autorisant le retour des NNI sur betteraves est à la consultation du public. Lien vers la consultation et les documents Anses et projet d'arrêté : https://agriculture.gouv.fr/consultation-publique-projet-darrete-autorisant-provisoirement-lemploi-de-semences-de-betteraves

Lien direct vers le formulaire pour répondre à la consultation : https://formulaires.agriculture.gouv.fr/index.php/158424?lang=fr

 

Annexe 2 du projet d'arrêté

Après une culture en 2021 de betteraves sucrières dont les semences ont été traitées avec de l'imidaclopride ou du thiamethoxam, seules les cultures suivantes (incluant les cultures intermédiaires) peuvent être semées, plantées ou replantées :

- à partir de l'année 2022 : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque (semences), moha, oignon, orge, ray-grass, seigle ;

- à partir de l'année 2023 : chanvre, maïs, pavot / oeillette, pomme de terre ;

- à partir de l'année 2024 : colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mellifères, féverole, lin fibre, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Union agricole

Les plus lus

Jean Puech d'Alissac.
"JA 76 aura le plaisir d'accueillir les Terres de Jim en 2025"

JA 76 a remporté il y a quelques semaines l'organisation des Terres de Jim 2025. Jean Puech revient sur la candidature du…

Une chasse aux œufs à la ferme du Chêne

Samedi 30 mars aura lieu une chasse aux œufs organisée par JA 76 à la ferme du Chêne à Allouville-Bellefosse.

Les opérations de communication sont lancées.
Rendez-vous les 1er et 2 juin au Comice de Forges-les-Eaux

Le Comice agricole a choisi le thème de la pollinisation pour sa 150e édition.

De g. à d. : Céline Collet, Gaëlle Guyomard, Jean-François Chauveau, Gilles Picard, Guillaume Burel, Denis Letellier, Vincent Leborgne sont prêts à accueillir tout le monde le 16 mai à Beuzevillette.
L'édition MécaLive Ouest 2024 le 16 mai à Beuzevillette

Un programme riche et varié d'ateliers attend les visiteurs tandis que plus de 80 exposants, 70 marques de matériels et des…

Jocelyn Pesqueux, interpelle la ministre avec Jérôme Malandain (président JA 76), Bruno Ledru (président FNSEA 76) et Laurence Sellos (présidente Chambre d'agriculture 76)
Loi Egalim : Agnès Pannier-Runacher à l'écoute

La ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture était en Seine-Maritime, le lundi 25 mars pour évoquer la loi…

Un atelier de sophrologie animé par Myriam Seck a permis aux jeunes d’être sensibilisés aux techniques de relaxation dynamiques.
Prendre soin de son mental

Journée de sensibilisation MSA Haute-Normandie à la santé mentale auprès des jeunes du lycée agricole d'Yvetot.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 300 €/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site L'Union agricole
Consultez le journal L'Union agricole au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal L'Union agricole